06/08/2006
L’affront publicitaire
"J’ai trouvé une excellent moyen pour faire la publicité de votre blog préféré, Rezore ! Aux Etats-Unis, une mère de famille habitant l’Utah, Karolyne Smith, a fait tatouer sur son front une publicité pour un établissement de jeu sur internet. Voilà une bonne idée pour Rezore. Pourquoi ne pas vous faire tatouer sur le front des slogans du style “Lisez Rezore” ou en breton “Lennit Rezore” ? Les personnes intéressées peuvent m'envoyer un message par le blog (commentaire). Les éventuelles propositions de tatouage sur une autre partie du corps que le front sont exclues, le front a un caractère publicitaire que n’ont pas les parties cachées par les vêtements... Encore que cela dépende des personnes...
Karolyne Smith avait proposé son front comme espace publicitaire sur un site internet d’enchère... Les enchères sont montées à 10.000 dollars quand même. Il est bien entendu que Rezore (prononcer ré zo ré, celà veut dire "trop c'est trop", en breton) ne versera pas un centime d’euro, pas un kopeck, netra, nothing, rien... Blank ebet !
L'invasion duplicitaire
La publicité nous envahit mais, jusque là, elle se limitait à polluer nos vêtements, nos écrans, la radio, les villes et les campagnes... Le pas est franchi désormais : elle peut même se graver sur nos peaux et nos chairs. Mais de préférence dans la chair des pauvres, car Karolyne Smith a justifié son acte. Elle ne peut payer d’études à son fils mais, avec ses 10.000 dollars, elle pourra le faire et, je cite, lui “assurer un meilleur avenir”. La société pour laquelle elle s’est fait tatouer une publicité sur le front a rajouté 5.000 dollars, émue, parait-il, par les motivations de cette mère.
Voilà à quoi son réduits les pauvres aux Etats-Unis, se faire tatouer de la pub pour financer les études de leurs enfants. Mais, se faisant, la maman a peut-être même sauvé la vie de son fils. Car les étudiants pauvres n’ont souvent comme seul recours que de faire financer leurs études par l’armée. L’armée étasunienne finance, en effet les études des jeunes étasuniens en échange de période en service armé. Ces jeunes étudiants pauvres sont ensuite envoyés sur les terrains d’intervention des USA, en Irak et en Afghanistan, par exemple.
Du Vietnam à l'Irak
Ainsi ce sont des pauvres, souvent d’origine hispanique, asiatique, ou africaine, qui vont mourir au Moyen-Orient pour les intérêt des multinationales et des amis des Georges Bush, qui ne leur sont pas reconnaissants pour autant. C’était déjà le cas au Vietnam, c’est encore le cas en Irak...
L’acte de Mme Karolyne Smith, habitante de l’Utah, est donc à la fois émouvant et symbolique, navrant et révoltant. J’espère qu’elle pourra très vite cacher ou effacer cette marque d’infamie publicitaire qu’elle a acceptée de se faire graver sur le front. Car l’annonceur s’est déjà largement payé sur le coup de pub qu’il vient de se faire. Il se passe décidément de drôle de chose du côté des Etats-Unis et quand je vois ça, je me demande dans quel Utah gère !
Christian Le Meut
* Cette note est une redif de l'été 2005. Source : Courrier international.
08:00 Publié dans Buhez pemdeziek/Vie quotidienne, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Etats-Unis, publicité
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