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09/01/2006

Langues régionales : changer la Constitution ?

Nevez : Catherine Ollivro, kelenourez a Roazhon, deus savet ur blog evit goulenn d'ar re a vo war ar rank e 2007 (evit bout prezidant ar Republik) mard e vehent a du pe pas chanch ar Vonreizh evit menegiñ ar yezhoù rannvroel e barzh. Sellit doc'h :

Nouveau, une enseignante de Rennes, Catherine Ollivro, vient de créer un blog pour demander que les candidats à la présidentielle 2007 prennent position sur un changement de la Constitution qui ferait une place aux langues régionales :

bretagne-article2.viabloga.com

02/01/2006

Des nouvelles du picard !

Voici un article paru dans l'Humanité du 8 décembre concernant le picard, langue d'oïl, comme le gallo en Bretagne, parlée encore de la Picardie à la Belgique (cet article figurait sur le site de Diwan, qui répertorie régulièrement des articles sur les langues régionales) :
 
"Les premières Journées interrégionales de la langue picarde ont mis en relief la discrimination dont souffre une langue parlée par deux millions d’habitants de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais et du Hainaut belge.

Plus de 120 personnes ont participé vendredi 2 décembre aux premières Journées interrégionales de la langue picarde sur le site du carreau de la mine de Wallers Arenberg à l’invitation de la communauté d’agglomérations de la porte du Hainaut. Élus, responsables associatifs, universitaires, artistes, conteurs ou simples locuteurs, ils ont adopté à la fin de la réunion un appel dans lequel ils « affirment leur appartenance à une communauté culturelle et linguistique interrégionale transfrontalière ». Les participants souhaitent renouveler la démarche des Journées de la langue picarde, pour qu’elles se tiennent alternativement dans les trois régions linguistiques, les régions françaises de Picardie, Nord - Pas-de-Calais et, en Belgique, le Hainaut. Dans cet appel, ils souhaitent « la mise en oeuvre de projets interrégionaux et transfrontaliers dès l’année 2006 » et ils « réclament l’application à la langue picarde des mesures existantes en faveur des langues et cultures régionales au sein de l’éducation nationale ». La discrimination fut en effet un des thèmes principaux des débats. Le picard est boudé par l’éducation nationale alors qu’il prouve régulièrement sa vitalité sur toutes les scènes artistiques des régions concernées ou tout simplement dans la vie courante. « Le picard ne meurt pas, il y a des salles pleines chaque fois que nous faisons des représentations en langue picarde », ont témoigné des artistes et des conteurs. Et contrairement à certaines régions qui soutiennent leur langue sur un fond de séparatisme politique, « la revendication du picard est purement culturelle. Elle n’implique aucun enjeu de pouvoir », a souligné Jean-Michel Eloy, professeur de linguistique à l’université de Picardie, directeur du Centre d’études picardes du laboratoire d’études sociolinguistiques qui a ouvert les Journées*. Jean-Michel Eloy prône un enseignement du picard, langue du dominé qui, après quatre siècles « de pression politique maximale », crée une identification négative. Mais, et c’est une de ses forces, à cause de cette mise à l’écart, le picard est une langue en liberté que les pouvoirs n’ont jamais investie. Parlée ou comprise par près de deux millions de personnes au sein d’une zone de sept millions d’habitants, elle est une des plus vivaces des langues régionales « endogènes » de France.

La langue peut devenir outil de développement économique. Dans une Europe où les régions sont confrontées à la concurrence, l’image, la notoriété deviennent enjeux de pouvoir. Le picard, dit Jean-Michel Eloy, « est un élément d’image très fort, disponible pour la modernité. C’est une langue de gens travailleurs, résistants, qui ont intégré les bases de l’immigration, qui sont plus malins qu’ils en ont l’air. Il faut rendre leur fierté à ces gens par une politique linguistique positive. Il y a 130 langues différentes parlées dans le Nord - Pas-de-Calais et qu’est-ce qu’on en fait ? Rien ». La langue, a dit Jacques Landrecies, maître de conférences en langue et culture régionales à l’université de Lille-III, « est un objet de savoir et c’est une réalité qui dérange ». Le picard peut devenir un outil incomparable d’insertion dans les régions industrielles sinistrées du Nord. L’expérience racontée par Pascal Laby, de l’Association pour l’insertion sociale d’Avesnes-lez-Aubert, auprès de 180 personnes montre que le picard a servi d’outil pédagogique, outil d’insertion sociale.

Organisées par les associations Insanne, le département langues et culture de Picardie du conseil régional et la maison de la culture du Hainaut, les Journées interrégionales ont ouvert une coopération inédite entre les trois régions en vue de la création d’un centre interrégional souhaité par Alain Bocquet, député communiste et président de la porte du Hainaut. La seule fausse note fut l’absence remarquée d’un représentant du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais !

Jacques Moran/L'Humanité/08/12/2005
* Petit commentaire du responsable de ce blog (webmaster en français dans le texte) : en France, où règne le régime de la langue unique, demander un soutien public à une langue régionale, le picard, le breton ou une autre, est forcément un combat politique tellement la religion de la langue française est ancrée profondément dans les mentalités. Il est un peu naïf de croire que la langue picarde pourra survivre sans une action sur le terrain citoyen, donc politique. Les militants des langues régionales d'oïl, dont le picard et le gallo font partie, ont beaucoup de mérite car leurs langues, cousines du français, sont souvent assimilées à celui-ci, ou considérées comme des "patois" ou des "dialectes" du français alors que ce n'est pas le cas. Je suis toujours surpris, d'ailleurs, quand j'entends des militants de la langue bretonne, voire des bretonnants, qualifier le gallo de "dialecte"... Il y a peu encore, le breton était qualifié de "patois" sur un règlement de Wanadoo... Pas plus tard qu'hier et aujourd'hui, sur France Culture, j'ai entendu parler de "patois" dans la bouche de l'éminent historien Pierre Nora, et de "bas-breton" dans la bouche d'un critique littéraire du "Masque et la plume". Le "Bas-breton", késako ? Le terme est, pour le moins obsolète...
On est toujours le plouc - ou le patoisans - de quelqu'un.
Christian Le Meut

23/12/2005

Du passé faisons table rase !

Soyons modernes, mesdames messieurs, il n’y a que ça de vrai, la modernité. Alors allons faire un tour du côté des États-Unis, le fleuron mondial de notre modernité contemporaine. Là-bas, les 125 habitants du village de Clark ont décidé de changer le nom de leur commune. Non pas pour lui donner un plus joli nom, ni pour honorer une personnalité ou un fait historique qui se serait produit là... Non, rien de tout ça. Les 125 habitants de Clark ont tout simplement troqué le nom de leur village contre celui d’une marque ! La marque de bouquet numérique appelé Dish, comme il y a Canal satellite ou TPS en France. Une fois abonné à un bouquet numérique et installé une antenne ad hoc (ou le câble), vous captez vingt, trente ou 140 chaînes que vous n’avez pas le temps de regarder ! Ou si vous l’avez, le temps, vous risquez vite une overdose de crétinisme télévisuel; quant aux escarres, elles suivront à force de ne plus bouger !

Le village de Clark s’appelle désormais du joli nom de Dish. En contrepartie les habitants ont reçu chacun une parabole, un lecteur DVD, un abonnement de dix ans à ce bouquet numérique... Et la célébrité ! Car ce coup de pub a fait parler de lui Outre-Atlantique. Le maire de la commune, cité dans Courrier international (01/12/2005), se félicite : “Personne ne savait où se trouvait Clark, tout le monde sait où se trouve Dish”. Mais il est des notoriétés que l’on n’envie pas. Troquer son nom contre une marque, y’a-t-il de quoi être fier ? Et les habitants de Dish n’ont-ils rien d’autre à faire que de passer leur temps à regarder la téloche ?...

Canal-satellitiens, Canal-satellitiennes !
Transposons-nous en France. Prenons une commune un peu perdue dans la campagne où il n’y aurait pas grand chose d’autre à faire d’autres que regarder la télé : Pontivy *, par exemple, troquerait son nom pour devenir “Canal satellite” ! Voilà un nom moderne, ça sonne presque science fiction. On pourrait le prononcer à l’américaine ce qui est le fin du fin de la modernité actuelle : “Chanel satellite”... Et puis, finis les Pontyviens et les Pontyviennes vivent les Canal satellitiens et les Canals satellitiennes : on est carrément dans la science fiction, la guerre des étoiles, Star Wars et tout et tout !

Et je ne parle pas d’une certaine radio au nom imprononçable et quasiment préhistorique, Radio Bro Gwened. Mais où vont-ils chercher des noms pareils ? Il faut moderniser tout ça, faire “djeunes” mesdames messieurs. Utiliser seulement le sigle et le dire à l’américaine, RBG : “Rbgi”, “Selaouit RBji”. Pensez donc à un jeune ou une jeune du coin qui voudrait participer à la Star Ac. Oui, à la Star Académie ou une autre émission de cet acabit. Car le top du top de la promotion sociale et culturelle de nos jours c’est de passer à la télé, même pour y faire n’importe quoi. Alors pourquoi pas aller chanter à la Star Ac ? Mais imaginez donc ce jeune arrivant devant le jury :
“Vous arrivez d’où ?”
- De Pontivy”...
- et vous avez fait quoi avant ?
- J’ai participé au radio crochet de Radio Bro Gwened”. C’est perdu d’avance ! Aucun espoir. Avec un CV comme ça le pauv’ gamin sera viré avant même d’avoir chanté, comme s’il débarquait du Moyen âge.

Ce n’est pas avec des noms comme ça que l’on devient une star du show biz, ni que l’on conquiert de nouveaux marchés ! Modernisons : virons donc ces noms en français et en breton, tout ça s’est dépassé. Amis Pontivyiens amies Pontyviennes, devenez des Canals satellitiens et Canal satellitiennes ! Finie la sauce armoricaine, vive la sauce américaine. Vendons nos noms, nos identités, et du passé faisons table rase comme il est dit dans une chanson célèbre, l’Internationale ! Le problème c’est ce qui reste sur la table après : une bouteille de caca-cola et des hamburgers à regarder devant des feuilletons étasuniens... Que dis-je, des SOAP... Nag ur vuhez bourrapl, me lâr deoc’h ! Quelle belle vie j’vous dis !

Et le mandarin ?
Mais, qui sait, d’ici vingt ans, l’anglais lui-même sera peut-être dépassé par le mandarin... Qu’est-ce que c’est cet oiseau là, vous demandez-vous peut-être ? Et bien c’est la langue officielle en Chine et la langue la plus parlée dans le monde. Et là, Pontivy est à la pointe de la modernité puisqu’on y étudie le chinois dans un lycée juste après y avoir laissé tomber le breton. Loin de moi l’idée de critiquer l’enseignement du chinois, c’est une ouverture linguistique et culturelle; ce qui me pose problème c’est que l’on abandonne le breton, preuve au contraire d’une fermeture culturelle cette fois, voire d’une fermeture sur soi-même et sur son environnement immédiat, fermeture qui mériterait d’être analysée. Mais je ne suis pas psychanalyste... Le syndrome de l'abandon de la langue d'origine sévit un peu partout, notamment en Ecosse (lire les commentaires).

Allez, dalc’homp berr, tudoù ! Tenons bon, auditrices ou auditeurs de Radio Bro Gwened, lecteurs et lectrices de ce blog, que vous soyez de la belle ville de Pontivy ou d’ailleurs. Et surtout ne vendons pas nos noms à des trafiquants d’illusions.
Christian Le Meut

* Rappel : la plupart des textes figurant sur ce blog sont des chroniques pour Radio Bro Gwened, émettant de Pontivy. Rendez-vous le mercredi à 9 h 15 pour la chronique en français, 8 h 15 le vendredi, en breton.
Internet : www.radio-bro-gwened.com


22/12/2005

Bezit modern, tudoù !

Deomp d’ar Stadoù Unanet, d’ur pennher anvet Clark e lec’h ma z’eus 125 den e vout e chom... Met echu eo bremañ get Clark : chanchet eo bet anv ar gumun se evit dont da vout Dish...
Perak Dish ? DISH, evel anv ur “boked niverel”, ur “bouquet numérique” anvet DISH, evel ma z’eus “Canal Satellite” pe TPS amañ. Ur wezh koumanantet c’hwi resev er ger ugent pe daou ugent chadenn skinwell, tele ha n’o peus ket amzer da sellet doc’hte, met doc’h ar c’hiz oc’h, ar pezh a gont memestra. C’hwi zo modern. Ma peus amzer memestra da sellet doc’hte, diwallit : tapet vec’h get klanvedoù zo. Dirak usr post skinwell, alies, an empenn a zigresk hag ar c’horf a gresk evit bout lardoc’h.... Ha diwallit d’an “escarres” !

Justawalc’h roet eo bet ur rastell tele, ul lennour DVD hag ur c’houmanant dek vloaz da razh an dud a zo e chom e Clark. Setu penaos emañ bet troket anv o farrez get tud Clark. Laouen bras eo maer ar gumun rak brudet eo bremañ e barrez : “Den ebet a ouie emen a oa Clark, razh an dud a ouia emen emañ Dish” eme an aotrou maer, barzh ar gazetenn Courrier international (01/12/2005). Brudet eo Dish, ya, met brudet brav pe gwallvrudet ? Un taol brud a zo bet graet get ar stall Dish, sur awalc’h, met get tud ar gummun ? Gwerzhiñ anv o farrez evit lakaat en e blas anv ur mark, n’eus ket tu da vout fier kement-se, d’am sonj. Met marsen, an dra se eo, bout modern er Stadoù Unanet.

Met deomp en dro da Vreizh. Klaskomp ur pennher all kollet war er maezioù evel Clark : Pondi, lakoomp... Pontivy e galleg. An anv se a son un tammig re gozh, n’eo ket un anv modern, tamm ebet. Sonjit ta : trokiñ “Pontivy” evit “Canal satellite” war e lerc’h da skouer. Setu un taol brud a feson. Hag ouzhpenn e vehe roet da bep hini kement da sellet doc’h chadennoù skinwell. E lec’h bout “Pontivyien”, tud a Bondi a vehe “canal satellitiens” ! Setu un anv modern, hag a denn doc’h ar skiant fiktion, d’ar skiant faltazi ! Nag un anv modern. Ha da zistagiñ d’un doare saozneg, “Channel satellite”, mar plij...
Ne vehe netra modernoc’h, me lâr deoc’h !

Un anv ragistorel...
Ha ne gomzan ket ag ur radio bennak get un anv tost ragistorel : Radio Bro Gwened. Bizkoazh kement all, nag ur spont ! N’eo ket posupl. N’eus nemet un tra d’ober : saoznekaat an traoù. Larit “Rbiji”, mar plij. Selaouit “RBJ” ! Setu un doare a feson da laret an traoù ! Rak emañ ret sonjal en amzer da zonet. N’eo ket get ar galleg, na get ar brezhoneg, e teuec’h da vout star ar show biz ! Sonjit en ur c’hrennard, pe ur grennardez a Bondi a faotehe monet d’ar Star Akademy e Paris. Ya, rak ur bochad tud yaouank a vremañ a zo bamet dirak ar Star Ak... Ha setu hennezh pe honnezh dirak juri ar Star Ak :
- “A ven e teuit ?”
- A Bondi...
- Ha petra peus graet araok ?
- Kanet m’eus er radio krochet savet get Radio Bro Gwened”...
Setu, kollet d’un taol, a dra sur ! Lakaet er maez an den yaouank hep bout selaouet get ar jury evel ma vehe daet ag ar grenn amzer !
Nann, tud a Bondi, ma faota deoc’h bout doc’h ar c’hiz, chanchit anv ho parrez. “Channel satellite” e lerc’h Pontivy, da skouer, vehe kalz gwelloc’h... Ha perak pas “Channel Disney” ?...
Er maez an amzer paseet, tudoù : “Du passé faisons table rase” ‘vez lâret barzh un ganaouenn brudet : an Etrebroadel... Met petra chom war an daol, goude bout skarzhet an amzer paseet : ur voutailhad kaka kola da eviñ get un hamburger breiñ e sellet doc’h feuilletonnoù war an tele... Beurk.

Madarineg war lerc'h brezhoneg...
Hag ur wezh paseet mod ar saozneg, a benn ugent vloaz, piv ouia, peseurt yezh nevez e vo ret deomp kaozal ? Ar yezh a vez komzet ar muian er bed a bezh : mandarineg, da laret eo, sinaeg. Ha n’och ket plaseet fall amañ, e Pondi. Hervez ar pezh m’eus klewet, lakaet eo bet er maez ar brezhoneg en ul lise evit kelenn mandarineg en he lerc’h... Setu, tud avanset, tud a well pell en amzer da zont ! Bon, marteze, ne wellont ket pell en amzer paseet, nag en amzer a vremañ !... Met se zo un afer all. Deskiñ mandarineg zo un dra vat, ne laran ket, met perak lakaat ar brezhoneg er maez ? Yezh a-orin ar vro-mañ ?

Ale, dalc’homp berr tudoù, ha ne werzhomp ket hon anvioù da zen ebet !
Bevet Pondi ha Radio Bro Gwened !
Ha trugarez deoc'h bout lennet ar pennad se : trugarez 'vez lâret "xie xie" e mandarineg.
Christian Le Meut

05/12/2005

T'chat Wanadoo : "toute autre langue est bienvenue..."

Le règlement du tchat Wanadoo vient d'être modifié : conséquence des messages envoyés à cette société protestant contre l'ancienne formulation (le breton, l'alsacien et le provençal qualifiés de "patois") ? Voici l'extrait du nouveau règlement concernant le français, "langue officielle" du "tchat" et les "autres langues" acceptées dans le domaine "privé". Exit, le mot "patois". 

"De même, les lois françaises s’appliquent dans le t’Chat : chaque personne est responsable du pseudo t'Chat qu'il choisit et des discussions qu'elle entretient avec autrui en public ou en privé ou de toute autre activité sur les serveurs de t’Chat (connexion de robots ou clones). Toute personne envoyant un message vulgaire ou à caractère ouvertement pornographique sur un salon public se verra sanctionnée par une exclusion temporaire du service et risquera une suspension de son abonnement en fonctionde la gravité de ses propos.Tout appel à la haine raciale ou tout propos irrespectueux de la dignité humaine sont passibles de poursuites. Les insultes, propos calomnieux ou diffamatoires ne sont pas admis.
Le français compris par tous les francophones est la langue officielle des salons de discussion du t'Chat où tout le monde doit pouvoir se comprendre; les contractions de type lol, asv (etc...) sont tolérées car elles relèvent de l'art de clavarder. Toute autre langue est bienvenue dans les salons si le sujet du-dit salon s'y prête. En discussion privée, les deux contributeurs ont toute liberté de choix de la langue utilisée".

25/11/2005

E galleg, mar plij !*

France Télécom et Josep Borrell, président du parlement européen distingués pour leur "acharnement" à promouvoir l'anglais.

"AP | 23.11.05 | 21:05
PARIS (AP) -- France Télécom et le président du Parlement européen Josep Borrell ont été distingués mercredi par l'Académie de la carpette anglaise, pour leur "acharnement" à promouvoir la langue anglaise au détriment du français. Chaque année depuis 1999, l'Académie de la carpette anglaise distribue ses mauvais points. Pour cette édition 2005, l'opérateur France Télécom présidé par Didier Lombard a été désigné au premier tour de scrutin pour "la mise en place de services et produits aux dénominations anglaises ("Business Talk", "Live-Zoom", "Family Talk"...) par huit voix contre quatre à Yves Daudigny, président du conseil général de l'Aisne pour sa "grotesque" campagne publicitaire en anglais "L'Aisne, it's Open!".

Par ailleurs, le "prix spécial à titre étranger" attribué à un "membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise" est allé au président du Parlement européen Josep Borrell. L'académie l'a "distingué" pour "avoir avantagé l'anglais lors de la session de l'assemblée parlementaire Euro-Méditerranée qu'il vient de présider à Rabat au Maroc (...) sans prévoir la traduction des documents de travail".
L'Académie de la carpette anglaise, présidée par Philippe de Saint Robert, compte entre autres membres l'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel Hervé Bourges, la journaliste Christine Clerc et l'écrivain Dominique Noguez. AP"

* En français s'il vous plaît ! 

07/11/2005

Cajun - breton : deux ethnocides invisibles des médias ?

Les événements récents de Louisiane m’ont fait remettre à jour une chronique écrite en janvier 2004 sur une émission de France Inter qui aurait pu concerner la langue bretonne si l’on avait pu remplacer le mot “français” par “breton”. Car c’était de la Louisiane, dont il était question, région où la langue française a fait l’objet d’une politique d’éradication... J’ai été surpris, d’ailleurs, de ne pas entendre un seul francophone témoigner, en septembre, des ravages de l’ouragan Katrina en Louisiane, même sur les médias français, pourtant les premiers à se gargariser de la francophonie. Car plus de 200.000 personnes parlent encore français en Louisiane, mais pas à la Nouvelle-Orléans !
Selon Elaine F. Clément, membre du Conseil pour le développement du français en Louisiane : “Il y a très peu de francophones à La Nouvelle-Orléans. Pourquoi - c'est toute une histoire - l'américanisation, l'assimilation, l'avidité. La plupart des francophones sont dans les endroits plus ruraux. Les villes de Lafayette et Houma sont les plus grandes villes francophones. L'Ouragan Rita a frappé des endroits plus francophones. Dans la presse américaine, on était encore invisible”.

Le Lay : pas d'enquêtes mais des réfutations
Mais, autre constat surprenant, si les déclarations de Patrick Le Lay sur le “génocide culturel” pratiqué par la France à l’égard de la langue bretonne, ont suscité des commentaires dans certains médias parisiens, je n’ai vu aucun reportage, aucune enquête de terrain dans ces mêmes médias pour savoir si Patrick Le Lay disait vrai ou pas ! Aucun journaliste n’est, à ma connaissance, venu en Basse-Bretagne (la Bretagne bretonnante) pour établir sur les propos du patron de TF1 relèvent de l’élucubration “nationaliste” ou ont un fond de vérité... Par indifférence ? Par peur qu’il ait raison ?
Comme si établir les faits importait peu; comme si la réalité n’était pas importante... Comme si le commentaire valait plus que la compréhension de la réalité. Comme si le simple fait que cela soit dit par Patrick Le Lay lui ôte tout crédit... Mais les journalistes désireux de comprendre ce qu'est un ethnocide ne sont pas obligés de venir en Bretagne. Ils peuvent aussi se rendre en Louisiane où se trouve également une minorités "invisible" : à bien des égards, les francophones de Louisiane et les bretonnants de Bretagne sont dans le même bateau.

“Les Cajuns (chronique de janvier 2004)
“Le premier dimanche de cette nouvelle année, j’ai entendu, sur France inter, une émission surprenante. Elle était, en effet, consacrée à une langue régionale, sujet que les médias parisiens abordent assez peu d’habitude... Une langue régionale donc, sans statut officiel mais parlée depuis des siècles et transmise de génération en génération sauf pour les dernières qui n’ont pas appris la langue de leurs parents, mais uniquement la langue officielle.
En effet, l’école, l’Etat et quasiment toutes les institutions ont adopté une politique d’abandon de cette langue régionale. Méprisée, dépréciée, elle n’est plus parlée aujourd’hui, quotidiennement que dans certains coins à l’écart. Des personnes âgées ont dit à France Inter leur tristesse et leur colère de voir leur langue maternelle se perdre...
Je me suis dit qu’entendre une telle émission sur un radio nationale était une bonne chose pour montrer aux auditeurs français ce que signifie une politique délibérée visant à la disparition d’une langue... Mais, vous l’avez probablement compris, cette émission de radio n’était pas consacrée aux langues régionales en France, mais à une langue régionale aux États-Unis, le cajun. Nous étions en Louisiane mais il aurait suffi de pas grand chose pour se croire en Bretagne, en Occitanie, en Corse, au Pays-Basque... Déplorable est l’état de la langue française, dans son dialecte cajun, aux États-Unis : pas de statut officiel, un enseignement bilingue très récent et très partiel... Qui plus est, c’est le français de France qui est enseigné dans les écoles, pas le cajun ! Dur dur, alors, de se comprendre avec les anciens qui parlent encore la langue...
Mais quand aurons-nous droit, sur les médias dits nationaux, à des émissions permettant de mieux comprendre la situation des langues régionales en péril dans l’Hexagone ? A moins que ce qui se passe en Louisiane soit plus intéressant que ce qui se passe en Occitanie, en Alsace, en Corse ou en Bretagne...”
Christian Le Meut

27/10/2005

Le Lay, Katrina, ar Gajuned hag ar Vretoned

E penn kentañ miz Gwengolo an aotrou Le Lay, pennrener TF1, n’doa lâret traoù kriz a ziout Bro Frans hag ar pezh graet geti a enep d’ar brezhoneg. “Génocide culturel” eme ar paotr Le Lay. Goude se, ur bern tud n’eus reskontet dezhan, barzh kazetennoù zo pe war internet. Me, m’eus lâret amañ e sonjen oa aet Patrick Le Lay un tammig re bell e komz ag ur “genocide”. Un “ethnocide” a zo bet graet e Breizh a enep d’ur yezh, met pas ur “genocide” a enep d’ur bobl, e klask lazhiñ razh an dud. Un difor bras eo, memestra. Traoù all zo bet lâret a ziar benn Le Lay : “communautarisme”, “broadelour”, “nationaliste”, ha c’hoazh. Tabut zo bet un tammig... Met piv zo deuet amañ, e Breizh, da wellet an traoù ? Labour ar gazetennerion zo da vonet da wellet “war an dachenn” ar pezh zo gwir hag ar pezh zo gaou... Netra. Gwellet m’eus netra; enklask ebet. Kazetenner ebet deuet da wellet amañ e Breizh mard oa faos pe pas ar pezh lâret get Patrick Le Lay. Petra eo labour ar gazetennerion ma n’eo ket da glask gouiet ar wirionez ? Un den brudet bras, ur penn bras a lâr traoù ken kriz ha den ebet a glask da ouiet pelloc’h ? Souezhus, n’eo ket ?...

Digarezioù a villiadoù
Tud zo a lâr n’heller ket selaou ar paotr Le Lay e komz ag ar sevenadur a gaos ma z’eus berped programmoù sot war TF1... Marteze.  Tud all a lâr emañ Le Lay ur “broadelour”, ha ne vehe ket dereat, jaojapl, selaou ur den get sonjoù evel-se ... Marteze. Ha ma ne vehe digarezioù ? Digarezioù evit nompass monet pelloc’h ? Digarezioù evit nompass digoriñ an daoulagad war tud dishenvel ? Evit nompass gwellout ar wirionez evel m’emañ ? Daou vloaz zo e oamp ugent mill war straedoù Roazhon evit goulenn get ar Stad ur statut ofisiel evit ar brezhoneg hag ar yezhoù rannvroel all. N’omp ket bet selaouet; reportaj ebet war an tele. Traoù pouesusoc’h, siriusoc’h, oa d’ar c’houlz se, evel ar brezel en Irak... Bremañ, ne faota ket da tud ag ar mediaioù, selaoù Le Lay, ne vehe ket un den sirius. Penaos gober, neuze, evit bout selaouet ? Evit lakaat stad Bro C’hall hag e lezennoù ken pounner da vourjal ?

New Orleans pe Nouvelles Orléans ? Un "ethnocide" e Louisiane
Ma faota d’ar gazetennerion a Baris komprein ar ger “ethnocide”, ne ket ret dezhe dont amañ. Bez zo lec’hioù all, pelloc’h, exotikoc’h, evit gwellout un "ethnocide"... En Nouvelle Orléans, da skouer. Beuzet eo bet ar-dro mill daou gant den du hont n’eus ket pell. Met beuzet eo bet ivez, aboae kant vloaz, ar galleg get ar saozneg...
Ker Nouvelles Orléans oa bet savet, krouet, get Fransizion, tri c’hant vloaz zo... Ha chom a ra daou gant mill den a gomz galleg e Louisiane, met kentoc’h war er maezioù hag e kerioù bihannoc’h ... Klewet peus c’hwi komz galleg e ker Nouvelles Orléans barz ar reportajoù gwellet ganeoc’h war an tele da vare ar gorventenn Katrina ? Me, m’eus klewet galleg ebet, nemet anvioù karterioù zo (“quartier français”)... E Lousiane e oa bet difenet dre lezennoù komz galleg ha deskiñ galleg er skol. Lakaet oa bet mezh war an dud a gomze galleg, yezh ar Blouked oa,  hervez an tud a oa e penn ar vro ! Saoznegerion anezhe...
Echu eo abaoe daou ugent vloaz bremañ get al lezennoù fall se. Skolioù zo bet savet evit deskiñ galleg dre “soubidigezh”, evel skolioù Diwan amañ. Met kazi razh an dud hiriv an deiz a gomz saozneg, pe spagnoleg, e ker “New Orleans”. N’eo ket doc’h ar c’hiz komz galleg. Echu eo get ar galleg du-hont evel amañ, tost echu eo ar brezhoneg e straedoù ker An Oriant pe Gwened... Setu, pal un ethnocide : lazhiñ ur yezh. Amañ, ar brezhoneg; e Louisiane, ar galleg.  N’eus difor ebet, benn ar fin.  Ar galleg hag ar brezhoneg zo c’hoarezed dirak an “ethnosidoù”...

Ar Gajuned (pennad skrivet e miz Genver 2004)
Ar sul kentan ag ar bloazh man m’eus klevet un abadenn a feson war France Inter a ziout ur yezh rannvroel ha n’eo ket ar yezh se ar yezh ofisiel en he bro. Komzet e vez abaoe kantvedoù met kollet  e vez tamm ha tamm. Lakaet eo bet an dispriz warni  get ar stad, er skolioù, ha c’hoazh. Plouked oa ar re a gomze ar parlant se.  Hiriv an deiz ar re yuvank o deus ankoueit yezh o zud kozh, ha gomz a reont ar yezh ofisiel hepken...  Tud kozh a lâre da France Inter a oa kounnaret anezhe e wellet stad o yezh a vihannig...
Sonjet m’eus oa a bouez an abadenn se evit diskouez d’ar selaouerien penaos eo an traoù evit ar yezhoù en arvar, ar yezhoù hep statut ofisiel, evel ar brezhoneg e Frans, laakomp... Met ne  oa ket un abadenn war ar brezhoneg, pe an okitaneg, pe an euskarreg, ha c’hoaz...  Komprenet peus marteze, oa an abadenn radio se a ziout ar galleg e Bro Lousiane, bro ar Gajuned ! Fall bras eo stad ar galleg du-hont. Bez ez eus tud yaouank a faota dezhe deskiñ Kajuneg, met desket e vez kentoc’h ar galleg ofisiel... Ha, geti, diaes eo d’en em gompreñ get ar re gozh a gomz c’hoazh kajuneg !
Pegoulz vo graet abadennoù war France Inter war ar yezhoù rannvroel en arvar e bro France ? N’ouion ket met, mard eo komprenan mat, interesusoc’h, eo evit ar radio publik se, ar pezh a zo e Bro Louisiane evit ar pezh  a zo e Breizh pe Okitania, pe Elzas... “
Christian Le Meut

26/10/2005

ANPE : le bilinguisme n'a pas cours

"L'ANPE refuse de publier en breton des offres d'emploi pour Diwan" : Sous ce titre, l'association Diwan s'élève contre une décision administrative de l'ANPE refusant les annonces bilingues (français-breton) envoyées par cette association pour des postes de travail réclamant une connaissance de la langue bretonne...

"BREIZH - Le 29 septembre 2005 l'association Diwan demande à l'ANPE de publier deux offres d'emploi rédigées en français et en breton. Le 5 octobre, nous avons reçu en retour un courrier de la directrice de l'ANPE de Brest notifiant son refus de donner suite à notre demande. Ce refus était motivé ainsi : " Suite à votre courrier en date du 29.09.05 et après contact avec notre service juridique, nous sommes au regret de ne pouvoir diffuser vos offres d'emploi en langue bretonne. En effet, les offres d'emploi en langue bretonne seraient considérées avoir un caractère discriminatoire et, à ce titre, nous ne pouvons donc donner une suite favorable à votre demande. "

Nous protestons vivement contre une telle décision qui montre une fois de plus le mépris des institutions pour les langues régionales. Il est tout d'abord normal que l'annonce soit bilingue, puisque les emplois concernés nécessitent la connaissance et la pratique des deux langues. Cela étant acquis, la parution des offres d'emploi en breton et en français ne saurait être discriminatoire, car elle est conforme au profil des postes à pourvoir

D'ailleurs notre demande de publication est légale : elle est aussi publiée en français, permettant même à des personnes qui ne maîtrisent pas suffisamment le breton d'y avoir accès. A ce titre, l'offre d'emploi en français serait tout aussi discriminatoire, car accessible uniquement aux personnes connaissant le français. De plus la loi Toubon du 04.08.1994, à laquelle font référence sans doute les services juridiques de l'ANPE, précise bien dans son article 21 : " Les dispositions de la présente loi s'appliquent sans préjudice de la législation et de la réglementation relatives aux langues régionales de France et ne s'opposent pas à leur usage ". L'ANPE outrepasse donc la loi en refusant de faire paraître notre demande. Celle-ci s'inscrit également dans le cadre du programme de politique linguistique pour la Bretagne voté à l'unanimité des conseillers régionaux le 17 décembre 2004. Il s'agit de développer l'emploi du breton dans la vie sociale et professionnelle. Elle s'inscrit aussi dans le cadre des conventions internationales pour les droits de l'homme, le Pacte international pour les droits civils et politiques, la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels, la déclaration universelle de l'UNESCO pour la diversité culturelle, et les objectifs de protection de la diversité des langues affichés par l'Etat et les organismes internationaux.

En outre, ce que la loi interdit, ce sont les publications en langues étrangères. Faut-il considérer le breton comme une langue étrangère en Bretagne ?

En conséquence, nous demandons à l'ANPE la publication en français et en breton de nos offres d'emploi. En cas de nouveau refus, nous souhaitons avoir connaissance des éléments juridiques qui, selon elle, s'opposeraient à la publication bilingue d'une offre d'emploi." Signé : Le Bureau Diwan.

 

Daou ginnig labour nac'het get an ANPE

 Setu ar gemenadenn kaset get Diwan e brezhoneg iwez :
"D'an 29 a viz gwengolo 2005 he deus ar gevredigezh Diwan goulennet digant an ANPE embann daou ginnig labour skrivet e galleg hag e brezhoneg. D'ar 5 a viz Here ez eus bet degemeret ul lizher digant renerez ANPE Brest o kemenn deomp penaos e nac'he asantiñ d'hor goulenn. En doare-mañ e oa abeget an nac'hadenn-se : "Da heul ho lizher eus an 29.09.05 ha goude bezañ bet e darempred gant servij al lezennoù, eo gant keuz e kemennomp deoc'h ne c'hellomp ket skignañ ho kinnigoù labour e brezhoneg. Evit gwir ar c'hinnigoù labour e brezhoneg a vefe lakaet evel diforc'hus hag abalamour da se ne c'hellomp ket asantiñ d'ho koulenn.

Gant nerzh e klemmomp ouzh seurt diviz hag a ziskouez ur wech ouzhpenn penaos e vez graet fae war ar yezhoù rannvro gant an ensavadurioù. Da gentañ ez eo reizh e vefe divyezhek ar gemennadenn dre ma z'eo ur redi evit an implijoù meneget gouzout hag implij an div yezh. Se o vezañ splann, ne vefe ket diforc'hus embannadur ar c'hinnigoù labour e brezhoneg hag e galleg rak e vefe hervez doare ar postoù da bourveziñ.

Hervez lezenn eo hon goulenn embannadur : embannet e vez ivez e galleg, o reiñ tro zoken d'an dud na vestroniont ket a-walc'h ar brezhoneg da dizhout anezho. Dre-se ar c'hinnig labour e galleg a vefe ken diforc'hus all dre ma vefe graet nemet evit an dud a ouife galleg. Ouzhpenn-se al lezenn Toubon eus ar 04.08.1994 a zo resis en he mellad 21 : reolennoù al lezenn-mañ a dalvez hep ober gaou ouzh lezennoù ha reolennoù diwar-benn ar yezhoù rannvro ha ne yeont ket a-enep o implij En tu all d'al lezenn e ya an ANPE eta pa nac'h lakaat embann hor goulenn. Hor goulenn a gemer plas ivez e framm ar program politikerezh yezh evit Breizh votet a-unvouezh gant ar guzulierien rannvro d'ar 17 a viz Kerzu 2004. Ar pal eo kreskiñ implij ar brezhoneg er vuhez sokial ha micherel.

Kemer a ra plas ivez e framm an emglevioù etrevroadel evit gwirioù mab-den, an emglev etrevroadel evit ar gwirioù keodedel ha politikel, an emglev etrevroadel war ar gwirioù ekonomikel, sokial ha sevenadurel, diskleriadur hollek an UNESCO evit al liested sevenadurel ha palioù gwareziñ ar yezhoù embannet gant ar Stad hag an ensavadurioù etrevroadel. Ouzhpenn ez eo an embannadurioù e yezhoù estren a vez difennet gant al lezenn. Daoust hag e ranker gwelet ar brezhoneg evel ur yezh estren e Breizh ?

Setu perak e c'houlennomp digant an ANPE embann hor c'hinnigoù labour e galleg hag e brezhoneg. Ma vez nac'het adarre e karfemp gouzout peseurt elfennoù lezennel, hervez an ANPE, a yafe a-enep embannadur divyezhek ur c'hinnig labour.
Ar Burev Diwan"

Pennadoù embannet war :
http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=2702


02/10/2005

Langues régionales : l'urgence d'un changement

Les récentes déclarations de Patrick Le Lay sur la Bretagne et la langue bretonne m'ont incité à rééditer cet article écrit au début de cette année pour la rubrique "J'ai fait un rêve" de la revue Alternatives Non-violentes, mais non publié parce que trop long... Ce texte est donc uniquement en français. Bonne lecture et n'hésitez pas à commenter !

1998, la France signe la charte européenne des langues minoritaires... Vous avez bien lu : 1998. Il ne s’agirait donc pas d’un rêve, mais d’une réalité, et bien non. Contrairement à presque presque tous les autres Etats de l’Union européenne la France n’applique toujours la charte européenne des langues minoritaires... Les langues bretonne, basque, corse, alsacienne, occitane, catalane, flamande, n’ont toujours pas de statut officiel en France, ni les langues parlées dans les Dom-Tom.

La charte européenne des langues minoritaires a été signée par Lionel Jospin, alors premier ministre mais renvoyée par Jacques Chirac devant le Conseil constitutionnel qui a déclaré cette signature non conforme à la Constitution. Et depuis, rien. Si, 20.000 personnes (1) dans les rues de Rennes, en mars 2003 pour demander cette ratification et la modification de la Constitution qu’elle implique. Dans l’indifférence totales des médias nationaux...

“Ne gomzan ket mui breton bemdez...”
“Ne gomzan ket mui breton bemdez, memes ar re gozh a gav gwell komz galleg etreze breman. Met me, me vourra muioc’h komz breton evit galleg” : “Je ne parle plus breton tous les jours, même les anciens préfèrent parler français entre eux aujourd’hui. Mais je préfère parler breton que parler français”... Ainsi s’exprime Germaine, une femme de Crac’h, commune du Morbihan, près d’Auray. Âgée de 68 ans, elle a appris le breton à la maison, dans son village, et le français à l’école, où sa langue maternelle était interdite. Ce cas est extrêmement fréquent parmi les Bretons d'origine rurale de sa génération.

Si Germaine n’a plus l’occasion de parler chaque jour, elle peut encore écouter la radio ou regarder la télé. Oui mais voilà, les médias publics lui proposent une émission d’une heure à la télé le dimanche (à la même heure que la messe!) et cinq minutes d’actualité chaque jour... Dans le Morbihan, seule une radio associative, mais subventionnée par la région, le département et l’Etat, propose des programmes breton-français. Dans la presse : un reportage par semaine dans le quotidien Le Télégramme, une leçon de breton le dimanche dans Ouest-France...

10.000 bretonnants meurent chaque année
Chaque année, 10.000 personnes bretonnantes de langue maternelle meurent. Il reste aujourd’hui environ 250.000 personnes capables de s’exprimer couramment dans cette langue contre 1.200.000 en 1945. Il s’agit surtout de personnes âgées. 9.000 enfants sont scolarisés;en 2004-2005 dans les filières bilingues créées depuis 25 ans par les parents : bilingue public, bilingue privé et écoles associatives (gratuites et laïques) Diwan.

La pédagogie par immersion (100 % en breton au départ) a motivé le refus d’intégration de Diwan dans l’Education nationale par le conseil d’Etat en 2002, malgré le soutien du ministre de l’Education de l’époque, Jack Lang. Pourtant, Diwan existe depuis 25 ans et les résultats de ses élèves sont plutôt supérieurs à la moyenne... Bizarre non ? Pendant des décennies des dizaines de milliers de Bretons ont intégré l’école française (publique ou privée) sans connaître un mot de français, ont été immergés dans une langue qui leur était étrangère, mais cela n’a guère posé de problème de conscience aux élites françaises. Dans le sens contraire, cela semble en poser... Car si les citoyens français sont égaux en droit (censément), ce n’est pas le cas des langues parlées sur le territoire de la République française et cette inégalité de traitement revient, finalement, à une inégalité citoyenne.

Passer de deux langues à une : un progrès ?
De mon côté, mes grands-parents étaient bretonnants de langue maternelle. Mais ils avaient bien compris que le français étaient la langue de la promotion sociale (toute les institutions le leur assénaient). Le breton était (et est encore), stigmatisé comme arriéré et inférieur. Beaucoup de Bretons ont intégré ce regard méprisant et colonial posé sur leur propre langue. Objectif des autorités : éradiquer les langues “régionales”. Elles y sont (presque) parvenu, refusant de signer, par ailleurs, certains textes internationaux de protection des minorités linguistiques (2). La transmission familiale ne se fait quasiment plus et les enfants qui apprennent le breton aujourd’hui le font à l’école... Mes grands-parents parlaient donc couramment deux langues dans leur vie quotidienne. Mes parents et moi en parlons une seule.
C’est le progrès, sans doute.

Depuis mon retour en terre bretonne, en l’an 2000, j’ai appris le breton, et je continue d’apprendre. Pour moi, c’est aussi une résistance non-violente face à un arbitraire d’Etat. Je n’ai jamais pu admettre l’attitude e la République française qui, à mes yeux, trahit ses propres valeurs en agissant ainsi; ni celles de beaucoup de Bretons eux-mêmes qui, dans leur grande majorité, se sont soumis à l’autorité. Ils n’ont pas pris conscience, ou pas voulu prendre conscience, de la perte culturelle que représente l’abandon de leur langue maternelle, parlée depuis 1.500 ans dans cette partie ouest de la Bretagne. Perte culturelle pour eux-mêmes, mais pour l’humanité entière car une langue qui disparaît est une part de notre richesse culturelle mondiale qui meurt.

Un préfet du Morbihan écrivait en 1831 : “Faire mourir une langue, c’est faire disparaître une individualité de la famille des nations ; c’est détruire une système d’entendement, un caractère national, des moeurs, une littérature. La philosophie et la morale condamnent également cet espèce de meurtre”. Ce préfet n’a pas été entendu. Quant au meurtre en question, un mot a été inventé depuis pour le qualifier : “ethnocide”.

Environ 6.000 langues parlées dans le monde
Un livre publié l’année dernière, “Ces langues, ces voix qui meurent” (3), établit un parallèle intéressant entre la perte de la diversité biologique et la disparition des langues. Environ 6.000 langues sont parlées actuellement dans le monde. La moitié est menacée de disparition dans le siècle actuel. Beaucoup ne sont plus parlées que par quelques individus (langues aborigènes d’Australie, d’Amérindiens du Nord ou du Sud, d’Afrique). Le breton est classé parmi les langues menacées par l’Unesco.

Notre mode vie actuel tend à une uniformisation culturelle rapide vers le modèle étasunien (pour aller vite). Les défenseurs de la langue française qui, parfois, combattent les arguments des partisans des langues dites régionales, ne voient pas que ces derniers défendent une vraie diversité culturelle vivante. Quand la République française, par la voie du président Chirac en particulier, défend “l’exception culturelle”, elle ne défend en fait que la langue française, pas les autres. Les autorités se gardent bien de promouvoir la diversité linguistique à l’intérieur de l’Hexagone.

En Bretagne, l’oppression linguistique a été mise en place depuis environ deux siècles. La royauté avait bien instauré le français comme langue officielle, mais sans chercher à l’imposer à tous les sujets. Au XIXe déjà, des débats ont lieu sur l’intérêt de l’emploi du breton à l’école, notamment pour enseigner le français aux masses bretonnantes... Mais la voie du bilinguisme n’a pas été choisie. C’est l’unilinguisme qu’ont imposé les élus, notamment dans l’Education nationale. Interdit de parler breton à l’école sous peine d’humiliation. Interdit d’enseigner le catéchisme en breton, sous peine de représailles administratives pour les prêtres. Impossibilité de monter dans l’ascenseur social avec la seule langue bretonne...

Une opposition diverses, mais constante
L’opposition à cette politique s’est manifestée sur le terrain politique, éducatif et religieux. Depuis le début du XXe siècle, des élus et organisations politiques demandent l’introduction du breton à l’école. Peine perdue. Cette cause était alors soutenue par des mouvement régionalistes proches de la droite monarchiste et catholique. Mais, à gauche, des instituteurs ont créé le mouvement Ar Falz dans les années 30 pour promouvoir le breton dans les écoles laïques. L’église catholique, de son côté, soutient l’usage de la langue bretonne pour éviter la contamination des idées républicaines ! Et puis l’abandonne quand elle sent que cela ne sert plus ses intérêts...

Juste avant la Seconde guerre mondiale, et dans les années 50, des élus reviennent à la charge, dont René Pleven (qui fut chef du gouvernement sous la IVe république). En 1953 une première loi autorise des cours facultatifs de langues régionales dans les établissements secondaires publiques. Première avancée, mais insuffisante. Face aux changements rapides de société, au déclin de la vie rurale, à l’urbanisation, le breton régresse rapidement. Aucune place ne lui est faite, quasiment, dans les médias publics. Il faut attendre les années 80 pour voir apparaître des radios associatives bilingues, ou unilingues en breton. Idem pour les écoles. A chaque fois, ce sont des groupes de citoyennes et citoyens qui se mobilisent, relayés par une partie des élus locaux. Ils veulent le bilinguisme et le construisent à leur niveau : primaire, secondaire, universitaire. Mais l’absence de reconnaissance officielle de la langue, et le manque d’environnement en breton (médias), entravent leur action.

L’erreur de la collaboration et de la violence
La vigueur d’autres pans de la culture, comme la danse, la musique, ne rejaillit pas forcément sur la pratique de la langue. Ce sont parfois des mondes qui s’ignorent... La langue bretonne apparaît, pour beaucoup de Bretons, comme dépassée, comme une langue dont ils approuvent théoriquement l’existence, comme un patrimoine, mais qu’ils ont renoncé à parler. Deux épisodes historiques n’aident pas à clarifier le débat : la collusion d’une grande partie des mouvements bretons avec l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale (certains mouvements avaient déjà viré fascistes dès les années 30). Mais la collaboration massive de l’appareil d’Etat français avec les Allemands à cette époque, discrédite-t-elle la langue française ? Des grammairiens ont continué de travailler à l’unification de la langue bretonne pendant l’occupation, certes... Mais l’Académie française a-t-elle arrêté ses travaux pendant cette période ? Aucune institution française n’a, à ma connaissance, arrêté ses activités sous l’occupation...

Et puis il y a les périodes de revendications violentes des années 60-70 des FLB-ARB (Front de Libération de la Bretagne, Armée révolutionnaire bretonne). Ces groupuscules, soutenus par une minorité de la population, jugeaient légitime de recourir à l’action violente pour faire valoir les droits culturels et politiques des Bretons. Certains revendiquaient l’indépendance. Le recours à la violence n’est approuvé que par une minorité de la population bretonne. Il m’est arrivé cependant plusieurs fois cependant d’entendre cette phrase : “Si nous faisions comme les Corses, nous obtiendrions plus de chose”. Et il est vrai que, actuellement, l’offre d’enseignement de la langue corse est pratiquement généralisée, ce qui est très loin d’être le cas ici. L’offre en langue bretonne régresse même dans le secondaire. Les promesses faites par les ministres passent, et chaque rentrée réserve son lot de classes bilingues non-ouvertes malgré les demandes à cause du manque d’enseignants formés, de crédits, etc. Quant aux filières optionnelles, elles ne sont pas mieux loties.

Le centralisme jacobin menacé
L’Etat républicain semble parfois être plus à l’écoute des manifestations violentes que des manifestations non-violentes. Ainsi, il encourage la violence. Car si la démocratie est la loi de la majorité, elle est aussi l’aménagement du droit des minorités. Faute de quoi elle risque de devenir une dictature majoritaire en contradiction avec l’esprit et la lettre des droits de l’Homme.

La signature et l’application de la Charte européenne des langues minoritaires donneraient une reconnaissance et une légitimité aux langues régionales. La non-reconnaissance, au contraire, donne des arguments aux organisations hostiles à la République française, minoritaires mais agissantes. Le modèle français s’est construit sur un schéma communautaire : une seule langue, un seul peuple, une seule histoire, une seule organisation politique centralisée pour tout le territoire métropolitain... L’existence des langues régionales, et le fait de les parler, n’est pas une menace en soi pour la République française. Ce que la signature de la charte européenne, ou l’intégration de Diwan, menaceraient, par contre, c’est un modèle français uniformisant et un centralisme jacobin exacerbé.

La différence linguistique : une “sauvagerie ?”
“Qu’on vous soit différent suppose/par obligation qu’on ait tort” chantait Maxime Le Forestier (4) dans les années 70. La France des droits de l’Homme a bien du mal à intégrer les différences, et cela ne date pas d’aujourd’hui. “La différence linguistique condamne l’Autre à être le sauvage” (5). Suis-je un “sauvage” quand je parle ou j’écris en breton ? J’en ai l’impression parfois, dans le regard ou les réflexions de certains de mes amis, ou de relations.

Pourtant l’apprentissage et la découverte de la langue bretonne est un passionnant parcours de connaissance linguistique, littéraire, mais surtout humain. Le fait de parler, écrire, lire, le breton, m’oblige aussi à ouvrir les yeux et à être le témoin d’un processus triste : la mort possible d’une langue. Que faut-il faire pour sauver le malade ? Le conseil régional, pour la première fois, vient de lancer un plan de sauvetage de la langue. L'actuel président, Jean-Yves Le Drian (PS) a fait beaucoup de promesses dans ce domaine lors de la campagne électorale.

L’application de la charte européenne des langues minoritaires par la République française fait aussi partie des remèdes (mais ce n’est pas le seul). Elle aiderait aussi la communauté nationale française à changer. A porter un autre regard sur ses minorités linguistiques. A approfondir le droit à la différence dans le respect de la République française et européenne. Cette Europe ou tant de langues dites “régionales” (le gallois, l’écossais, le galicien, le catalan, le basque...) ont désormais un statut officiel. Mais un grand village gaulois, replier sur lui-même, résiste encore.

Christian Le Meut

(1) A l’échelle de la France, cela aurait représenté 300.000 manifestants...
(2) La France n’a pas ratifié l’article 27 du pacte international sur les droits civils et politique, ni l’article 30 de la convention des droits de l’enfants, ni la convention cadre européenne sur les minorités nationales, ni donc la charte européenne des langues minoritaires...
(3) “Ces langues, ces voix qui disparaissent”, Daniel Nettle-Suzanne Romaine, ed. Autrement, 19 €.
(4) Chanson “La vie d’un homme”
(5) “Ces langues...”, p. 63.


Suggestions de lectures :
- “Linguistique et colonialisme”, Louis-Jean Calvet, petite bibliothèque Payot, 2002.
- “Halte à la mort des langues” (2002), et “Le souffle de la langue, voies et destins des parlers d’Europe” (1992), Claude Hagège, éditions Odile Jacob.
- “Le français, histoire d’un dialecte devenu langue”, R. Anthony Lodge, Fayard, 1997.

07/08/2005

Bien loin du Manitoba

Le Manitoba est un pays immense situé dans les plaines du Canada. C’est un état membre de la fédération canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier à l’embouchure du fleuve St laurent, au XVIème siècle sous le règne du roi François Ier, la ville de Québec fut fondée ainsi que des établissements français. Des colons arrivèrent et s’installèrent là mais, au fil du temps, certains partirent plus loin : des agriculteurs et des chasseurs, dans des régions non contrôlées encore par la France ou l’Angleterre, où ils se mêlèrent à des populations indiennes, les Cree, notamment. Ainsi apparut une nouvelle population, des métisses et de nouvelles langues, mélanges des langues indiennes et de français, ou d’anglais, suivant les endroits.
Après quelques siècles, ces populations virent arriver l’armée anglaise. Elle voulait prendre possession de ces immenses régions, ce qui fut fait, après une courte guerre, dans les années 1860. Les métisses furent battus mais, à cette occasion, le premier gouvernement du Manitoba fut créé par l’un d’entre eux, Louis Riel, pendu haut et court en 1884 par l’armée britannique.


"Speak white" : "Parlez anglais" !
Pendant longtemps encore, les métisses et les francophones furent mal vus au Manitoba. La langue officielle était l’anglais et il n’y avait pas de place pour la français dans cette région... Un reportage est passé il y a quelques années sur la Cinquième à propos de la langue française dans cette région. Un homme d’une soixantaine d’années, francophone de naissance, racontait qu’un jour, alors qu’il parlait français dans la rue, une personne qu’il ne connaissait pas lui a dit : “Speak white”, ce qui veut dire “Parlez blanc”. Comme le français était parlé par des métisses, cette langue était vue comme une langue de “sauvage”, d’Indiens, de “ploucs” pour ainsi dire... Un peu comme l’était le breton il n’y a pas encore longtemps ici et cette image n’est pas complètement effacée...
Mais voilà, depuis une vingtaine d’années, la constitution canadienne reconnaît le français comme langue officielle. Elle a donc sa place au Manitoba. Des écoles françaises ont été créées. Certaines fonctionnent sur le mode de l’immersion, comme Diwan en Bretagne. Dans certaines grandes villes ces écoles rencontrent un succès certain car les familles considèrent que parler deux langues est un atout. Certaines familles, autrefois francophones mais passées à l’anglais, trouvent là le moyen de renouer avec leurs origines. Le français semblent donc avoir retrouver un avenir au Manitoba !

Les oeillères des médias parisiens
Toutes ces informations, je les ai apprises en regardant un documentaire sur la Cinquième et en écoutant, par hasard, une émission d’une heure sur France Inter. Et je me suis posé la question : quand ai-je entendu ou vu pour la dernière fois une émission d’une heure ou un documentaire sur l’état des langues régionales en France, sur l’état du basque, de l’alsacien, du breton, sur une chaîne nationale ?... Je ne m’en souviens même pas, sauf sur France 3 Bretagne. Mais les médias nationaux s’intéressent-ils aux langues régionales, pas si sûr. Il leur est plus facile d’aller voir des gens qui luttent pour leur langue au Manitoba, surtout s’il s’agit d’y sauver la française, plutôt que de s’intéresser aux gens qui ici, en France, veulent sauver leurs langues !
Mais il est vrai que la Constitution française ne laisse aucune place aux langues régionales, quand la Constitution canadienne reconnaît au moins deux langues et que les peuples améridiens peuvent éduquer leurs enfants dans leurs langues d’origine...
C’est vrai, nous sommes vraiment très loin du Manitoba.

Christian Le Meut

04/08/2005

Claude Hagège : 25 langues meurent par an !

medium_Hagsouffle193.jpgJe suis allé écouter Claude Hagège, le célèbre linguiste à Mellac, dans le Finistère. 700 personnes étaient venues entendre ce professeur au Collège de France. Passionné depuis l’enfance par les langues, Claude Hagège en parle avec ferveur. 5.000 langues sont encore parlées de par le monde, mais 25 disparaissent chaque année, selon Hagège. Les langues parlées par les Indiens d’Amérique du nord, par exemple, sont en grand danger. Claude Hagège travaille avec eux, notamment avec les Sioux. Ces peuples sont, encore aujourd’hui, confinés dans des réserves, sans perspectives d’avenir, et beaucoup d’Indiens, chômeurs, sombrent dans l’alcoolisme...


L'allemand de Goethe et l'italien de Dante
Les explications de Claude Hagège sur les langues dans quelques pays d’Europe proches ont été très intéressantes. En France, la langue parlée à Paris et autour de Paris est devenue langue officielle du royaume suite à la décision de France Ier. Rien de commun en Allemagne, par exemple, où l’allemand littéraire, l’allemand écrit, s’est formé sur la base de la traduction de la bible par Martin Luther. Celui-ci a traduit les évangiles dans le dialecte allemand parlé dans sa région, qui est devenu la base écrite. Une forme d’unité linguistique s’est formée avant l’unité politique, alors qu’en France, la langue a été un outil du pouvoir en place pour imposer l’unité politique. En Italie, c’est le dialecte italien écrit par Dante, et sa Divine comédie, qui a servi de base à l’écriture et à l’italien contemporain. Mais beaucoup de dialectes sont encore parlés et écrits, comme dans le Piémont, par exemple.
Le cas de l’Inde est également intéressant. Ce pays compte plusieurs langues officielles mais, surtout, des millions de personnes polyglottes, parlent plusieurs langues. Certains pays d’Europe, comme la Belgique et la Suisse, comptent également plusieurs langues officielles, pas moins de huit pour la Suisse. Mais Hagège regrette de constater que peu de Belges et peu de Suisses maîtrisent une autre langue parlée dans leur pays. Les francophones ne sont que francophones et peu pratiquent le flamand en Belgique, l’allemand ou l’italien en Suisse. Il regrette également que si peu de Bretons parlent la langue bretonne... Il n'est pas le seul !

Une sorte de show... à l'américaine ?
il nous a d’ailleurs parlé un peu breton et soutenu qu’il aurait ét é capable de faire sa conférence en breton s’il avait été sûr de pouvoir être compris... Vrai ou faux ? Le monsieur est un peu cabot et nous a fait un show, tel un acteur, multipliant les pics à l’égard des Etats-Unis. Mais, revenons à la Bretagne. Hagège estime que le breton sera sauvé si les familles envoient massivement leurs enfants apprendre la langue bretonne à l’école... L’Etat français devra fournir les professeurs en nombre suffisant pour la demande. Il estime, par contre, qu’il ne faut pas rendre obligatoire le breton à l’école. Point sur lequel je me permettrai d’êtr en désaccord avec cet éminent linguiste. Enfant, j’ai dû faire une “initiation au latin” au collège, sans que l’on me demande mon avis. selon les professeurs, cette initiation me servait car je pouvais, ainsi, mieux comprendre l’origine des mots français... Mais, en Basse bretagne, la très grande majorité des noms de lieux et de familles viennent du breton ! Pourquoi ne pas instaurer une initiation au breton en cinquième, par exemple, afin de donner une connaissance minimale de la langue et de l’histoire de la Bretagne aux enfants qui, comme bien souvent leurs parents, en ignorent tout ou quasiment ?

Claude Hagège est partisan de l’apprentissage précoce des langues vivantes : avant dix ans, il préconise d’apprendre trois langues vivantes à l’école primaire et affirme que les enfants en sont capables. Mais il est inquiet devant la place prédominante de l’anglo-étasunien, et préconise l’introduction d’autres langues comme l’espagnol, l’allemand, voire les langues dites régionales... Cela contribuerait à élargir l’esprit des enfants et leurs capacités d’apprentissage d’autres langues.

Charlemagne, un germanophone !
Pour finir, voici une information que j’ai apprise ce soir là : certains rois de France ne parlaient pas le français ! Ainsi, les Mérovingiens et les Carolingiens ne parlaient pas le vieux français parlé à l’époque, mais une langue germanique, puisqu’il s’agissait de Francs, un peuple d’origine germanique. Clovis parlait une langue germanique dont serait proche le francisque mosellan, une langue encore parlée dans le département de la Moselle, mais par de moins en moins de gens... La même chose pour Charlemagne ! Ce que l’histoire officielle française se garde bien d’apprendre aux enfants.

Christian Le Meut (2003)