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09/08/2005

Histoire : la manifestation du 22 mars 2003 pour la langue bretonne

Je suis allé manifester le 22 mars 2003 dans les rues de Rennes pour la langue bretonne. La journée était belle et une foule pacifique a envahi les rues de cette grande ville. D’après les journaux, nous fumes 15.000 à manifester ce jour-là. C’est beaucoup mais, à mon avis, c’est une estimation minimum, je pense que nous étions plutôt 20.000. Des gens étaient venus de toute la Bretagne : écoliers, collégiens ou lycéens des écoles Diwan et des écoles bilingues, étudiants, parents, membres d’associations, etc.
Il était agréable aussi de voir autant de musiciens. Lors de la manifestation pour Diwan dans les rues de Vannes, en septembre dernier, nous étions trois mille personnes mais... cinq musiciens seulement ouvraient la marche. Le 22 mars, c’était plutôt l’équivalent de cinq bagad qui ouvrait la manifestation : un lien a ainsi été fait entre la langue et la musique, entre le milieu des sonneurs et celui des bretonnants : c’est important, car ce lien ne semble pas avoir toujours existé. Pourvu que cela dure.

Non à la guerre, oui au breitzel !
J’avais apporté une banderole un peu étrange pour cette manifestation, sur laquelle était écrit en breton “Brezel en Irak, n’omp ket a du” : “Guerre en Irak, nous ne sommes pas d’accord”. J’avais hésité un peu à l’apporter car la paix en Irak n’était pas le but de cette manifestation mais j’avais envie de manifester pour les deux causes en même temps. Aider par une amie, nous avons porté cette banderole tout le long du parcours et elle a été bien accueillie. Certaines personnes sont venues me demander ce qu’elle signifiait. D’autres ont vu “brezel” et ont cru à une allusion au fameux “breitzel” avec lequel le président Bush faillit s’étouffer ! D’ailleurs un autre manifestant avait un écriteau : “Brezel nann, breitzel ya”. “Non à la guerre, ou au breitzel”.
Dans le même temps une autre manifestation s’était formée, place de la mairie, contre la guerre. Les deux cortèges ont suivi leur chemin mais les organisateurs des deux manifestations s’étaient concertés pour qu’elles se rejoignent sur la place du Parlement. Emus, nous vîmes arriver le cortège pour la paix. Le premier discours à la tribune, installée pour l’occasion, fut celui d’un membre du Mouvement de la paix qui demanda l’arrêt immédiat des combats et le respect des lois internationales. Patrick Malrieu, président du Conseil culturel, lui emboîta le pas en demandant également l’arrêt des combats et le respect des textes internationaux garantissant les droits de l’Homme, en Irak comme en France, notamment en ce qui concerne les langues régionales.

Faible écho médiatique
Préparée depuis plusieurs mois, la manifestation pour la langue bretonne a eu la malchance de tomber en même temps que le début des combats en Irak. Cela n’a pas nui à la mobilisation mais, par contre, cela a nui à son écho médiatique. Focalisés sur la guerre, les radios, télés, journaux nationaux n’ont que peu parlé de cet événement. C’est dommage, car nous manifestions dans la bonne humeur pour être vus, entendus, écoutés. Nous l’avons certainement été, entendus, à Rennes, puisque les bagadoù se sont arrêtés pour donner un aubade devant le conseil régional ! Mais avons-nous vraiment été entendus par les élus ? Et entendus jusque Paris ? Rien n’est moins sûr même si 15.000 à 20.000 personnes, ce n’est pas rien.
Mais cette manifestation a eu un autre effet : redonner le moral et du tonus aux manifestants, ce n’est déjà pas si mal, d’autant qu’il faudra sûrement retourner manifester.

Christian Le Meut

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