28/01/2007
Tous dans les îles ou : quand le Réveillon nourrit les poissons
Depuis quelques années la mode est au réveillon dans les îles. Sans doute pour être un peu à l’écart du monde, dans un lieu un peu exotique, mais tranquille quand même. Il y a avait donc du monde à Belle-Ile et à Groix pour le réveillon, et parmi eux, votre serviteur, car j’avais décidé d’aller fêter la nouvelle année à Belle-Ile avec des amis. Mais le problème, pour aller dans une île, c’est qu’il faut traverser la mer, ce que l’on fait, en général, en bateau.
Le jour de notre passage, justement, le temps était plutôt mauvais. Nous voilà donc à neuf, dont quatre enfants, le plus jeune ayant six mois, à embarquer sur le Vindilis le vendredi 29 janvier au soir. Heureusement, il faisait nuit, et nous n’avons pu voir l’état de la mer mais, en embarquant, un coup de vent a scotché certains d’entre nous sur le quai. Le Vindilis, du nom latin de Belle-Ile, était plein ce soir-là de gens qui, comme nous, profitaient du long week-end pour aller prendre un grand bol d’air marin. Et en guise de bol d’air, nous avons été servis... Des sacs en papier sont prévus pour les personnes malades lors de la traversée et ils ont servi ce soir-là.
Traverser la nuit donne une impression assez étrange; d’autant que ce soir-là, le noir était profond. Au milieu du voyage on ne voyait plus les lumières de Quiberon, ni celles de Belle-Ile, comme si nous étions seuls au monde sur une mer forte... Mais le Vindilis est stable et, plus nous approchions de Belle-Ile, plus celle-ci nous protégeait des vents du sud et plus les vagues se calmaient...Le Vindilis est un bateau agréable. Il comporte une grand salle pour les passagers et, au même niveau, un grand pont couvert pour les personnes qui veulent voyager à l’air sans être mouillées par la pluie, et enfin un pont supérieur découvert.
Un panorama superbe... de jour
Personnellement, je ne peux rester enfermé dans la salle au risque de tomber malade rapidement. Je voyage donc entre le pont avant et les deux ponts arrières, profitant du paysage, quand il y en a un. De jour, et par beau temps, on peut voir à l’Est, les îles d’Houat et Hoedic, toutes proches, mais aussi, à l’Ouest et au nord, Groix, la côte lorientaise et la baie de Quiberon jusqu’à la presqu’île de Rhuys. Petit à petit, le voyageur distingue de mieux en mieux Belle-Ile et ses dix huit kilomètres de côtes, de Locmaria à Sauzon... Une traversée splendide.
A Belle-Ile, nous sommes restés trois jours, slalomant entre les rafales de vents, de pluie, de grêles même, et les quelques incursions du soleil. Nous avons tenté d’aller voir la célèbre Pointe des Poulains mais, trempés, nous avons dû rebrousser chemin... L’ambiance, cependant, était au beau fixe et, le dimanche soir 31 décembre, nous sommes allés à Palais boire un vin chaud et écouter un chanteur qui s’accompagnait de son orgue de barbarie.
De l'humour...
Comme certains d’entre nous avaient été malades à l’aller, la conversation revenait souvent sur ce thème, notamment de la part des enfants. “Ah ben, demain je ne mangerai rien pour ne pas être malade dans le bateau” (lourde erreur soit dit en passant); ou encore “C’est dommage de manger des spaghettis bolognaise si c’est pour les vomir”... C’était de l’humour, avec un peu d’appréhension. Et le jour du départ arriva. Le soleil pointant son nez, nous pûmes mêmes nous promener à pied le matin, vers la pointe de Taillefer et la plage de Port Fouquet; que du bonheur. Mais la météo était variable et nous annonçait une dégradation en fin de soirée. Et cela se dégrada effectivement : vent, pluie, grêle, et même quelques coups de tonnerre pour rajouter à l’ambiance...
A 17h nous embarquions sur le Bangor. Ce nouveau bateau est en service depuis début 2006. Je le trouve moins beau que le Vindilis mais il a un avantage : une grande salle, dans les soutes, pour mettre les bagages. Au premier niveau la salle pour les passagers est très agréable et très grande, au détriment du pont couvert qui est ridiculement petit. Deux rangées de places assises protégées de la pluie, deux autre à l’air. Pourtant, beaucoup de gens préfèrent voyager dans le pont couvert plutôt que d’être malades dans la salle...
Mer forte...
Au-dessus de la salle et du pont couvert, le pont supérieur est superbe. Il domine la cabine de pilotage et l’on peut donc voir la mer tout autour du bateau, au nord, au sud, à l’est et à l’ouest. C’est très agréable par beau temps mais, par gros temps, personne n’y reste. La mer était forte (7 à 8) mais le départ du port de Palais fut tranquille. Nous étions protégés des vents de sud par l’île. Rapidement, les vagues secouèrent le navire et certains passagers commencèrent à pâlir, et à se munir de sacs. D’autres se dirigeaient vers les toilettes. Des enfants commencèrent à pleurer. Un monsieur près de nous devint vert, mais vert, cadavérique...
Moi, je n’étais pas malade, juste un peu inquiet : je n’avais jamais vu un bateau secoué comme ça lors de mes traversées entre le continent et Belle-Ile. Et je savais que les dix dernières minutes seraient les pires... Mais chut...Justement, un quart d’heure environ avant l’arrivée à Quiberon, un membre de l’équipage s’adressa à nous, passagers présents sur le pont couvert, assis ou debout. Il nous demanda, très poliment, de ne plus bouger, de rester à nos places car la mer était forte. De quoi rassurer... J’étais assis face à la mer et voyais le creux des vagues, assez impressionnant.
Le dernier quart d'heure
Le voyage de Belle-Ile à Quiberon dure trois quart d’heure, mais, cette fois, les dix dernières minutes furent assez longues. Quand la sirène du bateau retentit annonçant l’arrivée à port Maria, beaucoup de gens crièrent leur joie. Je me suis demandé cependant si un tel tangage, une telle gîte, était bien normale... Le Bangor est haut sur l’eau. Cela a déjà posé des problèmes pratiques car, par grande marée, il a du mal à débarquer les voitures. Mais est-il bien adapté pour la mer forte que l’on rencontre souvent entre Quiberon et Belle-Ile, d’autant qu’il s’expose particulièrement lors de l’arrivée à Port Maria ?
Le Bangor doit servir de modèle pour le futur navire qui desservira Groix et qui devrait être mis en service en 2008. Soit, mais le département du Morbihan, propriétaire de ces équipements, ne devrait-il pas y regarder de plus près ? Tenir compte des défauts du Bangor 1 pour améliorer le suivant ? En prévoyant un pont couvert bien plus grand, d’une part, et surtout en concevant un navire un peu moins haut sur l’eau et qui tanguerait moins... Car quel est le but de ces navires ? Assurer la continuité territoriale entre le continent et les îles, pouvoir passer le plus souvent possible dans les conditions de sécurité et de confort maximales, par tous temps ? Ou sont-ils des navires de croisière destinés à transporter le plus de monde et de véhicules possibles pendant la saison d’été au risque de ne pouvoir passer par gros temps ? Après ma traversée du premier janvier 2007 sur le Bangor, je me demande si ce bateau est bien adapté à la mer qu’il doit affronter.
Christian Le Meut
Photo (archives) : Port Maria à Quiberon...
10:45 Publié dans Breizh/Bretagne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Belle-Ile, bateaux
Mont d'ar Gerveur : pa 'vez maget ar pesked get spagetti...
Ur giz nevez a vez abaoe un nebeut bleadeù : mont da lidañ Kalanna, ar bloaz nevez, barzh un enezenn. Perak ? Evit bout pell ag ar bed, barzh ur lec’h dishenvel, exotik met trankil ivez ?... Ur bochad tud oa c’hoazh ar bloaz mañ barzh enez Groe hag enez Gerveur, da skouer. Ha me en o mesk rak m’boa lakaet barzh ma sonj mont d’ar Gerveur evit lidañ Kalanna get mignonned din.
Ya, met evit mont d’un enezenn e vez ret treuziñ ar mor. Hag ar mor oa rust, kreñv, dirollet, e vonet hag e tonet... Ni oa nav, get pevar krouadur, unan a c’hwec’h miz en o zouez. D’ar gwener nav arnugent hor boa treuzet ar mor da eizh eur da nozh ha, justawalc’h, ne oa ket bet gwelet geneomp araok pegen rust oa ar gwagennoù... Met ur barrad avel oa bet pa oamp war ar c’hae e vont barzh ar vag ha tud oa chomet staget hep gallout mont araok...
Betek Vindilis dre ar Vindilis
Ar vag anvet ar Vindilis, anv latin enez Gerveur, oa leun. Sec’hier paper oa evit reboursiñ, ar pezh a oa bet graet get kalz tud. Tenval oa an nozh. E kreiz ar veaj ne wellemp ket mui na Giberen, nag ar Gerveur. Souezhus oa, hag un tammig nec’hus ivez evel ma vehemp bet hon unan er bed, ar ur mor rust ha droug. Kavout a ran bourrapl beajiñ war ar Vindilis. Stabil eo. Ur pont a zo e penn araok ar vag e lerc’h ma z’eus droad da vont, hag unan all e penn ar-dreñv; ur sal bras ha serret a zo ivez, evel rezon, hag ur pont goloet bras awalc’h. Ur pont digoret a zo ivez el lein, met re fall oa an amzer evit chom warnan.
War ar mor e veajan ar pont da gustum; barzh ar sal serret e vehen klañv buan tre. Mont a ran da vale etre penn ar-dreñv ha penn araok ar vag, da sellet doc’h ar mor, doc’h an aod ha doc’h an inizi. Pa vez brav an amzer, ar veajourion a wel Houat hag Edig, a zo tost, met ivez a wezhoù enez Groe, aodoù An Oriant, d’an tu kornog; d’an tu hanternoz e vez gwelet aodoù Kiberen, Karnag, An Drinded, Lokmariaker ha Rhuys ivez; ha d’an tu kreisteiz e weler ar Gerveur. Met e fin miz An Avent, da noz, ne welemp nemet... an noz.
Glav, avel, grizilh, kurun...
Ni oa chomet tri devezh barzh enez Gerveur, etre barradoù avel, glav, grizilh, taolioù kurun hag, a wezhioù, barradoù heol memestra, met pas kalz. Baleet hor boa memestra betek Saozon ha Beg ar Poullen met gleb teil e oamp e tonet en dro... Plijus oa bet ar prantad amzer-se hag an ambians er Palezh oa bourrapl ivez. D’an unan ha tregont da nozh un gwin tomm a vez profet d’an dud, e kreiz ar vourc’h, get un den a sonne orglez dorn e kanal sonnenoù e galleg.
Tud oa bet klañv en hor mesk, e tonet, hag o doa rebourset. Hag an tem se a oa daet en dro meur a wezh get ar vugale e pad an dibenn sizhun : “A benn warc’hoazh ne zebriñ ket evit nompass reboursiñ barzh ar vag”; pe “Domaj eo spagetti mod bolognaise evit o reboursiñ ar lerc’h”. Un digarez da c’hoarziñ oa met get un tammig aon memestra.Hag an deiz da vont kuit oa erru, al lun gentañ a viz Genver...
Da Giberen war bord ar Bangor
Da vintiñ an amzer oa brav awalc’h, ha ni oa aet da vale war droad betek traezh Port Fouquet, mont ha dont. Met, da greizteiz, setu en dro barradoù glav, avel, grezilh ha taolioù kurun ivez... Da bemp eur d’enderv hor boa kuitaet ar Gerveur barzh ur vag nevez, ar Bangor, badezhet e miz C’Hwevrer 2006. Leun oa ar vag, get tud eveldomp-ni, deuet da bas Kalanna barzh un enezenn. Keuz gete?
Kavout a ran kaeroc’h ar Vindilis evit ar Bangor met, barzh ar vag se, ur sal vras a zo en traon da lakaat ar sec’hier, ar pezh n’eus ket barzh ar Vindilis. E live kentañ ur sal vras serret a zo evit ar veajourion a faota dezhe chom e barzh, met kalz re vihan eo ar pont goloet evit ar re a faota dezhe beajiñ er maez heb bout dindan ar glav hag hep bout klañv barzh ar sal... Stanket oamp neuze barzh al lerc’h-se. A dreist d’ar sal ha d’ar pont goloet, ur pont all a zo, digoret penn da benn, d’ar seizh avel, e lerc’h ma z’eus tu da welet ar mor hag an aod tro dro ar vag, da reter, da gornog, d’hanternozh ha da greisteiz. Brav eo, met n’eus ket moiaen da chom war ar pont-se pa vez fall an amzer...
Ar c'hard eur diwezhañ...
Penn kentañ ar veaj oa sioul e kuitaat porzh Palezh. An enezenn a bare doc’h gwagennoù mervent a baseiñ met, tamm ha tamm oa aet ar subenn da drenkiñ. Get an avel kreñv, seizh pe eizh war skeul Beaufort, ar Bangor doa kroget da hejiñ, da wintañ-diwintañ, da fichal. Barzh ar sal hag ar pont, tud oa kouezhet klañv, ha mignonned din ivez... Ur gwaz oa deuet da vout glas e benn, met glas, met glas, evel un den marv. Bugale vihan a huche. Tud a yae betek ar privezioù, ar c’horn bihan, da reboursiñ... Hag ar gwagennoù oa kreñvoc’h kreñv...
Me, ne oan ket klañv met nec’het un tammig e wellet ar Bangor e hejiñ. Meur a wezh m’eus treuzet ar mor evit mont d’ar Gerveur, met bizkoazh m’boa gwellet ur vag fichal kement-se... Ar veaj a bad tri c’hard eur evit mont ag ar Gerveur betek Kiberen. Met an dek vunutenn diwezhañ a zo ar re fallan, just araok douariñ e porzh Maria, e Kiberen. Justawalc’h, ur c’hard eur araok fin ar veaj, ur martelod oa paseet er pont goloet da c’houlenn genomp nompass finchal, chom e lerc’h ma oamp. Kerzhet war ar pont goloet oa deuet da vout danjerus. Anat oa : ma vehe kouezhet un den barzh ar mor, e vehe bet kollet da vat get ar mor kreñv hag get an nozh a oa e kouezhet...
Hej-dihej... betek re ?
Ha setu ni, hej-dihej get ar mor dirollet, stanket war ar pont evel sardined spontet. Press oa warnomp bout erruet e Kiberen. Hir eo, prantadoù evel-se. Erruet oamp, a-benn ar fin, ha get ur bochad plijadur hor boa adkavet an douar. Mechal ma oa normal, memestra. Re uhel eo ar Bangor war ar mor. Diaesamentoù zo bet dija get ar vag-se, evit kargeiñ otoioù da vare al lañv bras, da skouer.
Hervez ar pezh m’eus lennet, ur vag nevez, “breur” d’ar Bangor, a vo graet get departamant ar Morbihan evit enez Groe. Lakaet vo war ar mor e 2008. D’am sonj-me, ret e vehe da bennoù bras an departamant chanch traoù zo memestra. Lakaat ur pont goloet brasoc’h barzh ar vag nevez, da skouer; ha sevel ur vag un tammig iseloc’h war ar mor hag a hejehe nebeutoc’h.
Ha petra eo ar pal ? Kas ar muioc’h muiañ a dud e pad an hañv, ar muioc’h muiañ a douristed hag a otoioù ivez ? Pe sevel bagoù a c’hel treuziñ ar mor kreñv tro ar bloaz ? Goude bout beajet d’al lun kentañ a viz Genver, da bemp eur, war ar Bangor, mechal memestra ma ne hejehe ar vag-nevez-se un tammig re.
Christian Le Meut
Skeudenn : Porzh Maria e Kiberon (foto kozh).
Ur geriadur war "brezhoneg ar mor" a oa bet embannet get Mouladurioù hor yezh e 1983.
09:45 Publié dans Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Belle-Ile, Brezhoneg, Breizh, Bretagne