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29/11/2008

Langues régionales : courriel à Mme Carrère d'Encausse

Chaque année le secrétaire perpétuel de l'Académie française fait un discours sur l'état de la langue française. Mme Carrère d'Encausse a prononcé ce discours le 27 novembre et elle y évoque notamment la place des langues régionales en France et le débat sur leur  introduction dans la Constitution, lors duquel la vénérable institution crût opportun d'intervenir. Le discours est assez long mais vous pouvez aller le lire sur le site de l'Académie (lien en fin de note); en voici un extrait ainsi que le texte d'un courriel que j'ai envoyé au secrétaire de la Secrétaire perpétuel. Je publierai une réponse éventuelle, evel rezon !

Extrait du discours de Mme Carrère d'Encausse :
"Les dialectes et patois que le progrès technique et celui des institutions ont progressivement écartés de la vie sociale appartiennent sans aucun doute à notre patrimoine national. Et aucune institution ne le pense plus que l’Académie française, attachée à toutes les formes d’expression, et qui souhaite ardemment la préservation de ces parlers, part infiniment précieuse de notre vie commune. L’identité française peut se penser et se dire en plusieurs langues, cela est incontestable, car la France est le pays de la diversité des hommes et de la culture. Mais cette diversité reconnue n’implique pas de juger ou d’administrer en plusieurs langues, car cela relève d’une autre logique, celle de l’État, celle de la sphère publique qui est celle de l’unité. Défense de la diversité des cultures, garantie de l’unité de l’État et de ses institutions, ces deux exigences qui ont jalonné l’histoire de France suggèrent la voie à suivre aujourd’hui dans une paix des esprits retrouvée. Ratifier la Charte européenne ouvrirait la voie à d’innombrables conflits et serait vain. Mais il est bon de consolider par la loi les acquis récents – la place faite aux langues régionales dans le système éducatif ; la garantie de multiples usages qui relèvent du respect de traditions bien ancrées dans les régions. La toponymie en offre un bel exemple ; dans la plupart des régions de France, les noms des lieux sont indiqués en français et en basque, en breton, en corse…
Les querelles de langues sont en réalité dépassées. Car le problème auquel nous sommes confrontés désormais n’est plus de savoir ce qui l’emportera en France, du français ou des langues régionales, mais comment le français, enrichi dans la profondeur des consciences du patrimoine des langues régionales, va pouvoir se frayer un chemin dans un monde totalement ouvert et multilingue."

Ha setu ma lizher din-me, kaset dre mail/Et voici mon courriel :

"Bonjour
Je viens de lire le discours de Mme Carrère d'Encausse sur l'état de la langue française. A lire ce qu'elle écrit, je suis un peu surpris. Est-elle bien informée sur la charte européenne des langues minoritaires et les articles que le gouvernement Jospin a signé à l'époque ? Aucun ne prévoit que les langues régionales servent à la justice ou à l'administration ! Il y est question de soutien aux médias, à l'enseignement, en langues régionales.
Sur les 80 (environ) articles proposés par la charte certains prévoient que des langues régionales peuvent servir à l'administration, à la justice notamment pour les populations qui parlent uniquement leur propre langue, et pas celle de l'Etat qui les administre, quoi de plus normal? Mais le gouvernement de la République française n'a pas signé ces articles là.
La ratification de la charte européenne des langues minoritaires et un faux épouvantail que les vrais opposants au maintien d'un plurilinguisme en France agitent, avec un certain succès d'ailleurs puisque même l'Académie s'y laisse prendre.
Je ne suis pas en désaccord avec tout ce que dit Mme Carrère d'Encausse mais présenter le recul des langues régionales comme le seul fruit d'évolutions techniques et institutionnelles me parait largement inexact. Il y a eu une véritable répression linguistique sur des générations de Bretons (par exemple), qui n'ont pas abandonné leur langue maternelle par simple "évolution" mais sous la contrainte. Aujourd'hui, la convention internationale des droits de l'enfant reconnaît à chaque enfant le droit d'être éduqué dans sa langue maternelle. La France, elle, a refusé cela  à des générations de Français pour leur imposer une seule langue. La langue française aurait pu être introduite sans que l'on élimine les autres. Le choix aurait pu être fait d'une éducation bilingue (dont on loue aujourd'hui les bénéfices). Au lieu de cela, on a coupé des générations de leurs langues maternelles, de leurs langues régionales, on a gommé la richesse de ces langues, leur histoire, leur littérature. On les appelle "patois", "dialectes" "idiomes"... Heureusement, en 2008, le Parlement les rétablit dans leur véritable statut : des langues. Mais que de traumatismes, que d'erreurs, que de gâchis. Que de mépris !
Et que dirait l'Académie française si un Etat agissait ainsi à l'égard de populations francophones ?
J'espère de Mme le secrétaire perpétuel, une réponse à ce courriel.

Get ma gwellan sonjoù
Avec mes respecteuses salutations"

Christian Le Meut

http://www.academie-francaise.fr/immortels/discours_SPA/c...

Commentaires

Bonjour Christian

L'historien britannique francophile Théodore Zeldin fait remarquer que le recul du Français devant la langue anglaise, commencé selon lui dès le milieu du XVIIIeme siècle avec l'inversion de la migration des mots, est la cause d'une profonde souffrance pour de nombreux français. Certaines déclarations passées de Mme D'Encausse, plus spontanées que le discours que vous mentionnez, laissent penser que c'est son cas. Dans l'une d'elle, que je n'ai pu retrouver, elle refusait l'idée que la langue française subisse en plus l'humiliation de voir les langues régionales, auxquelles elle ne veut d'ailleurs pas accorder le qualificatif de langues, mises sur le même pied qu'elle. Cela fait penser au racisme du "petit blanc". C'est émotionnel et ce genre de problème ne peut guère se traiter par des arguments rationnels.

Écrit par : Yann | 03/12/2008

Avec ses 64 000 frontaliers obligatoirement bilingues, l'Alsace enregistre le taux de chômage le plus faible des Régions Françaises. Des Français de "l'intérieur" effectuant leurs études de chimie, à Mulhouse, ont trouvé des emplois de Cadres en Suisse, à condition d'acquérir la langue du Pays, l'allemand bâlois, alors qu'en France l'embauche était nul. Comme la majorité des Français, Mme D'encausse trouve, qu'il a déjà été fait suffisamment, non Mme, il n'y a pratiquement rien été fait en faveur de la pérennisation de ces emplois qui sont déjà en train de se perdre pour la nouvelle génération non bilingue. Cette académicienne ignore que la langue française est tout artificielle et étymologique d'inspiration gréco-latine, instauré à la place du Gaulois et du Romain après l'effondrement de l'Empire, qu'elle est seule au monde à se reposer sur une Académie, seule aussi à être truffé de difficultés inutiles d'origine mercantile.
Avant Jules Ferry rares étaient les citoyens en mesure de se passer de scribes lors de démarches administratives. Les moines lettrés qui faisaient office de scribes, pour des raisons de productivité, comptaient, l'usage des lettres m et w pour deux et pratiquaient les accords de pluriels non phonétiques aux adjectifs, aux verbes et aux noms communs, ceux-ci, inutiles à la compréhension du document établit. Rien de pareil n'existe, ni en ; Anglais, Allemand, Breton, - la langue des ancêtres des Français monolingues, de non cultures minoritaires -,ni Alsacien ni en Japonais. Ces langues qui toutes sont agglutinantes et phonétiques se contentent à exprimer phonétiquement une fois le pluriel par phrase. Ces difficultés sont trouvées aberrantes par les locuteurs étrangers qui s'initient au Français alors que nos instances y trouvent du génie... Pourtant aucune réforme n'est envisagée par notre république laïque, ni par nos Académiciens acharnés à vouloir nous faire tourner en "mulets" pour des raisons contraires aux droits de l'homme et des enfants. Pôvre République que nous mettons encore en danger au 21ème siècle par le fait que nous tenons à garder nos racines et de défendre le Français par notre bilinguisme en dehors de la francophonie, qui au regard des autres est singulière, onéreuse et inutile. C'est cela, l'exception Française !
Il existe d'autres moyens pour rendre une langue attractive. Avec 6 langues et quelques patois, je sais de quoi je parle. Je suis un Français favorable au bilinguisme, hostile aux croisements des espèces qui n'engendrent que des hybrides impossibles d'assurer leurs pérennités. Nous sommes les réels défenseurs de notre indispensable Français, alors que les Canadiens se plaignent d'être reçu au téléphone en Anglais à Paris. Les monolingues de Paris ainsi que nos édiles de vieille France, orphelins du gaulois jadis abandonné, ne sont pas comme alors, à un abandon près du Français, au bénéfice de la langue des nouveaux maîtres du Monde. Sondez les provinces, en dehors de l'Ile de France, personne ne se sert de l'Albion tout en ne l'ignorant pas. Le British est ma première langue étrangère. En 80 ans, elle m'a servi pour recevoir en cadeau pour le premier cyber-atelier rural de France que j'ai ouvert en 1999, 1 colonne de PC en panne et abandonnée à cause de la non compréhension en anglais par la propriétaire, de l'affichage sur l'écran d'un message concernant, un "file" resté dans le lecteur.
Vous les gardiens de l'intégralité de la République, vous devriez pour prendre des décisions de cette importance vous souvenir du : Seul les imbéciles ne changent pas d'opinions — slogan lancé par le plus grand des Français. Je me souviens de la raison avancée par Jacques Chirac, en justification de sa non-signature de la charte que nous savons. Il a annoncé à la télévision à ce propos : Nous ne pouvons pas nous exprimer en faveur de quelque chose que nous combattons depuis des siècles. Il a oublié d'ajouter ; en vain. Cette excuse lamentable n'a choqué personne, alors que les Français se montrent tellement sensibles et proches des opprimés dans le reste du monde.
Réfractaire de la Wehrmacht, FFI à 17 ans, j'ai honte pour la République que je mets en danger en parlant ma langue maternelle et d'être obligé de me mettre au diapason de la Turquie pour cette raison. Nous les gens de cultures minoritaires, nous ne sommes pas des sauvages pour mériter le mépris de nos origines par une entende jacobine désuète, alors que nous avons sacrifié des centaines de milliers de nos frères pour défendre une république qui nous trouve juste bon pour le sacrifice ou a être abandonné en catimini, en signe de bonne collaboration.
Gilbert Bitsch

Écrit par : Gilbert Bitsch | 11/12/2008

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