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04/10/2005

La Turquie, pas en Europe ?

Le débat sur l’admission ou non de la Turquie dans l’Union européenne m’a rappelé une rencontre faite lors d’un voyage au Kosovo. Le Kosovo est en Europe, entre l’Albanie et la Serbie. J’y suis allé en 1995 avec des amis et, un jour, nous avons été accueillis par une famille dans la ville de Prizren, au sud du Kosovo. Cette famille albanaise parlait donc l’albanais et nous communiquions en anglais avec la jeune femme qui nous avait invités. Mais la mère de celle-ci, la grand-mère donc, parlait une autre langue, inconnue de nous. Le turc, langue quotidienne dans cette famille. Cette langue est encore parlée dans ce coin de l’Europe depuis des siècles. La Turquie ottomane a occupé le Kosovo et les Balkans pendant environ cinq siècles, pas moins...

Avant d’affirmer, comme le font certains opposants à son entrée dans l'Union européenne, que la Turquie n’est pas géographiquement en Europe, il faudrait peut-être repenser nos façons de voir l’Europe. Vous avez sans doute appris à l’école, comme moi, que la Terre compte cinq continents : Asie, Europe, Afrique, Amérique et Océanie... Mettons. Mais, si je lis bien la définition de ce qu’est un continent dans mon dictionnaire Larousse, je découvre ceci : “Vaste étendue de terre que l’on peut parcourir sans traverser la mer”. La définition correspond à peu près pour l’Australie, l’Amérique et l’Afrique, mais pas pour l’Europe et l’Asie... Qui ne font qu’un ! On peut les parcourir de Brest à Pékin, de Lisbonne à Vladivostok, sans traverser aucune mer.

Un "continent européen" ?
Le “continent” européen, d’un point de vue géographique, est une vue de l’esprit. Certains atlas utilisent d’ailleurs le nom Eurasie pour définir ce vaste continent qui va de Brest à Hanoi. Et c’est eux qui sont dans le vrai.
Nous avons appris que l’Oural et le Caucase sont les frontières Est de l’Europe... Mais au nom de quoi ? Pourquoi pas les Pyrénées ou les Alpes ? D’après ces frontières virtuelles la Tchétchénie se trouve donc en Europe, mais pas l’Arménie ou la Géorgie voisines... Si la Turquie n’y est pas, la Russie y est-elle ? La majeure partie de la Russie est hors de l’Europe. Par contre la Guadeloupe, La Réunion, La Martinique, Mayotte, la Guyane sont dans l’Union européenne. On y paye ses achats en euro... Et la Turquie ne pourrait pas entrer dans cette Union ?
Les frontières de l’Europe géographique n’en font pas un continent. Pourquoi nos ancêtres les ont-elle inventées, alors? Parce qu’ils pensaient, peut-être, être le centre du monde ? Pour ne pas se mélanger avec ces populations hérétiques qu’étaient les Arabes, Turcs et autres Chinois ? Peut-être aussi pour s’auto-persuader que l’Europe est réellement un continent, avec sa propre entité, sa propre unité... Sa propre supériorité ?

Quelle unité européenne ?
Mais qu’est-ce que l’Europe, si elle n’est pas géographique ? Un patrimoine historique ? L’histoire de la Finlande et celle de l’Espagne n’ont sans doute pas grand chose en commun. Linguistique ? Là aussi la diversité est de rigueur... Religieuse ? Certes, l’histoire européenne est marquée par le christianisme (catholique, orthodoxe, protestant, mais aussi cathare, etc), mais le judaïsme et l’islam y ont aussi eu leur place, ainsi que l’athéisme et les religions pré-chrétiennes, celtes, romaines, grecques... Et puis l’on constate également que les Chrétiens entre eux savent très bien se faire la guerre comme l’ont démontré les Irlandais du Nord, les Serbes et les Croates, ces dernières décennies, ainsi que les multiples guerres de religion qui parsèment l’histoire européenne...

Un projet politique
Alors, quelle unité ? Politique ? Non, républiques et royaumes se côtoient... Démocraties et dictatures aussi.
Mais depuis 50 ans cependant, l’Europe signifie quelque chose. Des Etats démocratiques se mettent ensemble pour bâtir un espace économique mais aussi politique. Ils élaborent des lois sur le commerce, sur la monnaie, les droits de l’Homme, l’environnement, les conditions de travail. L’Europe prend corps et, depuis tout ce temps, elle a maintenu la paix en son sein (mais elle n'y est pas forcément parvenue dans les Balkans)... Alors pourquoi ne pas accueillir, même dans dix ou vingt ans, la Turquie si ce pays accepte de respecter les règles européennes ? S’il avance dans le respect des droits humains, s’il aménage les droits de ses minorités que sont, notamment, les Kurdes ? Certes, l’armée turque a encore une trop grande place dans les institutions turques, les droits de l'Homme et de la Femme n'y sont pas encore garantis, mais ce pays modifie ses lois, depuis des années, pour correspondre au cadre européen, aux lois de l'Union européennes. La situation peut évoluer dans un sens positif et la Turquie peut entrer dans l’Union européenne.
Cela dépend aussi de nous.
Christian Le Meut

12/08/2005

Une langue meurt tous les 15 jours

D’autres chiffres sont livrés dans “Cause toujours” (lire "6.700 langues parlées dans le monde), ce numéro de Courrier international consacré aux langues: parmi les 1.200 langues parlées il y a cent ans en Amazonie, 800 ont disparu aujourd’hui ! 96% des langues sont parlées par seulement 4% de la population. La grande majorité des langues sont parlées par de toutes petites communautés. Il y a cinq ans, 51 langues n’étaient plus parlées que par une personne seulement, dont 28 langues aborigènes d’Australie. Tous les quinze jours, une langue disparaît sur notre belle planète...

La langue bretonne sauvée si elle est traitée comme sa cousine galloise
Selon un article paru dans la revue londonienne Prospect le breton ne pourra être sauvé que s’il fait l’objet d’une véritable politique de promotion comme celle menée actuellement au pays de Galles.
Tout au long de l’histoire, des langues sont mortes, comme le latin, ou l’étrusque, une langue que les chercheurs n’ont toujours pas déchiffrée. C’est un processus normal quand il s’inscrit dans la durée : le français, l’italien, le roumain, le castillan, le catalan, etc, ont remplacé le latin en évoluant avec le temps et avec l’apport d’autres langues. Mais l’on assiste aujourd’hui à un phénomène de disparition pur et simple lié au colonialisme et à la mondialisation engagée depuis plusieurs siècles.
Selon le linguiste gallois David Crystal, je cite, “la disparition des langues devrait nous préoccuper au même titre que celle des espèces animales ou végétales. Car cela réduit la diversité de notre planète”. Et, un peu plus loin : “La diversité occupe une place centrale dans la théorie de l’évolution, car elle permet à une espèce de survivre dans des milieux différents. L’uniformisation présente des dangers pour la survie à long terme de l’espèce. Les écosystèmes les plus forts sont ceux qui sont le plus diversifiés”.

Une seule langue et un monde pacifique ?
Autre question d’importance abordé dans ce numéro : le fait de parler une seule et même langue rendrait-il le monde plus pacifique ? Rien n’est moins sur. Beaucoup de guerres ont opposé des nations parlant la même langue, sans parler des guerres civiles et autres génocides : le Rwanda, la Yougoslavie et l’Irlande du Nord sont des exemples récents montrant que le fait de parler la même langue ne signifie pas pour autant que l’on arrive à se comprendre.
Ce ne sont pas les langues qui se font la guerre, mais les gens. Des systèmes démocratiques et respectueux des droits de l’Homme peuvent permettre à des communautés de langues différentes de coexister.
Mais je ne résiste pas à l’envie de vous livrer des citations de l’écrivain libanais Amin Maalouf, cité dans ce numéro spécial : “Il suffit de contempler l’Algérie pour se rendre compte des effets désastreux d’une politique de viol linguistique et culturel. Imposer une langue à un peuple aux dépens de sa propre langue est toujours une agression aux conséquences tragiques”. Je crois que cette affirmation n’est pas uniquement vraie pour l’Algérie. Mais écoutons encore Amin Maalouf : “La véritable attitude civilisatrice, la véritable contribution à une gestion pacifique du monde inquiétant où nous vivons, c’est de consolider et d’organiser harmonieusement la diversité culturelle et linguistique des hommes pour que nul ne se sente bafoué, marginalisé, exclu, incompris, méprisé, et que nul ne soit tenté par le langage de la violence. Cela suppose que l’on s’emploie à conforter la place de toutes les expressions culturelles et à faire en sorte que chaque personne puisse accéder à la modernité dans sa propre langue”.

Ashoge !
Respecter les langues, c’est respecter les peuples et populations qui les parlent. Et, comme l’écrit un linguiste français, “La guerre des langues n’est jamais que l’aspect linguistique d’une guerre plus vaste”. Un combat pour les droits de l’Homme, par exemple ?
“Cause toujours”, ce numéro spécial de Courrier international sur les langues de la planète se termine par un liste du mot “merci” traduit en 441 langues. Alors, savez-vous comment l’on dit “merci” en langue apache ? “Ashoge”... Et cette langue était encore parlée par 15.325 personnes en 1990, selon les chiffres de Courrier international.
Alors "ashoge" d'avoir pris de votre temps pour lire cet article.

Christian Le Meut

Ur yezh a ya da goll bep pemzek deiz

Sifroù zo bet embannet barzh "Cause toujours" (lennit ar pennad "6.700 yezh komzet er bed") a ziout ar yezhoù en arvar. E touez ar 1.200 yezh a veze komzet kant vloazh zo en Amazonia, 800 zo marv dija ! 96 % ag ar yezhoù bev c’hoazh er bed a bezh a vez komzet ged 4 % ag ar poblans ! Pemp bloaz zo, 51 yezh ‘veze komzet get un den hepken, dreist holl get Aborigened en Australia. Hag ur yezh a ya da goll bep pemzek deiz er bed ! Spontus, neketa ?
Hervez ur pennad skrid embannet war "Prospect", ur gazetenn a Londrez, ne vo ket savetaet ar brezhoneg mard n’eo ket sikouret evel ar pezh e vez graet e Bro Gembre bremañ...
Goulennoù a bouez zo e barzh ar gazetenn se : perak emañ fall bout kollet kement se a yezhoù ? Hervez David Crystal, kelenner yezhoniezh e Kembre (skrivañ a ran e galleg, n’on ket barrek awalc’h evit treiñ), “la disparition des langues devrait nous préoccuper au même titre que celle des espèces animales ou végétales. Car cela réduit la diversité de notre planète”. Hag, un tammig pelloc’h : “La diversité occupe une place centrale dans la théorie de l’évolution, car elle permet à une espèce de survivre dans des milieux différents. L’uniformisation présente des dangers pour la survie à long terme de l’espèce. Les écosystèmes les plus forts sont ceux qui sont le plus diversifiés”.

Ur bed habaskoc'h get ur yezh hepken ?
Ur goulenn all : hag en e vehe habaskoc’h, pasifikoc’h ar bed ma vehe komzet ur yezh hepken ? N’eo ket sur : e Yougoslavia, en Iwerzhon hanternozh, er Rwanda, hag all, e vez komzet ur yezh nemetken, ha, neoazh, brezeloù spontus a zo bet er broioù se. Ar brezel ne vez ket graet get ar yezhoù, met get an dud. Ma z’eus ur vuhez demokratelezh, ma vez respetet gwirioù mab den, moian zo beviñ asambles get yezhoù dizhenvel.
An dra se ‘zo displeget get Amin Maalouf, ur skrivagner a Vro Liban : “La véritable attitude civilisatrice, la véritable contribution à une gestion pacifique du monde inquiétant où nous vivons, c’est de consolider et d’organiser harmonieusement la diversité culturelle et linguistique des hommes pour que nul ne se sente bafoué, marginalisé, exclu, incompris, méprisé, et que nul ne soit tenté par le langage de la violence. Cela suppose que l’on s’emploie à conforter la place de toutes les expressions culturelles et à faire en sorte que chaque personne puisse accéder à la modernité dans sa propre langue”.

Ur sort brezel ?
Met Amin Maalouf a gomz ivez a ziout Aljeria : “Il suffit de contempler l’Algérie pour se rendre compte des effets désastreux d’une politique de viol linguistique et culturel. Imposer une langue à un peuple aux dépens de sa propre langue est toujours une agression aux conséquences tragiques”. Gwir eo ar frasenn se ha pas hepken evit Aljeria. Doujiñ ar yezhoù a dalv respestiñ an dud, ar pobloù a gomz ar yezhoù-se. Gwir eo ur frasenn al, lâret get ur “yezhoniour” a Frans Pierre-Jean Calvet : “La guerre des langues n’est jamais que l’aspect linguistique d’une guerre plus vaste”.
E fin ar gazetenn, e kaver ur rol ged ar ger “trugarez”, troet e 441 yehz... Goueit a rit penaos e vez lâret “trugarez” e yezh albaneg ? Pas ? “Falemdiri”. Hag en apacheg ? “Ashoge”.
“Ashoge” deoc’h bout lennet ar pennad-man !

Christian Le Meut

11/08/2005

6.700 langues parlées dans le monde

Voulez-vous faire un petit voyage afin de mieux connaître les langues parlées dans le monde entier ? Rien de plus facile, il suffit de lire un numéro spécial de l’hebdomadaire “Courrier international” intitulé “Causes toujours” et paru en mars 2003. Chaque semaine Courrier international traduit en français des articles du monde entier sur l’actualité international, mais ce numéro spécial est uniquement consacré aux 6.700 langues parlées au jour d’aujourd’hui sur notre belle planète. Il coûte 6,5 euros. La première partie comporte des articles expliquant cette diversité linguistique et comment sont apparues les langues anciennes, comme l’indo européen qui est, dans l’état actuel des connaissances historiques, la langue mère de la grande majorité des langues parlées en Europe aujourd’hui, langues latines, celtiques, germaniques, etc.

Le français 12e langue parlée
Il y a ensuite une sorte de panorama des langues les plus parlées dans le monde. Le champion est le chinois, parlé par plus d’un milliard de personnes. Mais, là aussi, une vraie diversité existe, des dialectes à foison, et des débats et tensions existent entre les partisans de ces différents dialectes. La seconde position est tenue par l’anglais quant à la troisième, elle va à l’hindi, langue nationale de l’Inde parlée par près de 900 millions de personnes. Le français arrive douzième avec 125 millions de locuteurs.
Le destin de l’anglais est étrange. Au Moyen-âge, et même jusqu’à la Renaissance, cette langue était fortement méprisée par les élites intellectuelles britanniques et européennes car elle était surtout la langue du peuple, la langue des pauvres. Aujourd’hui, elle est devenue la langue internationale, par les hasards de l’histoire. Mais des questions sont posées dans ce numéro sur l’avenir de l’anglais et de sa position dominante. Les anglophone de langue maternelle sont à peine 6% de la population mondiale, quand les sinophones sont 15%. La domination de l’anglais sur internet tendrait à se réduire au profit d’autres langues et, là où il est parlé, l’anglais se mélange souvent avec d’autres langues, comme à Singapour ou aux Etats-Unis. L’on voit ainsi apparaître des dialectes nouveaux comme le “spanglish” aux Etats-Unis.

Surprise québécoise
D’autres surprises nous attendent à la lecture des articles. Ainsi, l’on découvre que le système fédérale canadien est officiellement bilingue, anglo-français, depuis 1969, mais que le Québec refuse d’appliquer certaines lois sur le bilinguisme dans sur son territoire... Cela l’amènerait à donner plus de droit à sa minorité anglophone ! Du coup, cette attitude entraîne des tensions avec les autres communautés francophones du Canada, minoritaires, elles, comme au Nouveau Brunswick et au Manitoba.

(A suivre)

Christian Le Meut

6.700 yezh komzet er bed

Faota deoc’h gober un dro vale evit anavezout gwelloc’h ar yezhoù komzet er bed ? Penaos gober ? Hep finval e met e lenn un niverenn ispisial Courrier international” anvet “Cause toujours”, bet embannet e mz Meurzh 2003. Courrier International zo ur gazetenn sizhunveg e lec’h ma vez embannet pennadoù skrid ag ar bed a bezh troet e galleg.
E penn kentan “Cause toujours” emañ displeget perak ez eus kement se a yezhoù er bed, hag a venn e ta ar yezhoù se. Da skouer, a venn e ta an “indo europeaneg”, yezh mamm ar yezhoù keltiek, latinek, germanek, ha c’hoazh.
Goude, kiniget eo ur sort “panorama” ag ar yezhoù komzet ar muiañ. Ar maout a ya d’ar sineg, komzet get ur millard a dud. Met n’eus ket ur yezh sineg hepken, met ur bochad a barlantoù, a rannyezhoù, ha bec’h un tammig etreze... En eil blas e kaver ar saozneg, komzet get tost ur milliard a dud ivez, hag en terved plas an hindi-ourdou komzet get 900 million a dud e Bro India dreist holl.


Ar saozneg dispriziet en Amzer grenn !
Iskis eo istor ar saozneg. Gwezhall goz, en Amzer grenn, e veze gwellet fall ar saozneg get tud desket en Europa; komzet veze hepken get ar bobl, get ar re baour. Breman emañ ar yezh se ar yezh etrebroadel ! Met peseurt dazont eviti ? Bez eus nemet 6 % a saoznegerion a vihanig er bed a bezh, pa ez eus 15 % a sinegerion a vihanig.
Tamm ha tamm muioc’h mui a dud a skriv war internet yezhoù estroc’h evit ar saozneg. E broioù zo, ar saozneg e vez mesket get yezhoù all, ha savet vez mod-se yezhoù nevez evel ar “spanglish”, meskaj etre spagnoleg ha saozneg er Stadoù unanet.
Traou souezhus all zo e barzh “Cause toujours” : da skouer, a ziout ar C’hanada... Eno, tud a gomz galleg e bro Gebek met ivez e lec’hioù all evel er Brunswick Nevez hag er Manitoba. Met, abaoe 36 vloaz, ar C’Hanada zo deuet da vout ur vro diyezhek, ged lezennoù evit mirout ar galleg... Souezhus eo : tud n’int ket a-du get an dra-se er C’Hebek a gaos ma vehe ret dezhi reiñ muioc’h a droadoù d’ar saoznegerion a vev e bro Gebeg !

(Da heuliañ)

Christian Le Meut

07/08/2005

Bien loin du Manitoba

Le Manitoba est un pays immense situé dans les plaines du Canada. C’est un état membre de la fédération canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier à l’embouchure du fleuve St laurent, au XVIème siècle sous le règne du roi François Ier, la ville de Québec fut fondée ainsi que des établissements français. Des colons arrivèrent et s’installèrent là mais, au fil du temps, certains partirent plus loin : des agriculteurs et des chasseurs, dans des régions non contrôlées encore par la France ou l’Angleterre, où ils se mêlèrent à des populations indiennes, les Cree, notamment. Ainsi apparut une nouvelle population, des métisses et de nouvelles langues, mélanges des langues indiennes et de français, ou d’anglais, suivant les endroits.
Après quelques siècles, ces populations virent arriver l’armée anglaise. Elle voulait prendre possession de ces immenses régions, ce qui fut fait, après une courte guerre, dans les années 1860. Les métisses furent battus mais, à cette occasion, le premier gouvernement du Manitoba fut créé par l’un d’entre eux, Louis Riel, pendu haut et court en 1884 par l’armée britannique.


"Speak white" : "Parlez anglais" !
Pendant longtemps encore, les métisses et les francophones furent mal vus au Manitoba. La langue officielle était l’anglais et il n’y avait pas de place pour la français dans cette région... Un reportage est passé il y a quelques années sur la Cinquième à propos de la langue française dans cette région. Un homme d’une soixantaine d’années, francophone de naissance, racontait qu’un jour, alors qu’il parlait français dans la rue, une personne qu’il ne connaissait pas lui a dit : “Speak white”, ce qui veut dire “Parlez blanc”. Comme le français était parlé par des métisses, cette langue était vue comme une langue de “sauvage”, d’Indiens, de “ploucs” pour ainsi dire... Un peu comme l’était le breton il n’y a pas encore longtemps ici et cette image n’est pas complètement effacée...
Mais voilà, depuis une vingtaine d’années, la constitution canadienne reconnaît le français comme langue officielle. Elle a donc sa place au Manitoba. Des écoles françaises ont été créées. Certaines fonctionnent sur le mode de l’immersion, comme Diwan en Bretagne. Dans certaines grandes villes ces écoles rencontrent un succès certain car les familles considèrent que parler deux langues est un atout. Certaines familles, autrefois francophones mais passées à l’anglais, trouvent là le moyen de renouer avec leurs origines. Le français semblent donc avoir retrouver un avenir au Manitoba !

Les oeillères des médias parisiens
Toutes ces informations, je les ai apprises en regardant un documentaire sur la Cinquième et en écoutant, par hasard, une émission d’une heure sur France Inter. Et je me suis posé la question : quand ai-je entendu ou vu pour la dernière fois une émission d’une heure ou un documentaire sur l’état des langues régionales en France, sur l’état du basque, de l’alsacien, du breton, sur une chaîne nationale ?... Je ne m’en souviens même pas, sauf sur France 3 Bretagne. Mais les médias nationaux s’intéressent-ils aux langues régionales, pas si sûr. Il leur est plus facile d’aller voir des gens qui luttent pour leur langue au Manitoba, surtout s’il s’agit d’y sauver la française, plutôt que de s’intéresser aux gens qui ici, en France, veulent sauver leurs langues !
Mais il est vrai que la Constitution française ne laisse aucune place aux langues régionales, quand la Constitution canadienne reconnaît au moins deux langues et que les peuples améridiens peuvent éduquer leurs enfants dans leurs langues d’origine...
C’est vrai, nous sommes vraiment très loin du Manitoba.

Christian Le Meut

Pell emañ ar Manitoba

Ar Manitoba zo ul lodenn ag ar C’Hanada, e kornog Bro Gebek. Degouezhet oa Jacques Cartier er C’Hanada e penn kentan an XVIe kantved, mare ar roue Fanch Ie. Labourizion douar, jibouesourion, kenverzourion a Vro Frans oa daet ha savet oa bet ar ger vras Kebek. Tamm ha tamm ul lodenn ag ar re se oa aet pelloc’h, betek plaenenn ar Manitoba. Hag ar re se, jibouesourion kentoc’h, d’en em zimezhiñ get indianezed. Mod se oa bet ganet metissed ha parlantou nevez etre ar galleg ha yezhoù indian evel ar “Cree”, da skouer...

Ar Manitoba zo bet poblet evel-se betek ar dro 1860, mare aloubigigezh ar Manitaba get arme Bro Saoz. Ne oa ket bet goulennet an aotre get an Indianed, pe ar Vetissed pe ar gallegerien... Ur brezel oa bet met aet oa an trec’h get an Inglezed. Gouarnamant gentañ ar Manitoba oa bet savet, get Louis Riel e penn, ur metis, bet krouget ar lerc’h get an arme a Vro Saoz .

Ar galleg, yezh ar blouked
E pad pell amzer a c’houde, e veze fallwellet ar Vetissed hag ar re a gomze galleg er Manitoba, daoust ma oa anezhe al lodenn vrasan ag an dud er c’herioù bras betek fin an XIXe kantved. Ar saozneg oa deuet da vout ar yezh ofisiel hag ar galleg e veze gwellet evel ur yezh komzet ged sauvajed, Indianed, da lavaret plouked, tud gouez.
Barzh ur film m’eus gwellet war ar chadenn 5, un den kozh, galleger a vihan, a lâre an istor se : “Ur wezh e oan o gomz galleg er maez hag un den all, n’anaouen ket anezhan, ur saozneger, n’oa lavaret din : “Speak white””... “Speak white””. ne blije ket dezhan klevout galleg ha “speak white” a dalve : speak gwenn, komz saozneg...

Hiriv an deiz, miliadoù a gallegerien hag a vetissed a zo c’hoazh er Manitoba, met nebeutoc’h nebeut a gomz galleg pe ar yezhoù ganet ag ar galleg hag ar yezhoù indian. Dilezet a zo bet ar galleg get ur bern tud... Met, abaoe ugent vloaz, ar vonreizh, ar “gonstitution” ag ar C’hanada zo bet chanchet evit lakaat ur plas d’ar galleg deuet da vout yezh ofisiel ar C’hanada a bezh get ar saozneg. Skolioù divyezheg a zo bet krouet e lec’h ma vez kelennet ar galleg d’an doare “soubidigezh”, evel Diwan e Breizh. Muioc’h mui a familhoù a gas o bugale d’ar skolioù se peogwir e vez gwellet mat komz div yezh ! Un dazont zo bremañ evit ar galleg e Manotiba, war e seblant...

Un dazont memestra ?
Desket m’eus an traoù-se a gres d’un abadenn m’eus gwellet war ar skinwell hag, ivez, a gres d’un abadenn hir, un euriad, m’eus klewet war France Inter... Interesus tre oa ar pezh m’eus desket mod-se met biskoazh m’eus klewet pe gwellet un abadenn evel se a ziout ar yezhoù rannvroel evel an euskareg, an alzasianeg pe ar brezhoneg, war an tele pe ar radio e Frans. Nemet war Frans 3 Breizh ! Ar mediaou a Baris a ya pell, betek ar Manitoba, da welled tud a stourm evit o yezhoù. Bez eus tud a stourm aman evit o yezhoù ivez, e Frans. Met ne vezont ket gwellet war an skinwelloù, ha klewet war ar skingomzoù e Bro C’hall. Met n’int ket bet anavezet ar yezhoù-se evel yezhoù ofisiel.Ya, sur awalc’h, pell emañ ar Manitoba.

Christian Le Meut

29/06/2005

Chère voiture

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé un million deux cents mille personnes meurent chaque année dans un accident de voiture : un million deux cents mille, pas moins ! Et la majeure partie, 90%, dans les pays pauvres où, pourtant, il y a beaucoup moins de voitures. Oui mais voilà, les pays riches ont beaucoup plus de moyens pour assurer la sécurité routière que la plupart des pays pauvres où l’urgence, pour beaucoup de gens, est de trouver à manger chaque jour avant de se préoccuper de sécurité routière...
D’ailleurs, il n’y a pas toujours de route, souvent plutôt des pistes, et parfois complètement défoncées. Et les morts sont, en majorité, des piétons et des enfants victimes de la vitesse, de l’absence de respect des règles, de l’alcoolisme des conducteurs, etc. L’on entend d’ailleurs régulièrement parler d’accidents de ce type lors du célèbrement affligeant Paris-Dakar au cours duquel des centaines de camions, motos et autos traversent à toute allure des régions sans se soucier de ce qu’ils détruisent. Les riches ne regardent pas les pauvres. Autrefois ils passaient à côté en carrosse, aujourd’hui ils passent en caravane publicitaire.
Christian Le Meut

28/06/2005

Otoioù, aioù, aioù !

Hervez an OMS, (Strollad bed ar yec’hed), ur million ha daou gant mill den (1.200.000) a varv bep bloaz war an hentoù er bed a bezh, memestra. Al lodenn vrasan, 90%, a varv er broioù paour ha 10 % hepken er broioù pinvidik. Gwir eo lâret : muioc’h a draoù e vez graet evit ar surentez war an hentoù er broioù pinvidik. An dra mallusan, evit al lodenn vrasan ag an dud a zo e chom er broioù paour, zo da gavout boued bemdez e lec’h sonjal er surentez war an hentoù... Fall bras eo stad an hentoù er broioù-se, pa z’eus hentoù. Pistoù, minojennoù, ne laran ket.
An dud flastret, gwasket, n’int ket ‘barzh an otoioù met er maez : baleourion, bugale... Evel ar pezh e wellomp bep bloaz kazimant e-pad ar “Paris Dakar”, redadeg otoioù brudet met sot awalc’h. Kirri tann, motoioù, kirri-samm e dremen kerioù ha maezioù ar fonnaplan posupl hep sellet doc’h ar pezh e vez diskarret ha flastret gete. Ar re binvidik ne sella ket doc’h ar re baour. Gwech’all ar re bitaod a dremene war karreosioù; hiriv an deiz war kirri tann ha kirri samm goloet a vruderezh.
Christian Le Meut

20/06/2005

Démocratie en Chine : un gros mot !

Voici comment les gros mots sont effacés sur internet par le régime chinois "communiste" en place avec l'appui d'une multinationale... Une seule victime : la liberté d'expression ! Cet article est l'oeuvre du journaliste Gérard Ponthieu dont je vous recommande le blog. http://gponthieu.blog.lemonde.fr/gponthieu/

Microsoft, collabo et censeur de la dictature chinoise
En chinois, « démocratie », « manifestation » et « droits de l'homme » sont de gros vilains mots interdits-caca-prison. N’allez surtout pas les écrire sur votre blog. D’ailleurs en Chine vous ne pourriez même pas ! Grâce à Microsoft. Merci Bill Gates, pour cette contribution à la Liberté. En effet, Microsoft vient de créer là-bas une société mixte pour étendre son empire par le biais de la version chinoise de son outil de blog, MSN Spaces. Un empire dans un autre, ça laisse entrevoir un sacré empilement de pognon. Déjà près de 100 millions de Chinois qui surfent – et ce n’est que le début.
Donc, face à de telles perspectives d’expansion mortifère, la firme impérialiste n’a pas hésité à collaborer avec la dictature impériale. Entre dominateurs, on se comprend. Le résultat est comme magique : Les gros mots, raconte le correspondant du Monde à Shanghaï, Brice Pedroletti, « lorsqu'ils sont dans l'“espace perso” de l'utilisateur, provoquent l'apparition d'un avertissement : “ Ce texte contient une expression qui n'est pas autorisée, veuillez supprimer cette expression.” La réactivité du cerbère électronique varie selon les combinaisons de mots et la période de la journée. Le mot youxing, “manifestation”, placé dans le titre, est rédhibitoire.»
Quand la censure n'est pas automatique, elle est exercée par une police de l'Internet, qui est présente dans 700 villes. Il y aurait entre 3 à 5 millions de Chinois à tenir un blog. « Sur www.yourblog.org, raconte le journaliste du Monde, une internaute chinoise qui avait donné son récit des manifestations antijaponaises à Pékin, le mois dernier, explique que certains mots ou certaines phrases ont été automatiquement effacés de la version initiale de sa page. En mars, le gouvernement chinois a annoncé que tous les «blogueurs» et détenteurs de sites devaient être dûment enregistrés auprès du gouvernement avant le 30 juin. S'ils n'obtempèrent pas, leur site sera supprimé. »
Les collabos sont à l’œuvre. Ils font même du zèle, comme Newsweek – oui, vous avez bien lu, le fleuron-mon-cul des hebdos états-uniens plutôt libéraux –, qui épure son édition chinoise de certains articles estimés sensibles.
Comment dire ?… Beurk !… Big Brother, oui… Tellement usé, banalisé… Normalisé. Mais là, dites, voyez comme les qualificatifs vont manquer. On devrait pourtant en profiter, d’ici qu’ils déboulent dans nos ordi, juste avant d’envahir nos mots, nos pensées, nos cerveaux ! Enfoncé 1984 ! Au secours George !"
Gérard Ponthieu

17/06/2005

Un devezh hep mediaioù

Tud zo, zo kounnaret bras a-gaos d’ar mediaoù, d’ar chadennoù skinwell (télé), d’ar skingomzioù (radio) ha da gazetennoù-zo rak kazimant razh ar re-se, e Bro C’hall, oa evit ar “ya” araok ar referendum. TFunan, Frans daou, Frans Tri, Frans Inter, Frans Kultur, Europa unan, ha c’hoazh... Razh ar re-se oa evit ar “Ya”, sklaer oa evel lagad un naer... Ha tud, breman, d’en em sevel ha da vanifestiñ : un “devezh hep mediaioù”, “grève des médias” zo bet galvet gete, dec’h, yaou 16 a viz Mezheven. Moian zo da welled war ul lec’hienn internet ar pezh a zo bet graet gete, ar skritelloù, al lizhiri-klemm skrivet gete da gas d’ar mediaioù :
nomedia16.free.fr
Me, m’eus votet Ya. Met me c’hella kompreiñ ar-re se memestra. Ne sellan ket kalz doc’h ar skinwell, ma fost tele zo e vreinañ barzh ma c’hav memestra, met selaou a ran ar skingomz, bemdez. Radio Bro Gwened, evel reson (kazimant holl an testennoù lakaet war ar blog-man zo bet skrivet evit ar Radio-se e penn kentan), met ivez Frans Kultur. War Frans Kultur ‘vez skignet bep mintiñ un abadenn anvet get kazetennerion ha “kronikourion”. Selaou a ran a wezhoù an abadenn-se evit dihuniñ, ar pezh n’eo ket aes bemdez, me lâr deoc’h...
Pemp kronikour zo war Frans Kultur bep mintiñ (ha maouez ebet en o mesk), ha pevar a oa evit ar “Ya”; ar pempved a oa etre, met den ebet evit ar “nann”. Tud oa bet kouviet da zisplegiñ perak e votehent “ya” pe “nann”, met ar re a gomze bemdez barzh ar post a oa kazimant tout evit ar “Ya”. Un deiz, Alexandre Adler, ur c’hronikour, a gomze a-ziout Sina. Ha setu eñ, da blantiñ ur “ya” evit ar vonreizh Europa barzh e destenn.
Un deiz all un abadenn ispisial oa bet savet get Frans Kultur goude marv ar filosofour Paul Ricoeur. Kouviet oa bet Paul Thibaud, mignon an den marv ha filosofour ivez. Paul Thibaud oa evit votiñ “nann” d’ar vonreizh Europa met ne oa ket deuet da gomz a-ziar an dra se.
Ha setu ur c’hronikour all, Olivier Duhamel, da lakaat an traoù war an daol c’hoazh : “Perak e votehet nann, c’hwi, un den ken speredek eldeoc’h-c’hwi”. E klevout Olivier Duhamel ne oa ket oa posupl bout speredek ha votiñ “nann”. Ar paotr-se zo kronikour war Frans Kultur breman met araok oa kannad e parlament Europa; ha hennezh oa unan ag an dud ‘doa skrivet ar vonreizh Europa nevez ! Hervez an “deontologie”, gwelloc’h vehe bet dezhan mont kuit a Frans Kultur e-pad ur prantad amzer araok ar referendum met pas kenderc’hel da gomz barzh ur radio publik... Re geijet oa an traoù, d’am sonj.
Ha me da vout kounnaret ivez. Rak an doare-se d’ober zo bet fall “contreproductive” e larer e galleg.
E Penn kentan, ar mediaioù doa graet evel ma oa ret votiñ “Ya”, el ma ne oa ket hent all ebet. Ar lerc’h, e wellet an “nann” kreskiñ er sontadegoù, displeget o doa perak votiñ “nann” oa un dra sot ha spontus met hep displegiñ peseurt Europa a faota dezhe sevel, peseurt traoù gwelloc’h a gase ar vonreizh nevez, ha c’hoazh...
Setu a gaos da berak on kounnaret me ivez. Met bon, n’eo ket echu an traoù, ni wellay bremañ penaos a yay an traoù araok en Europa, pe ar gil...
Selaouet m’eus ar skingomz dec’h daoust d’ar galv “Un devezh hep mediaioù”. N’on ket sur a oa ur sonj vat “boycottiñ” un deiz, ar c'hazetennoù, ar chadennoù skinwell pe skingomz... Me gav gwelloc’h mennozhioù all : skrivañ d’ar c'hazetennoù evit lared ma sonjoù, da skouer. Ma n’oc’h ket a-du get traoù skrivet get kazetennoù pe kazetennerion-zo, larit dezhe. Ar re-se a c’hell chanch ivez o doareioù da labourad... Ha c’hwi c’hell ivez preniñ ur gazetenn all ma n’och ket eurus get an hani a brenit. Meur a gazetennoù-zo, eurusamant, ha meur a chadennoù skinwell ha skingomz !
Goude ar referendum, mediaioù-zo o deus bet poan da zisplegiñ an disoc’hoù ha perak kement-se a dud o deus votet nann, daoust d’ar mediaioù o-unan... Met, doc’htu, ur gouarnament nevez zo bet savet, ha setu ankouiet buan disoc’hoù ar referendum Europa evit sellout doc’h ar gouarnament nevez-se; savet get ar memes tud kazimant, lakaet war gadoerioù dishenvel. Hag e vo krogadoù etre Sarkozin ha Villepi ? Setu digarezioù da chanch tu, da chanch kaoz evit nompass sonjal re... Kar pall ar mediaioù brasan n’eo ket d’hor lakaat da sonjal, met d’hor zivertisan kentoc’h...
Christian Le Meut

15/06/2005

16 juin 2005 : une journée sans médias ?

Des citoyens et des citoyennes mécontents appellent, jeudi 16 juin à une “grève des médias”. “Pas de radios, pas de télé, pas de journaux ou alors “certains bien choisis” disent les initiateurs de cette journée. Ces partisans du “non” au référendum sur la constitution européenne estiment que leur vote a été “tourné en infamie” par la grande majorité des médias audio-visuels et par certains journaux...
J’ai beau avoir voté “oui”, je dois dire que je peux comprendre la colère de ces électeurs et électrices car leur constat n’est pas complètement faux.
Je regarde peu la télé, mais j’écoute beaucoup la radio, Radio Bro Gwened, evel reson (la plupart des textes figurant sur ce site ont été écrits pour cette radio), mais aussi France culture, radio de service publique donc, le matin, en essayant de me réveiller...
La tranche matinale accueille cinq chroniqueurs, talentueux pour la plupart, mais quatre d’entre-eux étaient ouvertement pour le “oui”, le cinquième étant plus en retrait. Mais aucun pour le “non”. Et ces chroniqueurs interviennent tous les jours. Une fois, dans une chronique sur l’évolution du régime chinois, Alexandre Adler a trouvé le moyen de développer un argument pour le “oui à la constitution européenne”.
Une autre fois, cette radio organisait une journée spéciale à l’occasion du décès du Paul Ricoeur, philosophe. Un de ses amis, Paul Thibaud, philosophe également, était invité à venir témoigner de l’oeuvre de Ricoeur. Il y avait beaucoup à dire mais il fallut quand même que l’un des chroniqueurs, Olivier Duhamel, l’apostrophe sur le style : “M. Thibaud, vous qui êtes si intelligent, comment pouvez-vous appeler à voter non”... Comme si l’on ne pouvait pas être intelligent et appeler à voter non...
Ce même Olivier Duhamel, avant d’être chroniqueur sur France Culture, était député européen socialiste. Co-rédacteur de la dite Constitution européenne... La déontologie journalistique aurait peut-être voulu qu’il se mette en réserve de France culture un moment et, au lieu de faire campagne sur une radio publique, aller faire campagne sur le terrain. Cela aurait peut-être été plus efficace. Car enfin, une telle insistance et une telle lourdeur ont été contreproductives. Au début, le “oui” était majoritaire dans les sondages et les médias dominants donnaient l’impression que la messe était dite et que, de toute façon, il n’y avait qu’un vote possible, le “oui”. Puis le non est monté et, au lieu de nous expliquer leur vision de l’Europe, les avancées contenus dans la constitution européenne, mais aussi ses limites et ses faiblesses, bien des partisans du “oui’ se sont bornés à caricaturer les arguments des partisans du “non”... Et réciproquement...
Y-aurait-il une trop grande proximité entre les médias dominants et le pouvoir en place ? Voire une vision trop parisiano-parisienne ? Paris a voté “oui” à 66%. Le référendum a montré un vrai clivage entre une France qui s’en sort, celle qui a les moyens de vivre à Paris intra-muros, ou à Vannes, ou à Rennes, villes où le “oui” a été largement majoritaire; et une autre France qui n’en a pas les moyens, qui se sent à l’écart, inquiète de l’avenir, fragilisée et pour laquelle l’Europe est une facette de la mondialisation...
Mais les médias audio-visuels se sont bien gardés d’une trop grande réflexion sur ce “non” qu’ils ne sauraient analyser de trop près. “Analyser”, vous n’y pensez pas. Le changement de gouvernement est venu à point pour les distraire d’une remise en cause en profondeur de leur pratique. De Sarkozin ou de Villepi, lequel va manger l’autre, voilà de quoi les occuper pour l’année qui vient et même plus... On ne va pas non plus trop se prendre la tête avec les résultats d’un référendum parce qu’on n’est pas là pour s’inquiéter, mais pour se distraire, parce que l’on n’est pas là pour informer réellement mais pour divertir. Voilà le hic...
Pour autant faut-il faire la grève des médias ce jeudi 16 juin ? A vous de voir, vous ferez bien ce que vous voudrez. Une journée ce n’est pas long et l’on peut, effectivement, en profiter pour aller se promener, profiter du beau temps, de l’été qui arrive et tout... La télévision, à mon avis, est une drogue dure qu’il faut consommer avec beaucoup de modération. Quant à la radio, on peut aussi lui couper la chique de temps en temps, pour écouter la musique que fait le vent. C’est joli aussi, la musique du vent ou celle de la rivière, quand elle n’est pas couverte par le bruit d’un camion ou d’une voiture...
Boycott ou pas, que nous soyons téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs, nous avons toujours le moyen d’écrire ou de dire notre façon de penser aux médias, et aux journalistes quand nous pensons qu’ils n’ont pas bien fait leur travail. Discuter les pratiques journalistiques et médiatiques n’est jamais inutile. Même les journalistes et les médias sont capables d’écouter et d’évoluer dans leurs pratiques professionnelles, enfin j’espère...
Si vous voulez en savoir plus sur cette grève des médias vous pouvez trouver les renseignements sur le site internet:
http://nomedia16.free.fr
Si vous n’avez pas internet, et bien il n’y a pas d’autres moyens de trouver l’info, désolé. Quant aux camarades grévistes des médias ils auraient pu trouver un autre nom que “nomedia”. Ne cèderaient-ils pas à une mode qui met l’anglais à toutes les sauces médiatiques ?
Christian Le Meut