08/11/2005
L'agriculteur Albert de Monaco bénéficie de la Politique agricole commune
L'AFP (lundi 7/11 - 19h50) livre une information qui n'a, semble-t-il, pas beaucoup été reprise dans les médias, c'est pourquoi je me permets...
"Le prince Albert de Monaco et plusieurs riches propriétaires terriens sont parmi les grands bénéficiaires des subventions versées en France dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) européenne, a accusé l'organisation humanitaire britannique Oxfam lundi. Selon cette ONG britannique "70% des petits agriculteurs ont reçu 17% des subventions totales versées à la France", alors que 60% de ces subventions sont allées aux 15% d'entreprises agricoles françaises les plus prospères. "Ces chiffres montrent que l'argument français selon lequel la PAC sert principalement à aider ses petits exploitants sonne faux", a précisé Oxfam dans un communiqué.
Le prince Albert de Monaco "dont la fortune personnelle est estimée à 2 milliards d'euros, a reçu 287.308 euros de subventions agricoles de l'UE en 2004", précise encore Oxfam. Il possède en effet quelque 700 hectares de terres céréalières dans l'Aisne, dans le nord de la France. "Les deux plus grands bénéficiaires français de la politique agricole commune se sont partagés 1,7 million d'euros", affirme également l'ONG sans donner de nom. Le quotidien français La Tribune, qui ne donne pas non plus de nom, évoquait jeudi un riziculteur camarguais possédant 1.733 hectares, et le propriétaire de 1.500 hectares de maïs irrigué en Aquitaine. (...).
En mars dernier, sous la pression d'Oxfam, le gouvernement britannique avait rendu publique la liste des principaux bénéficiaires de la PAC. La compagnie sucrière Tate & Lyle (London: TATE.L - actualité) arrivait en tête en 2003-2004, avec 120 millions de livres (177 millions d'euros), suivie de plusieurs grandes figures de l'aristocratie britannique dont le duc de Westminster, l'un des hommes les plus riches de Grande-Bretagne (448.000 livres soit 663.000 euros), le duc de Malborough (511.000 livres, 756.000 euros), et même la reine Elizabeth, en 93è position avec une subvention d'environ 400.000 livres (592.000 euros)."
Le gouvernement britannique a proposé de plafonner les aides, ce qui serait une bonne chose. En matière de répartition équitable, il y a beaucoup à faire !
11:45 Publié dans Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journalisme
07/11/2005
Cajun - breton : deux ethnocides invisibles des médias ?
Les événements récents de Louisiane m’ont fait remettre à jour une chronique écrite en janvier 2004 sur une émission de France Inter qui aurait pu concerner la langue bretonne si l’on avait pu remplacer le mot “français” par “breton”. Car c’était de la Louisiane, dont il était question, région où la langue française a fait l’objet d’une politique d’éradication... J’ai été surpris, d’ailleurs, de ne pas entendre un seul francophone témoigner, en septembre, des ravages de l’ouragan Katrina en Louisiane, même sur les médias français, pourtant les premiers à se gargariser de la francophonie. Car plus de 200.000 personnes parlent encore français en Louisiane, mais pas à la Nouvelle-Orléans !
Selon Elaine F. Clément, membre du Conseil pour le développement du français en Louisiane : “Il y a très peu de francophones à La Nouvelle-Orléans. Pourquoi - c'est toute une histoire - l'américanisation, l'assimilation, l'avidité. La plupart des francophones sont dans les endroits plus ruraux. Les villes de Lafayette et Houma sont les plus grandes villes francophones. L'Ouragan Rita a frappé des endroits plus francophones. Dans la presse américaine, on était encore invisible”.
Le Lay : pas d'enquêtes mais des réfutations
Mais, autre constat surprenant, si les déclarations de Patrick Le Lay sur le “génocide culturel” pratiqué par la France à l’égard de la langue bretonne, ont suscité des commentaires dans certains médias parisiens, je n’ai vu aucun reportage, aucune enquête de terrain dans ces mêmes médias pour savoir si Patrick Le Lay disait vrai ou pas ! Aucun journaliste n’est, à ma connaissance, venu en Basse-Bretagne (la Bretagne bretonnante) pour établir sur les propos du patron de TF1 relèvent de l’élucubration “nationaliste” ou ont un fond de vérité... Par indifférence ? Par peur qu’il ait raison ?
Comme si établir les faits importait peu; comme si la réalité n’était pas importante... Comme si le commentaire valait plus que la compréhension de la réalité. Comme si le simple fait que cela soit dit par Patrick Le Lay lui ôte tout crédit... Mais les journalistes désireux de comprendre ce qu'est un ethnocide ne sont pas obligés de venir en Bretagne. Ils peuvent aussi se rendre en Louisiane où se trouve également une minorités "invisible" : à bien des égards, les francophones de Louisiane et les bretonnants de Bretagne sont dans le même bateau.
“Les Cajuns (chronique de janvier 2004)
“Le premier dimanche de cette nouvelle année, j’ai entendu, sur France inter, une émission surprenante. Elle était, en effet, consacrée à une langue régionale, sujet que les médias parisiens abordent assez peu d’habitude... Une langue régionale donc, sans statut officiel mais parlée depuis des siècles et transmise de génération en génération sauf pour les dernières qui n’ont pas appris la langue de leurs parents, mais uniquement la langue officielle.
En effet, l’école, l’Etat et quasiment toutes les institutions ont adopté une politique d’abandon de cette langue régionale. Méprisée, dépréciée, elle n’est plus parlée aujourd’hui, quotidiennement que dans certains coins à l’écart. Des personnes âgées ont dit à France Inter leur tristesse et leur colère de voir leur langue maternelle se perdre...
Je me suis dit qu’entendre une telle émission sur un radio nationale était une bonne chose pour montrer aux auditeurs français ce que signifie une politique délibérée visant à la disparition d’une langue... Mais, vous l’avez probablement compris, cette émission de radio n’était pas consacrée aux langues régionales en France, mais à une langue régionale aux États-Unis, le cajun. Nous étions en Louisiane mais il aurait suffi de pas grand chose pour se croire en Bretagne, en Occitanie, en Corse, au Pays-Basque... Déplorable est l’état de la langue française, dans son dialecte cajun, aux États-Unis : pas de statut officiel, un enseignement bilingue très récent et très partiel... Qui plus est, c’est le français de France qui est enseigné dans les écoles, pas le cajun ! Dur dur, alors, de se comprendre avec les anciens qui parlent encore la langue...
Mais quand aurons-nous droit, sur les médias dits nationaux, à des émissions permettant de mieux comprendre la situation des langues régionales en péril dans l’Hexagone ? A moins que ce qui se passe en Louisiane soit plus intéressant que ce qui se passe en Occitanie, en Alsace, en Corse ou en Bretagne...”
Christian Le Meut
09:13 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Galleg/français, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journalisme