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22/12/2006

Chine : un pied de Disney au droit du travail

Le Réseau Solidarité, association française de solidarité internationale, se mobilise depuis plusieurs décennies pour défendre le respect des droits sociaux dans le monde entier. En cette période de fêtes, il rappelle les conditions dans lesquelles les travailleurs chinois fabriquent les jouets que nous allons offrir à nos enfants, à travers le cas de Disney et propose d'écrire au P-dg de cette entreprise dont les sous-traitants ne respectent même pas les minimaux sociaux chinois. Bon Noël quand même !

"Jouets, livres, vêtements, films, émissions de télé et parcs d'attractions, voilà avec quoi Disney a fait rêver des générations d'enfants depuis sa création en 1923. Avec près de 32 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2005, cette multinationale est aujourd'hui l'un des plus grands groupes de divertissement du monde. Mais à en croire les conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers chinois qui fabriquent ses produits, le "monde merveilleux " de Disney a viré au cauchemar... Dans un rapport qu’elle vient de publier, la SACOM (1), une association d'étudiants et d'universitaires de Hong Kong qui se bat pour la défense des droits des travailleurs, révèle l'envers du décor chez plusieurs sous-traitants de Disney en Chine et dénonce la passivité de la compagnie face à la violation systématique des droits des travailleurs.

Une première enquête menée par la SACOM durant l'été 2005 auprès de quatre usines sous-traitantes de Disney situées dans des zones industrielles de la province du Guangdong (2), avait révélé de multiples violations des droits des travailleurs. Durant l'été 2006, une nouvelle investigation a été réalisée auprès de trois autres fournisseurs de Disney (3) et la SACOM a ainsi pu constater, avec dépit, que les problèmes dénoncés dans son premier rapport sont très loin d'être résolus.

Graves violations des droits des travailleurs
Les rapports de la SACOM font état des salaires de misère des ouvriers dans ces usines. Nettement inférieurs au minimum légal (4), ceux-ci varient en outre considérablement en fonction des mois. En morte-saison, lorsque les commandes se raréfient, faute de travail, les ouvriers sont contraints de prendre des jours de congé sans solde comme en témoignent des employés de la fabrique de jouets de Kam Long, obligés de prendre jusqu'à 16 jours de congé en un mois. Pendant ces périodes creuses, les salaires diminuent quasiment de moitié.

Même pendant la saison pleine, quand les commandes affluent, les salaires restent trop bas pour assurer un niveau de vie convenable. Pourtant, les ouvriers travaillent alors entre 11 et 16 heures par jour et certains confient même avoir été contraints de travailler jusqu'à 30 heures d'affilée pour honorer les délais d'une commande. Mais les nombreuses heures supplémentaires imposées aux travailleurs ne sont pas rémunérées au taux légal (5), ni même parfois comptabilisées. Pendant ces périodes, les ouvriers travaillent six ou sept jours par semaine et ne sont pas autorisés à prendre un jour de repos, même en cas de maladie. S'ils refusent ces conditions, les ouvriers s'exposent à des retenues arbitraires sur leurs salaires, voire au licenciement. Afin de dissuader ceux qui voudraient quitter ou dénoncer l'entreprise, un à deux mois de salaire sont retenus par la direction en dépôt et les contrats de travail ne leur sont pas communiqués.

Accidents du travail
Doigts écrasés ou amputés, membres mutilés, de nombreux ouvriers sont aussi victimes de l'utilisation de machines non sécurisées à des rythmes effrénés. La manipulation de produits chimiques dangereux sans protection adéquate, le défaut d'information sur les différentes mesures de sécurité liées à la manipulation de ce type d'appareils et de produits, ainsi que la chaleur insoutenable qui règne parfois dans les ateliers, sans compter l'alimentation peu équilibrée servie aux travailleurs, sont autant de facteurs de dégradation des conditions d'hygiène et de sécurité sur le lieu de travail. Dans ces usines, les accidents du travail sont quasiment quotidiens et les travailleurs blessés ou malades ne peuvent généralement, faute de moyens, accéder aux soins, car la direction ne finance que très rarement l'assurance sociale comme le prévoit pourtant la loi.

L’inefficacité du Code de conduite et des audits de Disney
Les conditions de travail observées chez les sous-traitants de Disney sont contraires à la fois à la législation chinoise et au propre Code de conduite de Disney, dans lequel l'entreprise s'engage à adopter "une conduite responsable et éthique" et à "respecter les droits de tous les individus" (6) . Disney a beau se targuer d'avoir réalisé des dizaines de milliers d'audits, supposés permettre l’application effective des dispositions de son Code, les enquêtes révèlent que ces audits sont inefficaces.

Dans la pratique, la direction des usines auditées est informée à l'avance de l'arrivée des inspecteurs et a donc le temps de fabriquer de faux contrats de travail et de fausses fiches de paye avant l'arrivée des inspecteurs. L'un des ouvriers de la manufacture de Qi Sheng témoigne de "formations" organisées pour permettre aux travailleurs de mémoriser des réponses toutes faites aux questions des inspecteurs. Les travailleurs sont incités, par le biais de primes et de menaces de licenciement, à donner ces "bonnes réponses". Le jour de l'audit, certains sont congédiés pour la journée, d'autres sont affectés à une autre usine, et seul un petit nombre d'ouvriers, pré-selectionnés, restent sur leur lieu de travail.

A l'heure où nous nous apprêtons à fêter Noël, le Réseau-Solidarité fait appel à vous pour soutenir l'appel de la SACOM et exiger de Disney que les cadeaux de nos enfants ne soient plus fabriqués dans la douleur, avec " la sueur, le sang et les larmes des travailleurs chinois " (7).


(1) Students and Scholars Against Corporate Misbehaviour, Hong Kong.
(2 )Nord Race Paper International et Lam Sun à Dongguan, Hung Hing Printing à Shenzhen et Hung Hing Printing and Packaging à Zhonghan
(3) Les usines Huang Xing et Qi Sheng à Shenzhen, et Kam Long à Zhuhai.
(4) Les travailleurs sont payés entre 2,04 et 3,41 yuans par heure (entre 0,19 et 0,32 euros) selon les entreprises, tandis que le minimum légal est fixé à 4,02 ou 4,12 yuans par heure selon les endroits.
(5) Entre 500 et 1000 yuans par mois (entre 47,7 et 95,4 euros).
(6) Code de conduite de Disney, disponible en anglais sur :
http://corporate.disney.go.com/corporate/conduct_manufacturers.html
(7) Lettre de la SACOM à Robert Iger, PDG de la Walt Disney Company.


POUR EN SAVOIR PLUS

La campagne internationale contre Disney : menée par la SACOM, cette campagne rassemble plusieurs organisations de défense des droits des travailleurs, notamment: United Students against Sweatshops (USAS), Writers Guild of America (WGA), National Labour Committee (NLC), Sweatshop Watch, Clean Clothes Campaign Austria et Peuples Solidaires. Dans le cadre de cette campagne, la SACOM a publié deux rapports disponibles sur son site Internet (en anglais): http://www.sacom.hk. Peuples Solidaires publiera bientôt la version française du dernier rapport.Un documentaire de 11 minutes décrivant la situation des travailleurs dans l’usine de Hung Hing à Shenzhen est également  téléchargeable sur le site de la SACOM.

Disney élue entreprise la plus socialement irresponsable : en 2006, la Déclaration de Berne et Pro Natura, deux organisations suisses, ont décerné un “Public Eye Award” à Disney, en raison de son comportement d’entreprise particulièrement irresponsable. Nominé dans la catégorie “droits sociaux”, Disney a été élue en raison des violations graves des droits de l’Homme desquelles elle s’est rendue coupable. Pour plus d’informations sur les “Public Eye Awards”, voir le site de la Déclaration de Berne sur:http://www.evb.ch/fr/f25000188.html

Ecrire à Disney :
Par lettre : vous pouvez copier le modèle de lettre ci-dessous ou le télécharger (pièce jointe sur le site de Réseau Solidarité). N’oubliez pas de mettre vos coordonnées et de signer! Timbre: 0,85 €. Coupon partenaire : pour que la SACOM ait un aperçu concret des soutiens sur lesquels elle peut s’appuyer, envoyez-lui le message de soutien.
Délai de réaction : dès réception, et jusqu’au 15 février 2007.

TEXTE DE LA LETTRE

M. Robert IGER
CEO The Walt Disney Company
500, South Buena Vista Street
Burbank, CA 91521USA

Dear Mr Iger,

I have been informed by Réseau-Solidarité of the reports published by SACOM and concerning the deep-rooted, systemic sweatshop conditions in Disney's suppliers’ plants in China.

 I am extremely preoccupied with the workers’ situation in this country, and urge you to:
- publish the complete list of your suppliers in China;
- consult with SACOM and concerned labour groups to provide workers with training programs and to work out a detailed timetable for participatory training;
- support democratic elections run by workers for the establishment of Workers' Committees;
- collaborate with workers on factory monitoring for the long term.

Sincerely yours,


Name - Surname:

Message de soutien à la SACOM :

SACOM
Room 1204, Wing Lee Industrial Building
54-58, Tony Mi Road
Mongkok, Kowloon
Hong Kong
CHINA

Dear friends of SACOM,

I have been informed by Réseau-Solidarité of the campaign you launched against the Walt Disney Company in respect of the deep-rooted, systemic sweatshop conditions in Disney's supplier plants in China.

I support your action and sent a letter to the CEO of the Walt Disney Company, Mr. Robert Iger, requesting that he takes immediate action to implement your demands.

With warm regards,


Name - Surname:

TRADUCTIONS

Traduction de la lettre:

Cher Monsieur Iger,

J’ai été informé(e) par le Réseau-Solidarité des résultats de l’enquête menée par la SACOM concernant les violations profondes et systématiques des droits des travailleurs chez des fournisseurs de Disney en Chine.

 Je suis extrêmement préoccupé(e) par la situation des employés de vos sous-traitants en Chine, et vous exhorte à:

- publier la liste complète de vos fournisseurs en Chine;
- consulter la SACOM et les associations de défense des travailleurs concernées pour offrir aux travailleurs des programmes de formation et établir un agenda détaillé pour la mise en place de formations participatives;
- soutenir des élections démocratiques qui seraient menées par les travailleurs et permettraient l’établissement de Comités de travailleurs;
- collaborer avec les ouvriers pour améliorer la surveillance des conditions de travail dans les usines sur le long terme.

(Salutations)



Traduction du message de soutien :

Chers amis de la SACOM,

J’ai été informé(e) par le Réseau-Solidarité de la campagne que vous avez lancée à l’encontre de la compagnie Disney en ce qui concerne les violations profondes et systématiques des droits des travailleurs chez des fournisseurs de Disney en Chine.

Je soutiens votre action et ai envoyé une lettre au PDG de Disney, l’exhortant à répondre immédiatement à vos demandes.

(Salutations)

Nom Prénom:



Le Réseau-Solidarité de Peuples Solidaires, 10 quai de Richemont - 35000 RENNES (France)

Tél. : 00 33 2 99 30 60 53 / Fax : 00 33 2 99 30 39 30;

reseau-solidarite@peuples-solidaires.org

www.peuples-solidaires.org

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