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01/11/2010

Langues régionales/Yezhoù rannvroel : une proposition de loi déposée

Kinniget e vo un destenn-raktres-lezenn get kannaded ar strollad studiañ ar yezhoù rannvroel er vodadeg veur, a-benn nebeut, eme Jean-Jacques Urvoas, kannad Penn Ar Bed (PS)./Un texte de proposition de proposition de loi va être déposé "dans les jours qui viennent", par les députés du groupe d'études des langues régionales à l'assemblée nationale annonce le député Jean-Jacques Urvoas (PS 29), qui ajoute : "Le temps de la mobilisation est venu".

http://www.letelegramme.com/fil_region/fil_bretagne/langu...

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La Bretagne est une région française dont l’histoire peut se réduire à son intégration dans l’ensemble français, intégration entamée au haut moyen-âge et parachevée au XXème siècle seulement. En cela, elle ne diffère guère d’autres régions de France. Une particularité cependant, et de taille, c’est que la partie occidentale de son territoire est demeurrée relativement isolée, comme en marge de cette intégration, dès l’époque romaine, et à travers les différents épisodes, gallo-romains, francs, royaume unifié, duché... Le fruit de cet isolement est la survivance de la langue troyenne (par apposition à la langue romane, qu’est le français/gallo) , appelée par la suite bas breton, celte armoricain, puis langue bretonne. Il va de soi que sans la langue bretonne, la Bretagne n’aurait pas le relief qu’elle a aujourd’hui, tant pour l’ensemble des Français (souvent de façon négative) que chez les bretons eux-même (valorisant ou dévalorisant).

La Bretagne, au même titre que les autres régions de France, a été la victime, depuis le Révolution française, du jacobinisme, version hexagonale du totalitarisme, visant l’uniformisation des citoyens par l’élimination de leur culture d’origine, au nom de l’unité nationale (factice) et de l’impérialisme qui en découle (supériorité, domination, mission civilisatrice, colonisation, oppression/répression etc.) et résultant dans la primauté de l’État sur les citoyens, surpassant en cela la monarchie absolue et l’empire...

C’est sous le premier empire que fut créée par Napoléon lui-même (né non pas en Corse, à Ajaccio, mais à Sainte-Sève, près de Morlaix, et donc breton lui aussi) l’accadémie celtique, motivée par un intérêt nouveau, depuis les romantiques et la Révolution pour les origines celtes de la France, et donc pour la langue armoricaine, dans laquelle on voyait (à tort ou à raison) une survivance de la langue gauloise. De cette époque également date les prémices de ce qu’on appel le mouvement breton, dont je ne vais pas ici retracer l’histoire, mais que le public breton assimile volontiers à l’épisode des ‘breiz atao’ et de la collaboration, oubliant du coup que nombre d’entre-eux furent de gauche et résistants, mais surtout qu’à la même époque c’est toute la France qui offficiellement plongeaient dans la collaboration et qu’avant l’entrée en guerre de l’URSS et la rupture du pacte germano-soviétique, c’est tout le Parti communiste, aux ordres du Komintern qui sabotèrent la défense contre l’Allemagne nazie, vers laquelle allaient leur sympathie (PFF de Doriot, maire communiste de St Denis) ainsi que nombre de socialistes, sans oublier bien évidemment la droite et l’extrème droite française, les monarchistes, amis d’un certain François Miterrand.... Finalement, ce sont bien les députés qui ont majoritairement voté les pleins pouvoirs à Pétain, tout en connaissant ses sympathies pour l’Allemagne nazie... Les Jean Moulin et les Charles de Gaulle étant alors des térroristes dont la tête était mise à prix...

Aujourd’hui la langue bretonne est parlée, selon les dernières études publiées, par quelques 170 000 personnes. Il va de soi que ces locuteurs ne sont que des locuteurs partiels et occasionnels, puisque le breton n’est plus la langue vernaculaire en Bretagne... Ces bretonnant / brittophones peuvent être partagés en trois groupes :
- les anciens (90%), pour lesquels le français est la langue principale, mais qui ont encore la faculté de converser en breton dialectal de leur enfance, malgré d’importante lacunes et l’absence des références et conditions nécessaires à cette communication (environnement francophone) ;
- les néobretonnants, francophones eux-aussi, et souvent non originaires de la Bretagne, et qui dans le cadre du mouvement breton (emzao) ont reconstruit un néobreton, se voulant une langue moderne, unifiée et complète (épurée), mais dont les performances sont parfois douteuses, et qui ressemble parfois à la langue d’une secte (syndrome espérantiste) plus qu’à la langue d’un peuple...
- Enfin, les élèves (apprenants, comme ont dit aujourd’hui) en langue bretonne de l’enseignement bilingue (enfants) et cours pour adultes, pour qui le breton est et restera probablement une langue étrangère, que l’on étudie pour des motifs divers mais qu’on ne pratiquera pas, ou occasionnellemnt, faute de vivre dans une société où le breton serait la langue dominnante. Il faut ajouter à ce facteur, la pratique constante du français (non renoncement) ainsi qu’une orthographe absurde du néobreton unifié ne permettent pas aux apprenants de parler breton de façon satisfaisante...


Quant au mouvement politique breton, il peut se réduire à deux blocs :

- Les régionalistes/autonomistes/fédéralistes pour lesquels la Bretagne est une chance pour la France, et l’Europe une chance pour la Bretagne, et qui ne remettent en aucun cas en cause leur appartemance à la nation française, ni à leur usage de la langue française...
- Les nationalistes, d’extrème gauche, jusqu’aux années 80 et depuis plutôt d’extrème droite, pour lesquels la thématique bretonne (l’État national breton BREIZH, en opposition à la Bretagne réelle, historique, française...) est du pain béni pour la divulgation de leur idéologie européiste, identitaire et raciste...

Contre eux se dresse un bloc jacobin toute tendances confondues. Il faut cependant préciser que du côté bretonniste, on reproduit souvent le jaconbinisme hexagonal, adapté à la cause indépendantiste : Bretagne une et indivisible, rattachement de la Loire Atlantique, voire d’autres départements... Et on oublie de rappeler le caractère non breton des élements de la Bretagne historique (duché, capitales, drapeau, hymne, langue...)

Face à ce constat, j’ai cherché à travers mes interventions répétées sur différents forums, y compris le mien ‘brovreiz / paysbreton’, à souligner l’impératif de l’identification du territoire historique de la langue bretonne : le Pays Breton / Basse-Bretagne / Goueled-Breiz / Breiz-Izel, par opposition au Pays gallo (pays français, en breton) et à l’ouest de ce dernier, afin de donner à la langue bretonne une légitimité et un passeport pour le futur, à travers l’autonomisation de son territoire et l’officialiation de la langue, sans qu’il soit nécessaire de passer par une nationalisme factice, des panneaux bilingues en terre gallaise, et une capitale politique et un pôle économique 100 % français, ni par l’apprentissage forcené d’une néolangue, tournant le dos au breton authentique...

Le problème principal et qui semble être un obstacle insurmontable, c’est que les Bretons ne sont pas prêts à renoncer à quoi que ce soit, ou n’ont pas la capacité de la faire, notamment à leur dépendance économique, politique et culturelle de l’Hexagone, et en cela, ils se révèlent aussi français que les autres français, sinon plus... Cette incapacité à se penser breton en dehors de l’allégence à la nation française et de ses intérêts que l’on fait volontiers siens, invalide toute velléité d’autonomisation, d’autant plus qu’à cette appartenance s’en superpose une autre, celle de l’Union europénne...

Ce phénomène s’illustre par la pratique unamime de la langue française, le vote en faveur des partis politiques hexagonaux, l’engouement pour les élections présidentielles françaises, l’intérêt pour le dépassement national au profit de l’Europe et la maîtrise de l’anglais, comme une répétition, après l’épisode breton-français, du passage à une langue plus utile et plus prestigieuse...

En ce sens, les Bretons constituent un non-peuple et leur avenir, au lieu de leur appartenir, appartient à ceux auquels ils auront décidé de s’identifier et de se soumettre... Rappelons que cette attitude remonte à l’époque de la colonisation romaine de la Grande-Bretagne et de ses légions bretonnes, ce qui agrave encore davantage le diagnostique...

Écrit par : Froud | 29/12/2010

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