Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/03/2006

Livre : Claude Hagège "combat pour le français" et contre "la langue unique"

« Combat pour le français », est le titre d'un nouvel essai de Claude Hagège, linguiste renommé. Voici la critique de ce livre paru, dans Le Monde des livres édition du 03.03.2006.

"La discordance des langues, si l'on se réfère à la tradition biblique, est une malédiction qui punit les démesures de Babel. Pour Claude Hagège, à l'inverse, cette diversité, cet égarement après l'unicité originelle, n'est pas un châtiment. Dès lors, la domination d'une langue unique est une menace. Il reste que l'universalisation de l'anglais n'est pas un processus inéluctable ; l'inverser, pour le combattant linguiste, c'est assurer la garantie d'une harmonie. Il est question de combat, donc de défi : un esprit délié est conscient de la solidarité organique entre le culturel et le linguistique.

Dans l'Europe contemporaine, l'anglais est le support (ne devrait-on pas dire le suppôt ?) de l'économie libérale. D'où sa suprématie, vécue comme le moyen de l'efficacité marchande : « Mais, en réalité, écrit Claude Hagège, une langue est bien autre chose que ce dont on brandit astucieusement l'image trompeuse, à savoir, selon ce qui est souvent déclaré à propos de l'anglais, un pur outil pratique de communication internationale facilitant les échanges entre individus qui ne partagent pas un même idiome. Car du fait même que, selon la vision anglo-américaine, la langue n'est pas une fin en soi, il apparaît, si l'on dépasse les apparences, que ce qui est premier est cela justement qu'elle véhicule. » Le choix d'une langue est un choix de civilisation, une naturelle conséquence, et la conséquence dont nous parlons est celle du néo-libéralisme. Il en va ainsi des « illusions de la mondialisation et des inégalités de fait, vues en termes linguistiques » : à l'heure de la communication outrancière, Hagège souligne une déconnexion d'opinions et de perceptions. Deux univers s'affrontent : les sphères du pouvoir américain, et le reste du monde. L'exportation d'un modèle démocratique (qui s'exprime en anglais) s'épuise devant l'histoire d'individus et de sociétés aux fondements différents.

Et le français dans tout ça ? Mais il se porte comme un charme si l'on s'en tient au nombre croissant de ses locuteurs. Mais alors ? Il n'est pas défendu, ou pas assez, ou mal : « Je n'aurais pas écrit ce livre, confesse Claude Hagège, si le contexte politique de défense de notre langue ne s'était pas, depuis quelques années, brusquement retourné. » Et l'auteur de L'Homme de parole (1985) de s'en prendre vertement à la mollesse de nos institutions nationales et à l'inféodation des européennes aux lois du marché. Défendre une langue, c'est défendre une vision de l'univers. Au final, Combat pour le français est un livre optimiste. Hagège gage que des Anglo-Saxons lucides viendront bientôt nous prêter main-forte tant ils sont conscients que l'hégémonie de l'anglais souffre d'une « ghettoïsation par le haut ».

La pluralité des langues, c'est la pluralité des idées. « L'Histoire, espère Hagège, laisse apparaître que ce genre de combat, malgré son aspect naïf ou désespéré, non seulement peut conduire à des victoires ponctuelles, mais encore finit, au long du temps, par avoir raison des forces aveugles. »
Vincent Roy

"Pluralité des langues, pluralité des idées" belle idée, qui peut s'appliquer à un autre combat, celui du multilinguisme ici, en Bretagne et en France. Les langues dites régionales, mais aussi les langues parlées par les populations issues de l'immigration, contribuent à la richesse culturelle. Leur pratique, leur transmission et leur enseignement contribue au combat contre l'uniformisation et l'appauvrissement culturel humain. Langues régionales et langue française, même combat : il est dommage que bien des Français ne comprennent cette réalité, notamment ceux qui sont à la tête de l'Etat et qui persistent dans une politique d'étouffement tranquille des langues régionales. C.L.M.

13/02/2006

Revues : Ar Men 1 - Bretagnes 0

Une nouvelle revue vient de sortir son premier numéro : Bretagne-s, avec un "S", mar plij ! Son surtitre est "Bretons d'aujourd'hui et de demain" : et les Bretons d'hier, qu'en fait-on ? On les oublie ? Serions-nous une "génération spontanée" ? Cette revue relativement luxueuse propose une série d'articles écrits par des universitaires sur les Bretons, qui sont-ils, comment ils votent, que vont-ils devenir, etc ? Dans l'édito de présentation, Yves Morvan et Gabrielle Touret-Barbotin affirment que l'objectif de leur nouvelle revue est "d'explorer une Bretagne multiple, riche de ses différences"... Mais les différences linguistiques, elles, n'ont pas leurs places dans cette revue qui ne comporte pas un seul article en breton ni en gallo, ni même en anglais... Non rien, monolithisme linguistique ! Pas de "s" dans ce domaine et, pire, on peut lire en page 62 sous la plume de M. Alain Even, maître de conférences à l'université de Rennes 2 et, par ailleurs, président du Conseil économique et social de Bretagne : "La langue bretonne, la pratique du gallo ne sont plus que très rarement d'un usage quotidien et cette particularité n'est plus". Ah bon ?

J'ai envoyé un mail à la rédaction de cette revue pour lui demander sur quelles bases scientifiques se basent de telles affirmations. Ce mail termine ainsi : "Merci de me renseigner, car une telle affirmation conclue par "cette particularité n'est plus", est grave et étonnante dans un magazine qui prétend rendre compte des réalités bretonnes. Mais est-ce un constat ou un souhait, de la part de l'auteur de ces lignes ? Ou un refus de prendre en compte la réalité ? Certes, la pratique de la langue bretonne est en baisse, mais elle n'est pas devenue "rare" pour autant. "Rare" : cette réalité là peut rester "rare" effectivement pour qui ne veut pas tendre l'oreille ni porter son attention vers là. En ce qui me concerne, je parle la langue bretonne très souvent, je l'entends parler chaque jeudi sur le marché, je l'entends chaque jour à la radio (une seule radio bilingue associative dans le Morbihan)... Et quelle langue parle-t-on tous les jours dans les écoles bilingues publiques, privées et à Diwan ? Les langues bretonne et gallèse sont en danger, mais il s'agit de savoir si nous souhaitons les maintenir comme langues vivantes ou décréter que "cette particularité n'est plus"..."

J'attends la réponse et l'éditerai sur ce blog.

150.000 € pour enterrer le breton : merci la Région !
L'auteur de la phrase que je conteste, M. Alain Even, est président du Conseil économique et social... Instance censée représenter les différents corps sociaux auprès du Conseil régional : il y a de quoi inquiéter ! D'autant que le Conseil régional à financer à hauteur de 150.000 € cette revue qui enterre le breton et le gallo ! 150.000 € qui, placés ailleurs, auraient pu créer quelques emplois en langue bretonne. Et moi, j'ai dépensé 6 € pour lire ça...

Heureusement, il y a d'autres revues sur la Bretagne, comme Bretagne magazine, qui propose régulièrement de beaux numéros, ou Ar Men, qui fête ses 20 ans et son 150e numéro, occasion de dresser un tableau de la vie politique, linguistique, médiatique, écologique, économique, culturel, de la région, à travers des reportages sur le terrain. "La Bretagne, un monde à découvrir" est le sous-titre de cette revue à découvrir : elle coûte 10 €, mais elle les vaut !

Christian Le Meut

10/02/2006

An Dasson : komzoù Marie-Ange Aodic (1908-1992)

Marvailhoù, spurmantoù, brezel ar Chouanted, An Diaoul hag e droioù, ar "mell benniget" hag an amzer da zonet : setu an danvez tolpet en niverenn 60 ag ar gazetenn An Dasson. Komzoù ur vaouez, Marie-Ange AODIC, melinourez e Brec'h, hag a zo bet enrollet tost da naontek vlez 'zo. Kavet 'vo he zesteni àr un tamm CD hag an diskrivadenn anezhoñ da heul en niverenn. Lakaet eh eus bet ivez un droidigezh e galleg ha displegadennoù da gompren gwell he istorioù.

An Dasson n° 60 : le témoignage de Marie-Ange Audic (1908-1992)
Meunière à Brec'h (près d'Auray dans le Morbihan), Marie-Ange Audic raconte sa vie, le diable et ses tours, les souvenirs de la chouannerie, la mort, l'avenir, dans ce numéro 60 de la revue An Dasson, éditée par l'association Sten Kidna-Komzomp asampl. Daniel Carré a enregistré Marie-Ange Audic il y a 19 ans. Son témoignage est traduit en français, avec des explications pour mieux comprendre le contexte, et un CD en langue bretonne. 7,5 euros l'exemplaire, port compris (Sten Kidna, 6 rue Joseph Rollo, 56400 Auray).

Priz : 6 euro, mui 1,50 aveit ar frejoù post, aveit preniñ un niverenn,skrivit da Kerlenn Sten Kidna "Komzomp Asampl" An Alre, 6 ru Jospeh Rollo 56400 AN ALRE/ AURAY, pe pellgomzit d'ar 02 97 29 16 58.
e-mail : stenkidna2@wanadoo.fr

15/01/2006

Ul levr da lenn - lecture : Frères de tranchées

E fin ar bloaz paseet oa deuet er maez ur film brav awalc’h : “Joyeux Noël” a ziout noziad Nedeleg 1914. D’an nozh se soudarded ag an daou du, Fransision, Alamaned ha Skosed, o doa lesket o fuzuilhennoù a goste evit mont da evañ ur banne get an enebourion ! Ar film a ziskouezh ul lec’h hepken hag ur prantad hepken met ul levr embannet d’ar memes koulz, “Frères de tranchées” a ziskouezh muioc’h a draoù. Peder lodenn zo e barzh, skrivet get pewar istorour. Rémy Cazals, a Frans, Malcolm Brown, a Vro Saoz, Olaf Muller ag an Alamagn ha Marc Ferro, istorour brudet, evit an talbenn reter, Bro Russia, e lec’h ma oa dishenvel ar jeu a gaos d’an dispac’h.
Goude ar grogadoù kentañ e 1914, an talbenn oa chomet a sav hag ar soudarded a veve tost unan d’egile barzh fongelloù : pemp metr, a wezhoù, etre an Alamaned hag an “allied”. Mod se e veze tu da welled a oa an enebourion tud iwez, tud a gane, a gomze, a huche, a zebre, a frige...

Emglevioù kuzhet oa bet savet alies bras, hervez al levr se, etre soudarded evit bout trankil. Tennet veze get ar fuzuilhennoù da euriadoù ingal hag an enebourion a yae d’en em guzhat d’ar mare se. Mod-se, den ebet veze gloazet. A wezhoù ar fongel oa beuzet get ar glav, ha ret oa mont er maez ha bout gwellet get an enebourion. Danjerus bras ? Pas, kar an enebourion oa aet ivez er maez... Memestra evit frigeiñ pe mont da glask dour... Kaset pe taolet veze kazetennoù, butun, bara, d’an tu all. A wezhoù e oa bet savet darempredoù etre soudarded a yae d’an talbenn enebour, ar pezh a veze difennet grons... Diaes oa, neoazh, d’en em gompreiñ a gaos d’ar yezhoù dishenvel.
An ofisourion uhel, a chome pell ag an talbenn, ne oant ket a du tamm get an darempredoù se, a veze difennet grons, evel rezon. Met get an is ofisourion, ar re o oa ar an talbenn, e veze lesket ar soudarded trankil rak ober evel se oa un doare da chom bev !

Frères de tranchées, embannadurioù Perrin, 20 euros. 270 pajenn.


Frères de tranchées
Un livre à lire pour mieux connaître la période de la première guerre mondiale : Frères de tranchées a été édité fin 2005 en même temps que la sortie du film “Joyeux Noël” qui retrace la nuit de Noël 1914 et la fraternisation entre soldats allemands, écossais et français. Un beau film qui condense plusieurs situations que l’on retrouve dans ce livre, fruit du travail de quatre historiens : Rémy Cazals pour la partie française, Malcolm Brown pour les troupes britanniques, Olaf Mueller pour le front allemand et Marc Ferro pour le côté russe, où la question des fraternisations est un peu particulière du fait de la Révolution de 1917.
Après les premières grandes batailles de 1914, les fronts se stabilisent. Les tranchées se creusent et les soldats de deux armées vivent parfois à quelques mètres les uns des autres. Ils entendent les ennemis parler, chanter, rire... Une sorte de cohabitation tacite, ou négociée, s’installe dans certains endroits du front. On ne se tire pas dessus quand on remet les barbelés, quand on doit se lever pour uriner, quand on va chercher de l’eau, s’il y a un point d’eau à proximité... On tire sur l’ennemi à heures fixes, ce qui lui permet de se retirer à cette heure là, ainsi il n’y a pas de blessés... On s’échange journaux, tabac, pain, en se les lançant, mais aussi parfois en se les portant. Des relations amicales se créent, ce qui était formellement interdit.
Les officiers supérieurs, loin du front, voyaient d’un très mauvais oeil ces fraternisations, qui étaient punies. Les sous-officiers laissaient souvent faire car, pour les soldats, il s’agissait surtout de règles de survie de base, histoire de se ménager des trèves dans la guerre et de ne pas devenir complètement fous...
Christian Le Meut

Frères de tranchées, éditions Perrin, 20 €, 270 pages.

28/12/2005

Nathalie Le Mel, un Bretonne à la tête de la Commune de Paris

Voici l’histoire surprenante d’une Bretonne, Nathalie Le Mel, née Duval, militante ouvrière qui s’est retrouvée à la tête de la commune de Paris. Nathalie Duval naît donc à Brest en 1826, sous le règne de Charles X. Elle se marie seize ans plus tard avec Jérôme Le Mel, en 1845 sous le règne de Louis-Philippe. Le couple a trois enfants, et il tient une librairie à Quimper, de 1849 à 1861. Nathalie Le Mel est une femme instruite avec des idées politiques de gauche, concernant, notamment, les droits des femmes.

Membre active de l’Internationale
En 1861, sous le règne de Napoléon III, le couple décide d’aller travailler à Paris. Là, Nathalie Le Mel devient relieuse. Les ouvriers n’ont pas le droit de créer de syndicats, alors elle participe à des “sociétés ouvrières” qui en font office. A l’époque, les femmes sont moins payées que les hommes (c’est encore le cas aujourd’hui, mais ce n’est plus légal). Nathalie participe activement aux grèves de 1864 et 1865 qui obtiennent, notamment, l’égalité des salaires pour les hommes et les femmes dans les ateliers de reliures. Elle est une membre active de la première internationale, créée en 1861 à Londres par Marx, Engels et Bakounine, pour rassembler les ouvriers du monde entier... Nathalie est placée à la tête d’un restaurant ouvrier, “La Marmite”, où l’on mange pour pas cher et où l’on parle beaucoup politique. Cela ne plaît guère à la police, qui la surveille, ni à son mari. Non seulement Jérôme Le Mel est devenu alcoolique mais il demande à sa femme de cesser ses activités politiques. Elle refuse, ils se séparent mais Nathalie continue de s’occuper des enfants.

Nathalie Le Mel sur une barricade
Guerre dans le couple, guerre dans le pays. Napoléon III déclare la guerre à l’Allemagne. Il est vaincu. La république est proclamée à Paris mais, rapidement, la commune de Paris refuse la politique du gouvernement de M. Thiers, qui se retire à Versailles. Nathalie Le Mel est une des femmes les plus actives de la commune des Paris. Elle créé l’Union des femmes qui y participe activement. Mais le gouvernement de Versailles envoie la troupe réprimer la commune de Paris. L’Union des femmes fournit des infirmières aux soldats communards. Mais les combats s’intensifiant, certaines femmes, dont Nathalie Le Mel prennent les armes et tiennent des barricades. La répression fait 20.000 morts. Nathalie Le Mel est arrêté, jugée, condamnée à la déportation à vie. Elle fait face à ses juges.

Déportée en Nouvelle-Calédonie et solidaire des Kanaks
Elle est déportée en Nouvelle-Calédonie dans le même bateau que Louise Michel. Les deux femmes sont amies, même si elles ne sont pas souvent d’accord. Louise Michel est proche des anarchistes, Nathalie est proche des socialistes... Louise Michel emporte avec elles dans son exil des livres en langue bretonne, pour apprendre la langue, notamment une grammaire, peut-être donnée par Nathalie Le Mel.  Nathalie reste six ans en Nouvelle-Calédonie, malade et éloignée de ses trois enfants... Elle est, comme Louise Michel, scandalisée par le traitement réservée à la population kanake : de plus en plus de terres sont prises aux Kanaks et les Français n’accordent aucun respect à leur culture. Étonnement, la majorité des communards déportés approuve la politique coloniale française... Pas Nathalie Le Mel ni Louise Michel. Cette dernière ouvre une école pour apprendre à lire et écrire à des enfants kanaks.

Une très longue vieillesse
Revenue à Paris en 1878, Nathalie Le Mel travaille comme ouvrière dans différents journaux. Toujours présente aux commémorations de la commune... Ses enfants morts, très pauvre elle-même, il n’y a quasiment plus personne pour s’occuper d’elle. Elle vit dans une pièce insalubre. Placée dans un hospice, elle y meurt le 25 mai 1921, au temps des cerises et à  l’âge de 96 ans.
L’histoire de Nathalie Le Mel est racontée dans un livre écrit par Eugène Kerbaul (décédé en août 2005) et intitulé : “Nathalie Le Mel, révolutionnaire et féministe”. Ce livre, édité à compte d’auteur, a été réédité par Le temps des cerises mais il est, hélas, épuisé... Il sera peut-être réédité en fin de cette année. Nathalie Le Mel n’a pas écrit ses mémoires. D’autres membres de la commune ont laissé des témoignages. Pas elle, et sa mémoire est un peu oubliée aujourd’hui. C’est dommage.
Christian Le Meut

Le livre "Nathalie Le Mel, une communarde bretonne, révolutionnaire et féministe" d'Eugène Kerbaul a été réédité aux éditions Le Temps des cerises,6 av. Edouard Vaillant, 93500 Pantin. Tél : 01 49 42 99 11.

http://www.letempsdescerises.net

Nathalie Le Mel, ur Vretonez e penn Kumun Pariz

Ur vuhez souezhus eo, buhez Nathalie Le Mel, ganet Duval. Ganet e Brest er bloaz 1826 ha dimezeet get Jérôme Le Mel e 1845... Ur stal levrioù oa bet dalc’het geti hag he gwaz e Kemper, e-pad daouzek vloaz, betek 1861, mare Napoléon an trived... Tri krouadur zo ganet en tiad-se. Ur vaouez desket oa  get sonjoù politikel ha sokial a gleiz, evit lakaat gwirioù ar merc’hed da vont araok, da skouer.

Nathalie hag he gwaz oa aet kuit evit moned da labourat e Paris e 1861. Du-hont Nathalie doa kavet ul labour evel “keinerez”. D’ar mare-se ne oa ket droad, e Frans, sevel sindikadoù. Kevredigezhioù, “sociétés” e galleg, veze savet neuze get ar vicherourion d’en em dolpiñ ha d’en em zifenn, ha Nathalie da vont e-barzh “kevredigezhioù” sort-se. D’ar prantad-se ar merc’hed veze paeet nebeutoc’h evit ar baotred. Ne oa na just, na reizh, met mod-se oa; dilezel eo hiziv an deiz me, neoazh, gobr ar merc’hed a chom izeloc’h evit gobr ar baotred. Nathalie Le Mel oa bet e penn an diskrogoù labour a oa bet dalc’het e Pariz er bloaz 1864 ha 1865. Hag a-gres d’an diskrogoù labour-se, ar merc’hed a laboure er stalioù “keinerezh” oa bet paeet evel ar baotred. Nathalie Le Mel oa daet da vout unan ag ar pennoù bras an Etrebroadel kentañ e Paris. An Etrebroadel oa bet savet e Londrez tri bloaz araok, get Marx, Engels ha Bakounine evit tolpiñ micherourion ar bed a-bezh.

E-penn “La marmite”
Goude-se, Nathalie Le Mel oa bet lakaet e-penn ur preti, anvet La Marmite. Ar stal se oa bet savet evit reiñ boued marc’hadmat d’ar vicherourion hag evit komz politik e-barzh. Ar bolis a daole ur sell ar-zu Nathalie hag he stal. Hag ar pezh a rae Nathalie ne blije ket tamm ebed d’he gwaz Jerôme, ivez. Hennezh n’doa troet fall : ul lonker bras oa daet da vout Jérôme Le Mel hag, oc'hpenn-se, eñ a faote paraat doc’h e vaouez a ober politik. Setu dispartiet an daou-se, pep hini d’e du. Met Nathalie a gendelc'he d’ober war dro he bugale.

Ur brezel etre Fransizion
Brezel oa er c’houplad-se, met brezel ivez etre Bro-Frans ha Bro Alamagn... Goude bout trec’het Napoléon an trived get an Alamaned, ar re-se oa erruet tro dro da Baris. Ar c’hrogadoù oa echu, ur republik oa bet savet e-lerc’h an impalerezh. Met kumun Paris ne oa ket a-du, tamm ebed, get gouarnamant an aotrou Thiers hag hennezh oa aet kuit betek Versailles e-lec’h chom barzh ur gerbenn en dispac’h... Ha Nathalie Le Mel, begon, startijenn geti c’hoazh, da sevel ur strollad evit ar merc’hed, “Unvaniezh ar merc’hed”, renet geti ha micherourezed all. Ar strollad-se a c’houlenne ingalded etre merc’hed ha paotred, hag ar justis sokial. Nathalie Le Mel oa unan a-verc’hed brudetan ar C’humun, get Louise Michel. Met ar gouarnamant staliet e Versailles ne faote ket dezhan lakaat Kumun Paris da vont araok; kaset n’doa an arme evit hi flastriñ... Ur brezel oa bet, etre Fransizion, Bretoned e-barzh, hag ar gumunarded da vout trec’het get an arme... Nathalie Le Mel hag he strollad merc’hed oa klandiourezed, kentoc’h. Met Nathalie doa dalc’het ur “barrikade” e-pad peder euriad, get merc’hed all, e tenniñ war ar soudarded.

Kaset da Galedonia Nevez...

Ur wezh echu ar Gumun, Nathalie Le Mel oa bet arrestet, barnet ha kondaonet da vout kaset da Galedonia Nevez get kumunarded all, ha chemel ase betek fin he buhez. Louise Michel ha Nathalie Le Mel oa bet kaset du-hont barzh ar memes bag. Louise Michel doa kemeret geti levrioù brezhoneg da zeskiñ hor yezh; ur yezhadur roet dezhi, marteze, get Nathalie Le Mel... Honnezh ha Louise Michel oa mignonnezed, met ne oant ket a-du kement-se. Nathalie oa tost d’ar sokialourion, ha Louise tostoc’h d’an anarkourion... Chomet int c’hwec’h vloaz er Galedonia Nevez. Nathalie oa klanv aliez, ha pell d’he bugale... Nathalie ha Louise oa bet spontet e wellet ar pezh veze graet d’ar re gKanak. Tapet veze dezhe muioc’h mui a zouar get ar Franzision hag ar re se n'o doa doujans ebet evit o sevenadur. Louise Michel 'doa savet ur skol evit deskiñ lenn ha skriv da vugale Kanak...

Marv d’an oad a 96 vloaz
Ur wezh deuet en dro da Baris, Nathalie Le Mel doa labouret e kazetennoù-zo. Met paour bras oa, ha klañv. Kaset oa bet d’an ospis. Nathalie oa erru kozh, met mont a rae bep bloaz da lidañ Kumum Paris. Trist eo bet fin he buhez. Marv oa he bugale ha ne oa ket kazimant den ebed evit ober ar he zro. Marv eo d'ar 25 a Viz Mae 1921, d’an oad a 96 vloaz. Istoer Nathalie Le Mel zo kontet barzh ul levr skrivet e galleg get Eugène Kerbaul hag anvet “Nathalie Le Mel, révolutionnaire et féministe”. N’he doa ket kontet he buhez he-unan dre skrid. Domaj eo.

Christian Le Meut

Eugène Kerbaul zo marv e miz Eost 2005. E levr zo bet adembannet get ar strollad : "Amis de la Commune de Paris", 46 rue des Cinq diamants, 75013 Paris.

01/12/2005

Nos ancêtres les Gaulois, les Bretons, les Romains, les Francs, les Arabes, les Basques...

Les débats actuels sur la mémoire historique française, coloniale notamment, m'incitent à rééditer cet article paru dans la revue Alternatives non-violentes. Petite contribution personnelle au débat collectif.

“Ne nous y trompons pas : l’image que nous avons des autres peuples, ou de nous-mêmes, est associée à l’Histoire qu’on nous a racontée quand nous étions enfants” écrit l’historien Marc Ferro dans “Comment on raconte l’histoire aux enfants” (1). L’enseignement scolaire de l’histoire a une influence prépondérante dans la construction des mémoires collectives et individuelles, mais pas lui seul : la famille, les médias, les monuments y contribuent aussi, et d’autres facteurs encore. Petit voyage en mémoire historique... Cet article vient de paraître dans le nouveau numéro de la revue Alternatives Non-Violentes.

Vannes, préfecture du Morbihan, est une ville ancienne, créée probablement il y a près de 2.000 ans par... ? Par les Romains, selon certaines sources; par les Vénètes, selon d’autres. Les Vénètes ? Ce peuple vaincu par Jules César lors d’une bataille maritime, en 56 av. JC. Des Gaulois, donc, me direz-vous. Euh... Pas sûr. Tous les historiens ne sont pas d’accord là-dessus : il pourrait s’agir d’un peuple descendant des populations mégalithiques qui, durant les millénaires précédents, ont dressé en Bretagne sud des champs de menhirs et une multitude de dolmen, cairns et autres cromlec’h. Ces populations là n’étaient pas celtes mais ont pu se mélanger ensuite avec des groupes celtes arrivés vers le premier millénaire avant J-C. Le dictionnaire d’histoire Mourre voit dans les Vénètes un peuple spécifique qui s’établit également en Vénétie. Un autre auteur, plus récent, suppose des liens avec ce peuple marin et explorateur qu’étaient les Phéniciens (2).

“Le vercingétorix” ?
Après avoir soumis la Gaule en 56, César doit y revenir quelques années plus tard pour mater la rébellion d’une partie des tribus gauloises plus ou moins unies derrière un chef... Vercingétorix. Mais était-ce son titre ou son nom ? L’historienne Suzanne Citron note dans “L’histoire de France autrement” que “Jules César a bien raconté qu’il avait battu un chef de la tribu des Arvernes. Mais nous ne savons même pas si le mot “vercingétorix” est un nom de personne ou s’il veut simplement dire “le chef” en langue arverne !” (3). Ce “Vercingétorix”, longtemps oublié des historiens, fut remis à jour par Henri Martin dans son “Histoire de France Populaire” (1875) : ”Henri Martin parvient à doter la France et les Français d’ancêtres réels et sympathiques (...). Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement l’existence de Vercingétorix” note un autre historien, Rémi Mallet (4).
Il fallait, au XIXe siècle inventer à la nation française, et donc à la République qui tient son pouvoir du peuple, des racines qui précèdent les dynasties royales (liées à l’église catholique depuis le sympathique tyran Clovis) et qui précèdent également l’invasion romaine. Des historiens républicains ont alors ressorti les “Gaulois” du placard, créant ainsi un mythe ethnique pour une république basée sur la citoyenneté, et pas sur l’ethnicité; sur le droit du sol et pas celui du sang. C’est ambiguïté dure encore. Aujourd’hui encore, est-on vraiment “égal” dans la République française si l’on ne ressemble pas à un descendant de Gaulois ?
Mais qui étaient ces Gaulois ? Des peuplades ayant des traits culturels communs, des origines communes, probablement, mais avec des exceptions (les Vénètes, les Basques ?...). La Gaule était un espace géographique, pas un Etat organisé. “Gaulois”, ce nom leur a été donné par les Romains, Jules César l’utilise en précisant qu’eux-mêmes s’appelaient “Celtes”. “Gallia” est le nom latin donné à l’espace géographique entre l’Atlantique et le Rhin.



“Evel ur vro digabestr”
Mais revenons aux rues pavées de Vannes et à ses murailles. Une plaque de marbre scellée dans la pierre y rappelle que “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité d’union du duché de Bretagne au Royaume de France. La Bretagne conserva un statut d’autonomie abrogé par la Révolution Française de 1789”. C’est donc gravé dans le marbre.
Mais, sur la même plaque, la citation en français que je viens de vous livrer est précédée d’une citation en langue bretonne, que je traduis ainsi, avec l’aide du professeur de breton Daniel Carré : “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité qui mit fin à la liberté de la Bretagne. Bien qu’étant rattachée au royaume de France à partir de cette date, la Bretagne s’administra comme un pays libre jusqu’à la révolution française de 1789”...
Voilà donc sur une plaque officielle, scellée aux remparts de Vannes, deux phrases censées signifier la même chose mais dont le sens diffère. La phrase en breton parle de “fin de la liberté de la Bretagne”; l’autre d’une simple signature d’un “traité d’union”... Son inauguration suscita d’ailleurs quelques polémiques. Et si ces deux phrases n’étaient pas fausses ?

Un hommage simple sans serment de fidélité
Car oui, c’est bien à Vannes que fut signé le traité de 1532 signé par François Ier, roi de France, scellant de manière définitive le “rattachement” de la Bretagne à la France. Alors pourquoi parler de “fin de la liberté de la Bretagne” ? L’affaire a commencé en 1488-1491. Trois années durant lesquelles trois campagnes militaires furent menées par le roi de France de l’époque, Charles IX, pour soumettre le duché de Bretagne.
Les ducs de Bretagne levaient l’impôt, décidaient des lois, faisaient justice, levaient des armées, parfois contre le roi de France lui-même... Ce duché rebelle sur le flanc ouest du royaume de France était lourd de menace pour la monarchie capétienne, alors même que la Bourgogne venait juste d’être soumise. Le duché faisait partie du royaume, mais de loin. Les Bretons pouvaient, le cas échéant, porter leurs affaires judiciaires devant les tribunaux parisiens (comme aujourd’hui les tribunaux européens ?). Et le duc n’était pas roi : il devait rendre un hommage au roi de France, mais un “hommage simple sans agenouillement ni serment de fidélité” (5)... Très forte autonomie, donc. La jeune duchesse Anne, couronnée en 1490 était manifestement soucieuse de préserver cette autonomie. Elle décida de se marier au duc d’Autriche, Maximilien de Hagsbourg. Ce mariage trahissait un accord signé auparavant avec le roi de France et ne fut pas suffisant pour emporter la partie.

Des milliers de morts à Saint-Aubin du Cormier
A la bataille de Saint-Aubin du Cormier, pès de Rennes, en 1488, 5.000 à 6.000 soldats tombèrent du côté des vaincus (les Bretons et leurs alliés) quand 1.500 tombèrent du côté de l’armée du roi. 11.000 hommes constituait l’armée de la duchesse, 15.000 celle du roi. On avait mis les moyens, mais peu de gens, en Bretagne et en France, ont entendu parler de cette bataille décisive qui ne figure pas dans les programmes scolaires. Comme quoi, les manuels scolaires d'histoire de France ne se gargarisent pas de toutes les victoires françaises... Celle-ci amènerait peut-être les élèves à ses poser des questions peu souhaitables. Comment ça, une guerre a opposé le roi de France au duc de Bretagne ? Prise au piège dans la ville de Rennes, Anne de Bretagne fut sommée de se soumettre. Le mariage autrichien annulé (il n’avait pas été consommé), elle fut emmenée et contrainte de se marier rapidement au roi de France, Charles IX, en 1491. A la mort de celui-ci, elle épousa Louis XII, son successeur. Aucun garçon ne naquit de ces unions mais deux filles. L’aînée, Claude, épousa le roi suivant, François 1er. Puis les rois suivants, descendants de Claude et de François furent également duc de Bretagne...

Trois mariages et un rattachement
La Bretagne valait bien trois mariages. trois mariages et un “rattachement” aux allures de conquête et d’annexion. Toutefois, l’accord de 1532 laissait à la Bretagne certaines prérogatives, fiscales notamment. Le roi ne pouvait lever impôt sans l’assentiment du parlement établi à Rennes. Ces droits spécifiques furent source de tensions à plusieurs reprises, jusqu’à leur abrogation dans la nuit du 4 août 1789 en tant que “privilèges”... Et alors même que les députés bretons envoyés siéger aux Etats-généraux (devenus assemblée constituante), n’avaient en rien été mandatés pour cela... Alors oui, l’accord de 1532 mit fin à une certaine forme de “liberté” de la Bretagne, comme l’indique la plaque commémorative vannetaise; mais de qui en Bretagne ? Des ducs et duchesses de Bretagne, assurément, de la noblesse ? Mais le peuple fut-il mieux traiter avant le “rattachement” qu’après ? Quant à la phrase en français qui figure sur la plaque commémorative n’est pas fausse non plus, elle est plus neutre, il s’agit bien d’un “traité d’union”. Les différentes façons de dire l’histoire, même une fois gravées dans le marbre, révèles des contradictions, des oublis, volontaires ou pas. Mais elles peuvent aussi être complémentaires.



Jéhanne La Flamme...
Enfant, je me souviens m’être interrogé sur cette Jéhanne La Flamme dont plusieurs lieux portaient le nom dans la ville où j’habitais, Hennebont, une autre cité médiévale, à 50 km à l’Ouest de Vannes. Cela non plus, n’était pas enseigné aux enfants. Je connaissais les exploits de Jéhanne d’Arc, voire de Jéhanne Hachette, mais pas ceux de Jéhanne La Flamme... Je découvris qu’au XIVe siècle, cette duchesse de Bretagne, enfermée dans la ville close d’Hennebont, avait “mis le feu” au camp des Français (d’où peut-être son surnom)... “Au camp des Français...”; et en plus elle était soutenue dans sa lutte par les Anglais. Pour le petit Français que j’étais, cette découverte fut le début de biens d’autres mais que je ne trouvais pas dans les manuels de l’Education nationale. Non, en cherchant par moi-même dans les librairies, les bibliothèques... Pourquoi apprendre des batailles lointaines et ne rien savoir de celles qui ont eu lieu dans la ville où j’habitais ?

D’un mythe à l’autre
Pour s’auto-légitimer les pouvoirs, monarchiques, dictatoriaux, et même démocratiques, se façonnent depuis des millénaires des mythologies nationales souvent bien éloignées des réalités historiques (6). Ainsi les rois de France, comme les ducs de Bretagne, prétendirent descendre des Troyens ! L’historienne Suzanne Citron a montré, à travers ses ouvrages (7) comment certains historiens républicains du XIXe siècle ont créé une histoire officielle tendant à faire de la France un Etat prenant ses racines dans l’antiquité gauloise, un Etat quasiment éternel, préexistant. Un Etat-nation légitimé par ses ancêtres. L’histoire enseignée a encore pour but de montrer la formation de l’Etat français, monarchique puis républicain.

A travers le “domaine royal”, contrôlé directement par les rois, les régions du nord et du sud de la Loire sont progressivement intégrées, puis les régions “périphériques” comme la Bretagne, l’Alsace, la Corse... Cette extension a parfois eu lieu par le jeu d’alliances matrimoniales, sans violence, d’autres fois, comme en Bretagne, suite à une guerre. Mais les raisons et les circonstances sont rarement expliquées aux enfants, comme s’il s’agissait d’un processus naturel, évident. Les hors-catégories de toutes sortes (Juifs, Cathares, Bretons, Corses, Basques, pays colonisés...) ne sont mentionnés, en général, que lors de leur intégration au royaume ou à la république. Comme s’ils n’avaient pas d’existence autonome avant.

Une histoire contre l’autre ?
L’étude de l’histoire locale et régionale prouve le contraire. En Bretagne, un manuel d’histoire a été édité par le Centre de recherche et de documentation pédagogique, pour raconter l’histoire régionale (8). Il a été distribué largement dans les écoles. Cette démarche peut-être intéressante si elle est accompagnée par les enseignants pour montrer qu’il y a différentes façons de raconter l’histoire; les processus qui mènent à la formation des Etats; les différents types d’organisations des sociétés (centralismes, autonomie, fédération, décentralisation...).
Le danger existe de vouloir substituer une histoire nationale, un mythe national, à une autre. Une histoire de la Bretagne à la place de l’histoire de France. Là n’est pas mon propos. Je crois, par contre, qu’en partant du local on peut accéder à l’universel. Former une mémoire critique, curieuse, chercheuse, ouverte et non enfermée dans un schéma unique et nationaliste, consciente également des incertitudes historiques.

Egalité ou uniformité ?
C’est un paradoxe que de voir l’identité nationale française construite sur un mythe ethnique (les Gaulois), alors qu’elle proclame l’égalité des citoyens de toutes origines devant la loi. Mais quand on est blanc et francophone, on est plus “égaux” que les autres. La France, pourtant, s’est construite sur des bases multiculturelles : les populations mégalithiques puis les Celtes-Gaulois, puis les Romains et les Gallo-Romains, puis les Germains (les Francs parlaient une langue germanique) et une multitude d’autres populations depuis, venues pacifiquement ou pas. Cette diversité s’est traduite par une très grande richesse linguistique et culturelle que la monarchie n’a pas systématiquement cherché à faire disparaître (tant qu’on lui payait l’impôt et lui fournissait des conscrits) mais que la République, elle a cherché à niveler. N’aurait-elle pas confondu égalité et uniformité ?

Les difficultés à concevoir une histoire multicurelle ne se retrouvent-elles pas aujourd’hui dans les difficultés à intégrer les générations issues de l’immigration ou de la traite des Noirs (Antilles) ? Dans la difficulté qu’à la France à intégrer des différences régionales dans l’Hexagone (Basques, Corses, Bretons...) ? Dans l’impasse où sont les langues régionales, toujours privées de reconnaissance légale en France ? La France a-t-elle rompu avec sa vision coloniale sur les peuples “étrangers” et sur les peuples vaincus de l'Hexagone ? Ces peuples qui n’avaient pas d’histoire avant que la France ne les envahisse ? Pas d’histoire, pas de langue (non seulement des dialectes, des idiomes, des patois), pas de culture...

Du local à l’universel
Partir du local, de l’histoire des gens, pour ensuite accéder au national, puis à l’Europe et à l’ensemble de l’histoire de la planète. Je ne suis pas pédagogue, juste un citoyen qui se pose des questions : comment enseigner l’histoire pour la rendre vivante, porteuse de culture et d’une mémoire qui n’enferme pas ? Comment montrer les conflits, les contradictions, les différentes versions; lesquelles sont fausses, incomplètes, manipulatrices ?...
L’enseignement de l’histoire peut former à l’esprit critique, donc à l’esprit citoyen. Il peut aussi enfermer dans des schémas trompeurs et nationalistes, fauteurs potentiels de violence et de guerre. Au-delà de l’histoire et de la mémoire, c’est la question du contrat social qui apparaît : comment vivre ensemble avec nos différences ? Respecter ces différences tout en faisant vivre le projet démocratique et les droits de l’Homme ? L’enseignement de l’histoire en France doit-il d’abord former des Français ou doit-il d’abord former des êtres humains conscients de la complexité de l'histoire ?
Christian Le Meut

Alternatives Non-Violentes, n°136, 12 €, Centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen; ce dossier sur l'histoire comprend également un article de l'historienne Suzanne Citron sur le mythe national, un autre sur Sétif en 1945, les suivants sur l'histoire locale en Normandie vue à travers la presse locale, les prix Nobel de la Paix, le Mémorial de Caen et enfin la place des femmes dans le mouvements des droits civiques aux Etats-Unis.
anv.revue@wanadoo.fr

(1) “Comment on raconte l’histoire aux enfants”, Petite bibliothèque Payot, août 2004. Une étude étonnante sur la façon d’enseigner l’histoire à travers le monde et son évolution dans le temps.
(2) “Essai impertinent sur l’histoire de la Bretagne méridionale”, Camille Busson, Ed. L’Harmattan, 2005.
(3) “L’histoire de France autrement”, p. 14, Ed. de l’Atelier, 1995. Suzanne Citron, agrégée d’histoire, tente une approche nouvelle de l’enseignement de l’histoire de France dans ce livre, et du monde dans “L’histoire des hommes” (Syros, 1996).
(4) Cité par Suzanne Citron dans L’histoire de France autrement, p.15.
(5) “L’union de la Bretagne à la France”, Daniel Le Page, Michel Nassiet, Ed. Skol Vreizh, 2003. Une étude historique précise et nuancée.
(6) Mythes fondateurs de la Bretagne, Joseph Rio, ed. Ouest-France, 2000.
(7) Le mythe national, l’histoire de France en question, Ed. ouvrières, 1991.
(8) Bretagne, une histoire, CRDP de Bretagne; Louis Elegoët; existe aussi en langue bretonne.
(9) “Comment se fait l’histoire, pratiques et enjeux” : ouvrage collectif, p. 11, Ed. La Découverte, 2005.

19/11/2005

Levr nevez : Eil derez

Setu ul levr nevez embannet get Keit vimp bev, evit ar grennarded, skrivet get Gi Bideau, e gwenedeg... Bourrapl eo, n’eus ket kement se a levrioù embannet e gwenedeg. Tri ugent pajenn zo. Istoer ur verc’h yaouank, Anna ar Borgn, ur verc’h a feson, jentil hag a zesk mat er skolaj... Dispartiet eo he zud, Mari, he mamm ha Yann, he zad. Yann zo un den trist awalc’h, tapet get poan spered alies, met karet get e verc’h memestra. Chomet eo en e unan goude an disparti, met Mari zo aet get un den all, Mark...
Un deiz he zad a bellgomz da Anna. Laouen bras eo, ar pezh n’eo ket bemdez: ur dra nevez ha souezhus n’eus da lâret d’e verc’h, met ur souezhadenn eo, ha ne lâr ket netra da Anna doc’htu. Ret vo gortoz o emgav kentañ, e fin ar sizhun... Ya, met an deiz ar lerc’h emañ kavet Yann marv en e di... En em lazhet en deus e tapout re a louzou ! Trist eo Anna met n’hella ket krediñ anezhi en deus en em lazhet he zad...
Ya, met, mard emañ bet lazhet Yann, perak ha get piv ?... Doérieù all zo ar sizhun se : un den n’eus gouniet el loto e memes ker e lec’h m’emañ e chom Yann ha Anna ... Hag ur mignon da Yann eo ! Anna a grog da furchal ha petra vo kavet geti ? Ne z'in ket pelloc'h. Deoc’h c’hwi da lenn : Eil derez... Ur romant a blijo ivez d’an tud a vour dezhe ar matematikoù !

Eil derez, Gi Bideau, embannet get Keit vimp bev (29250 Laz - 02 98 26 87 12), 5 €.. Kavet 'vez al levrioù se er stalioù zo (Lenn ha dilenn e Gwened, Koop Breizh An Oriant...).

En français : petite note sur "Eil derez" (second degré) un livre en breton qui vient de paraître à destination des adolescents brittophones (parlant breton). Depuis vingt ans les écoles bilingues se sont développées, mais les enfants évoluent souvent dans un univers uniquement francophone hors de l'école. Le breton, langue interdite à l'école pendant près d'un siècle, devient pour eux la langue scolaire, avec ses contraintes, et le français celle du plaisir ! D'où l'importance d'éditer des ouvrages à leur destination. Encore faut-il qu'ils les lisent ! Certains passent plus de temps devant la télé ou l'ordinateur qu'à lire des livres...

Christian Le Meut

29/10/2005

Quel développement durable pour les langues de la planète ?

L’expression “développement durable” fait florès, mais il est surprenant de constater que la question des cultures et les langues ne semble pas être intégrées dans cette dynamique, en tout cas en France. Pourquoi ne pas envisager un “développement durable des langues” dans le but de sauvegarder la diversité linguistique et culturelle mondiale comme le soulignent, un livre remarquable paru en 2003, “Ces langues, ces voix qui s’effacent”, Daniel Nettel, anthropologue, et Suzanne Romaine, professeur d’anglais à Oxford (ed. Autrement).

Environ 6.000 langues sont parlées actuellement dans le monde, et la moitié risque de disparaître durant ce siècle. En australie “90 % des langues aborigènes sont proches de l’extinction”, et c’est aussi le cas de beaucoup de langues amérindiennes. Les zones de grandes diversité linguistique correspondent aux zones de grande biodiversité, constatent les auteurs mais “la disparition des langues semble refléter l’effondrement général des écosystèmes dans le monde”... Imposer à une population de changer de langue est, de ce point de vue, un crime culturel que certains textes fondamentaux sur les droits de l’Homme définissent clairement.

“L’importance culturelle du poisson”
“Le vocabulaire d’une langue est l’inventaire de tout ce dont une culture parle et de ce qu’elle a classifié afin de donner un sens au monde et de survivre dans un écosystème local. Ainsi, l’importance économique et culturelle du poisson se reflète dans les langues océaniques du Pacifique” (p. 65) notent les auteurs.

“Le savoir scientifique occidental sur la gestion des ressources marines, par exemple, est toujours très faible. La gestion des ressources est particulièrement difficile sous les tropiques, en raison de la grande diversité des fonds marins et de la multitude de formes de vie qui s’y trouvent” (...) “Malheureusement, à cause de l’influence de la technologie occidentale sur les pratiques de pêche traditionnelles dans les communautés des petits atolls, de nombreuses zones coralliennes du Pacifique subissent une pêche intensive, tandis que d’autres ne sont pas du tout utilisées. En outre, la connaissance détaillée des insulaires de leur environnement, essentielle à leur autosuffisance, a été érodée par l’introduction de l’éducation occidentale et de l’économie de marché.

Une connaissance approfondie des milieux
Jusqu’à récemment, les habitants de l’île de Kapingaramangi (Micronésie) pratiquaient des techniques de pêche sur plus de 200 espèces de poissons, aucune d’entre elle n’étant exploitée au point d’être menacée d’extinction.” Selon les auteurs, les techniques de pêche traditionnelle s’avéraient souvent supérieure aux techniques introduites. Certains types d’organisation sociale permettaient la préservation des espèces (zones de pêche interdite)...

“Les pêcheurs traditionnels, en particulier sur les petits îles où les gens dépendent toujours de la mer pour leur nourriture, constituent toujours de riches sources d’information, inconnues des scientifiques occidentaux. Des siècles avant l’apparition des biologistes, les habitants du Palau savaient que certains types de vibration pouvaient être utilisés pour attirer les requins. Les concombres de mer, par exemple, étaient traditionnellement utilisés en Océanie comme poison pour les poissons, mais les biologistes n’ont établie leur toxicité que dans les années 1950”. Les auteurs citent de nombreux autres exemples de connaissances véhiculées par les langues, notamment pour définir les différents stades de croissance de chaque espèce de poisson... Or ces savoirs risquent de disparaître avec ces langues. Les auteurs pointent également la recherche scientifique occidentale, peut portée sur l’étude des savoirs ancestraux. Ces savoirs pourraient, pourtant, apporter de nouvelles connaissances, voire de nouveaux outils d’analyse.

L’écologie des langues
“La langue fait partie d’une écologie complexe qui doit être protégée pour maintenir la biodiversité” soutiennent les auteurs qui constatent également que “La différence linguistique condamne l’Autre à être le sauvage” (p. 63). Un complexe colonial demeure, en effet, entre les langues dites “indigènes”, d’une part, et les langues colonisatrices d’autre part (anglais, français, espagnol...), qui jouissent d’un prestige culturel et d’un poids économique toujours très fort. Chaque année, des dizaines de langues meurent. Ce sont des outils de connaissances et des biens précieux de l’humanité qui disparaissent ainsi.

Christian Le Meut

Ces langues, ces voix qui s'effacent, D. Nettel, S. Romaine, Ed. Autrement, 19 €.

28/08/2005

Emile Masson (1869-1923) : "kelenner frankiz"

Piv oa Emile Masson ? Kelener saozneg, skrivagnour, barzh, prederour, peoc’helour, ekologour, brezhoneger, “feministour”, libertaer... Razh an traoù se, hervez a pezh e c’heller lenn hiziv an deiz a ziar e benn.

Ha gwir eo, pinvidik bras oa bet buhez Emile Masson met re verr. Masson zo ganet e Brest e 1869 ha marv eo e Pondi e 1923. Dimezet get ur vaouez a Gembre, Elsie, Masson oa tad daou mab. Unan, Michel zo daet da voud maer Pondi e bleadeu dek ha tri ugent. Emile Masson oa e chom e Roazhon 1899 pa oa bet barnet du hont ar c’hapitaine Dreyfus. Masson oa un “dreyfusard” get tud evel Péguy ha Zola. Dreyfus oa bet tamallet bout trahiset Bro Frans get pennoù bras en arme rak yudev oa anezhan, e lec’h un ofisour all, Esterhazy... D’ar prantad se tud a bep sort, kristenion, laikourion, libertaerion, sosialistourion o doa en em savet evit difenn Dreyfus hag ar wirionez, a enep un arme re grenv, hag a enep hag a enep ar rasism.

Gwenedeg desket get al liseidi
Masson oa bet studiour ha kelenner e Bro C’hall (Paris, Loudun, Saumur...) araok bout anvet Pondi, e 1904. Eno, Masson n'doa gwellet an difor etre liseidi a Bondi, gallegerion ha bourhision, hag ar re all, liseidi ag er maezioù, brezhonegerion ha peisanted. Poan o doa da zeskiñ mat kar razh an traoù veze kelennet e galleg hepken, dre “soubidigezh”... Masson n’desket brezhoneg gete e reiñ kentelioù saozneg dezhe; ha kroget en doa da gomz gwenedeg get tud ag ar vro.


Masson n’doa skrivet ur bochad levrioù, romantoù dreist holl. He levr kentañ oa bet embannet kant vloaz zo, e 1905, a ziout buhez ur c’helennour : “Yves Madec professeur de collège”. Sinet oa bet al levr get un anv all, Brenn, rak Masson a skrive e vuhez kelennour, ar pezh oa difennet d’ober. D’ar c’houlz se, ar re a laboure edan ar Stad n’o doa ket droad d’en em lakaat en ur sindikad. Trec’het oa bet Bro Frans get an Alamagn ha tapet an Alzas hag al Lorraine geti... Ret a oa lakaat ar vugale da vout soudarded en o fenn : hag al labour-se veze graet get ar mistri skol hag ar gelennerion. Masson ne oa ket a-du tamm ebet. Faote dezhan bout tost d'ar vugale ha kas anezhe da zizoloeiñ an natur, ar peoc’h, ar sevenadur, ar yezhoù, ar frankiz... Pell awalc’h da spered an arme !

Brug evit ar brezhonegourioñ
Evit lakaat ar mennozhioù nevez-se da vout brudet barzh ar bobl, al labourizion douar, ar vicherourion, Masson n’doa savet ur gelaouenn e brezhoneg, Brug, e 1913, get ur strollad mignoned dezhan (al livour Lemordant da skouer). Masson oa kentoc’h animatour ar gelaouenn. 2.200 skouer ‘veze embannet e 1914, ar pezh a oa kalz memestra. Masson a faote dezhan stourm a enep ar “mennozhioù kozh”, hervezan, embannet get tud evel Loeiz Herrieu hag e gazetenn gristenn Dihunamb.

Siwazh, arrestet en doa Brug get ar brezel bed kentañ. Masson ne oa ket a-du get ar brezel se. Kendelc’het en doa da lâr e sonjoù habask e pad ar brezel pa oa mignoned dezhan evel Péguy ha Gustave Hervé deuet de vout brezelourion (evit an “Union sacrée”). Péguy zo marv war an talbenn. Masson oa, dre lizher, mignon Romain Rolland, ar skrivagner brudetan en Europa a oa a enep ar brezel. Hervez Masson, dibosupl oa sevel ur bed nevez, gwelloc’h, justoc’h, habaskoc’h, dre an daerded, dre ar feulster. Tost oa e sonjoù da sonjoù Tolstoï ha Ruskin... A gaos d’ar mennozhioù se, ne oa ket Masson troet sot get an dispac’h bolchevik e Russia, e 1917. Masson a welle sklaer, ar pezh ne oa ket gwir evit ur bochad mignonned dezhan.

Klanv bras oa bet Masson e pad e vuhez met labouret en doa kalz memestra. Marv e Paris e 1923. Hag ankoueit eo bet ar lerc’h get ar Vretoned, ar pezh ne oa ket just. Eurusamant, levrioù a zo bet embannet abaoe ugent vloazh evit derch’el sonj a vMasson... Ha monet araok war an hentoù digoret getan ?
Christian Le Meut

Levrioù da lenn :
- Un dra bennag a zo da jeñch er bed, Emile Masson ha Brug, 1913-1914, Fañch Broudig, Ed. Brud nevez, 2003.
- Emile Masson, professeur de liberté, J-D. et M. Giraud, Ed. Canope, 1991. Ul levr aes tre da lenn evit a re a faota anavezout buhez Masson.
- Emile Masson, prophète et rebelle, Presse universitaire de Rennes, 2005, levr skrivet goude kolok Emile Masson dalc’het e Pondi e 2003; kaset da benn get J-D. ha M. Girault.

Levrioù Masson a zelihe bout embannet en dro a benn nebeut get Presses universitaires de Rennes.

17/08/2005

Livre : Pratiques d’éducation non-violente

Cet ouvrage paru fin 2004 est une compilation d'environ 50 articles publiés dans la revue Non-violence actualité sur les pratiques en matière d’éducation non-violente en France. La première partie est consacrée à l’école : programmes pour apprendre à mieux vivre ensemble, développement de la médiation scolaire (formation d’enfants médiateurs pour intervenir dans les conflits entre élèves...), démocratie scolaire... La seconde partie présente des initiatives hors de l’école (jeux coopératifs, théâtre, échanges de savoirs, négociation...). La troisième partie aborde les questions pédagogiques : éduquer à la responsabilité, pédagogie Freinet, relations familles-écoles... Enfin la quatrième partie est intitulée “Une éducation à la non-violence pour mieux vivre ensemble”.

En fin d’ouvrage, des textes de références, notamment sur la Coordination internationale pour une culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde (2001-2010).
Pratiques d’éducation non-violente a été coordonné par Bernadette Bayada et Guy Boubault. Il reprend une dizaine d’articles que j’ai écrits lorsque je travaillais à Non-Violence Actualité (1988-2000).

Pratiques d'éducation non-violente, 14 € (+ port) :
diffusion par Non-Violence Actualité, BP 241, 45202 Montargis cedex.
Mail : nonviolence.actualité@wanadoo.fr
site : www.nonviolence-actualite.org

11/08/2005

6.700 langues parlées dans le monde

Voulez-vous faire un petit voyage afin de mieux connaître les langues parlées dans le monde entier ? Rien de plus facile, il suffit de lire un numéro spécial de l’hebdomadaire “Courrier international” intitulé “Causes toujours” et paru en mars 2003. Chaque semaine Courrier international traduit en français des articles du monde entier sur l’actualité international, mais ce numéro spécial est uniquement consacré aux 6.700 langues parlées au jour d’aujourd’hui sur notre belle planète. Il coûte 6,5 euros. La première partie comporte des articles expliquant cette diversité linguistique et comment sont apparues les langues anciennes, comme l’indo européen qui est, dans l’état actuel des connaissances historiques, la langue mère de la grande majorité des langues parlées en Europe aujourd’hui, langues latines, celtiques, germaniques, etc.

Le français 12e langue parlée
Il y a ensuite une sorte de panorama des langues les plus parlées dans le monde. Le champion est le chinois, parlé par plus d’un milliard de personnes. Mais, là aussi, une vraie diversité existe, des dialectes à foison, et des débats et tensions existent entre les partisans de ces différents dialectes. La seconde position est tenue par l’anglais quant à la troisième, elle va à l’hindi, langue nationale de l’Inde parlée par près de 900 millions de personnes. Le français arrive douzième avec 125 millions de locuteurs.
Le destin de l’anglais est étrange. Au Moyen-âge, et même jusqu’à la Renaissance, cette langue était fortement méprisée par les élites intellectuelles britanniques et européennes car elle était surtout la langue du peuple, la langue des pauvres. Aujourd’hui, elle est devenue la langue internationale, par les hasards de l’histoire. Mais des questions sont posées dans ce numéro sur l’avenir de l’anglais et de sa position dominante. Les anglophone de langue maternelle sont à peine 6% de la population mondiale, quand les sinophones sont 15%. La domination de l’anglais sur internet tendrait à se réduire au profit d’autres langues et, là où il est parlé, l’anglais se mélange souvent avec d’autres langues, comme à Singapour ou aux Etats-Unis. L’on voit ainsi apparaître des dialectes nouveaux comme le “spanglish” aux Etats-Unis.

Surprise québécoise
D’autres surprises nous attendent à la lecture des articles. Ainsi, l’on découvre que le système fédérale canadien est officiellement bilingue, anglo-français, depuis 1969, mais que le Québec refuse d’appliquer certaines lois sur le bilinguisme dans sur son territoire... Cela l’amènerait à donner plus de droit à sa minorité anglophone ! Du coup, cette attitude entraîne des tensions avec les autres communautés francophones du Canada, minoritaires, elles, comme au Nouveau Brunswick et au Manitoba.

(A suivre)

Christian Le Meut