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30/04/2006

New York : recherchons nounous chinoises...

La plupart des textes édités sur ce blog sont des chroniques radios diffusées sur Radio Bro Gwened sous le titre "Bizkoazh kement all !" ("Jamais autant"), comme celle-ci dont la version française est passée le mercredi 12 avril dernier à 9h15. La version bretonne suit !

“Chères auditrices et auditeurs qui écoutez fidèlement cette rubrique, qui attendez fébrilement neuf heures et quart chaque mercredi pour l’écouter au point de vous enfermer dans votre cave pour ne pas être dérangés par les bruits extérieurs, au point de museler votre chien ou votre voisin, je vous le dis tout net : vous avez raison ! Oui, vous avez raison car si voulez être informés des dernières évolutions de la société c’est bien votre émission Bizkoazh kement all qu’il vous faut écouter...
Voici l’histoire : j’avais, il y a quelques mois, gentiment brocardé un établissement scolaire pontivyen qui avait abandonné les cours de breton et proposait à la place des cours de chinois. Non pas que je criticasse l’enseignement du chinois, mais je regrettais l’abandon du breton... Il est vrai que la Chine est une puissance économique et politique montante, mais ce n’est pas une raison, ou un prétexte supplémentaire, pour abandonner notre langue d’origine.

New York, New York !
J’en étais là de mes réflexions quand j’ai découvert récemment un élément d’information supplémentaire en surfant sur internet. Car oui, je surfe sur internet et c’est très plaisant car on peut le faire chez soi, à la maison, en chaussons, quand d’autres surfeurs se les gèlent dans l’eau ou sur la neige ! J’étais donc allé voir le site internet du journal Libération qui héberge des blogs de ses journalistes et de ses correspondants à l’étranger. Ainsi, les deux journalistes qui travaillent pour Libé aux Etats-Unis entretiennent-ils un blog sur lequel on peut lire des articles qui ne paraissent pas dans le quotidien, ayant trait par exemple, à leur vie quotidienne dans le pays de Georges Bush.

Et vous savez quelle est la dernière mode à New York, la capitale du monde démocratique ? Les “chinese nannies”. “Magerezed a vro Sina”, pourrait-on traduire en breton; en français : les nounous chinoises ! La dernière lubie des New Yorkais friqués est de trouver une nounou chinoise qui apprendra sa langue à leurs enfants, dès les premières années; car le chinois c’est l’avenir si l’on veut prospérer dans le monde des affaires, mesdames, messieurs.
Mais la nounou chinoise est très demandée et son coût augmente. D’autant qu’il ne suffit pas de parler chinois, il faut aussi parler anglais et savoir bien s’occuper des enfants, tant qu’à faire.

Les modes se démodent
L’intérêt d’un blog, c’est que les personnes qui lisent l’article du journaliste peuvent réagir. Ainsi une lectrice a fait valoir que si vous parlez très bien le chinois, celà peut mettre mal à l’aise vos interlocuteurs chinois dans le monde des affaires : ils risquent de se sentir espionner. Et si vous ne le parlez pas très bien, celà ne vous servira pas dans un monde des affaires qui pratique plutôt... l’anglais ! Et en général, les New-Yorkais parlent anglais !
Qui sait, dans quinze-vingt ans, quand les enfants concernés seront en âge de travailler, la mode du chinois sera peut-être passée depuis longtemps...

Mais l’établissement pontivyen qui s’est mis au chinois a peut-être eu le nez fin. On dit souvent que les modes étasuniennes, même les plus débiles, nous arrivent avec quelques années de décalage, alors peut-être verrons-nous dans quelques années la mode de la nounou chinoise arriver, ici, dans le Morbihan ! Il va falloir vous y mettre, mesdames, et aussi messieurs, car cette profession n’est pas réservée qu’aux femmes. Un petit coup de maquillage, quelques mots de chinois, et le tour sera joué. Je peux même déjà vous apprendre un mot en chinois, et plus précisément en mandarin, le dialecte chinois devenue la langue officielle : “xie xie”, qui veut dire “merci”. Alors, à qui dit-on merci ?

Et "l'utilité" du breton ?...
En ce qui me concerne je ne vais pas me mettre tout de suite au chinois, vous connaissez ma réticence à me soumettre aux modes volatiles (rien à voir avec la grippe aviaire). Aujourd’hui c’est le chinois, hier c’était l’allemand, demain ce sera autre chose. Il y a même eu une époque où l’on disait aux Bretons de ne pas transmettre leur langue maternelle à leurs enfants, car celà ne servait, soit-disant, “à rien”. Déjà, à l’époque, c’était contestable, mais aujourd’hui, des centaines, peut-être même des milliers de personnes travaillent en langue bretonne en Bretagne. Ce n’est déjà pas si mal; l’on peut trouver du travail grâce à la langue bretonne dans certains domaines, comme l’éducation. Les temps changent parfois en bien...

De mon côté, je vais donc continuer mon apprentissage du breton pour que ma rubrique en langue bretonne, diffusée sur la radio tous les vendredis à huit heures et quart, ne soient pas, pour nos auditeurs bretonnants, totalement du chinois.
Christian Le Meut

Je vous ai même trouvé (par hasard !) quelques sites pour l'apprentissage du chinois sur internet :
La revue Thot/Cursus nous propose deux cours de chinois gratuits en ligne:
- Apprendre le chinois en baladodiffusion
http://cursus.cursus.edu/cours.asp?no=23989
http://www.chine-informations.com/mods/lechinois/
et découvrez aussi beaucoup d'informations sur la vie et le tourisme en
Chine sur le site de Chine-information:
http://www.chine-informations.com/
- Initiation au chinois mandarin en ligne
http://cursus.cursus.edu/cours.asp?no=16772
http://www.lechinois.com/coursnet/coursnettitre.html

- Calligraphies chinoises extraites de "La grande muraille des caractères", Pierre Aroneanu et Dehong, Ed. Syros-Alternatives, 1992.

Commentaires

Je suis bien d'accord avec vous que remplacer des cours de breton par des cours de chinois (ou de tout autre langue) est lamentable.

Ceci dit, l'une des particularités du chinois, c'est son écriture, adoptée entre autre par les japonais (qui appellent les caractères chinois du nom de "kanji"), et l'étude de cette écriture (pour le chinois ou le japonais) est quelque chose de passionnant, comme beaucoup d'autres choses dans les civilisations chinoises et japonaises.

S'il est plus que probable que le collège pontyvien n'a introduit le chinois que pour des raisons d'oppportunité, je serais pour ma part assez heureux de voir un jour des cours de chinois donné ... en breton.

Écrit par : Alwenn | 30/04/2006

J'étais lycéen dans cet établissement Pontivyien quand les cours de breton ont été supprimés. Je tiens à souligner la motivation de notre ancien professeur, Jorj Belz, qui s’est battu pour laisser l’enseignement en place...

Écrit par : Benead | 01/05/2006

Bonjour, ici Pékin. Je fais quelques piges pour le blog des Bretons de Pékin (Zhong Breizh, kevredigezh Bretoned ha mignoned Breizh e Beijing), essentiellement en Francais mais on a aussi quelques informations en Chinois sur la langue bretonne. On essaie aussi de diffuser des nouvelles sur tout ce qui touche à la fois à la Bretagne et à la Chine. Alors forcément un jour on retombe sur les questions de langue: qu´est-ce que c´est qu´une langue utile? Combien de temps est-ce qu´on reste une langue d´avenir? Qu´est-ce qui rend une langue "dominante", etc. ? Je trouve votre réflexion et votre témoignage très intéressants. Est-ce que vous seriez d´accord pour qu´on reproduise des extraits de votre chronique sur notre blog? Merci de répondre à notre adresse électronique...
A propos de blog de Libé, je vous conseille aussi le débat sur le blog Chine qui a suivi la publication d´un article se P. Haski sur les Transmusicales à Pékin en mai ou juin 2005 (ca s´appelait "vivent les Bretons").
A bientôt,
Hélène

Écrit par : Hélène | 22/11/2006

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