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12/11/2007

Immigration et oppression linguistique

La politique actuelle d'immigration mériterait bien des observations (sans parler du droit d'asile); l'aspect linguistique de cette politique a été analysé en 2006 dans Libération : une analyse toujours d'actualité et que je réédite aujourd'hui :

Marie Rose Moro, ethnopsychiatre, s’exprime dans Libération de samedi 27 mai (2006). Elle dirige le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital  Avicenne de Bobigny et explique “comment l’idéologie actuelle pousse les migrants à s’acculturer au prix d’une désintégration”. Un entretien très intéressant qui montre que le projet de loi Sarkozy sur l’immigration, “fondé sur l’inhospitalité” selon M.-R. Moro, fragilise les populations immigrées. Elle décrit la difficulté des mères et des enfants d’origine immigrée face à une volonté d’intégration à la société française qui leur fait perdre leurs repères culturels et relationnels... Et il y est question des langues :

“- Que pensez-vous de l’obligation faite aux migrants de parler français ?”
Marie Rose Moro : “Des préjugés extrêmement nocifs pour les migrants et leurs enfants sont renforcés à grande vitesse. Les linguistes ont montré que les enfants apprennent d’autant plus facilement le français qu’ils ont plaisir à parler leur langue maternelle, qu’elle soit le soussou, le berbère, l’arabe ou le mandarin ! C’est dans l’échange avec leurs parents ou le petit groupe qui s’occupent d’eux qu’ils acquièrent le goût de jouer avec les mots et les tournures. De plus, ils acquièrent une connaissance sur le statut de la langue et une aisance pour en comprendre la structure. Non seulement l’apprentissage multilinguistique n’est pas problématique pour les enfants, mais il est créatif”.

Et elle poursuit plus loin : “Si l’on impose la maîtrise du français comme condition d’intégration des adultes en France, c’est parce que l’on craint ce que propose toute langue étrangère : une autre vision du monde. A travers ces histoires de langue, on fait croire aux migrants qu’ils sont inféodés. Alors que la notion de race est scientifiquement anéantie, on continue de vivre tranquillement avec l’idée qu’il y a des bilinguismes utiles et d’autres nocifs, c’est-à-dire des langues inférieures et d’autres supérieures. D’ailleurs on ne dit jamais aux parents américains ou allemands vivant en France qu’ils ne doivent pas transmettre leur langue à leurs enfants”... Libération, 27-28 mai 2006, propos recueillis par Anne Diatkine. Pages 46-47.

"Bilinguismes nocifs", "inféodation", "langues inférieures", non transmission de la langue maternelle aux enfants, etc : ces réalités et poncifs que dénoncent Marie Rose Moro pour les populations immigrées, ne datent pas d'aujourd'hui et s'appliquent également aux langues régionales en France.

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