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20/11/2005

Les gendarmes et le baobab

Il y a quelques semaines j’ai été surpris en venant de Lorient à Hennebont par l’avenue de la République : il y avait un baobab sur la gendarmerie ! Pas un vrai baobab, ni même un tag, non, un panneau publicitaire pour une grande surface de jardinage... Et un panneau publicitaire énorme. En fait, il était installé dans le jardin de voisins de la gendarmerie, mais suffisamment près pour que l’on puisse le croire installer sur les murs de ce bâtiment public. Or l’on voit peu de publicité, sur les bâtiments publics, et c’est heureux. Cela doit être, probablement, interdit. Imaginez donc des panneaux publicitaires sur les gendarmeries, pour des marques d’alcool par exemple, cela pourrait faire jaser. Ou encore pour des marques de voitures. “Avec les véhicules machin, les criminels sont arrêtés plus rapidement !”; ou “Les 4-4 bidules facilitent la vie de nos gendarmes !”... La pub envahit nos vies quotidiennes, pas encore jusque là, heureusement.

Même le CCAS s'en mêle
Mais on s’en approche peut-être doucement, du moins dans ma belle ville d’Hennebont. Là, au début de cette année, j’ai remarqué un drôle de véhicule réfrigéré, bariolé de partout, avec des marques dessus, et qui s’arrêtait tous les jours près de chez moi... Je ne l’avais jamais remarqué auparavant et j’ai appris quelque temps plus tard qu’il s’agissait d’une voiture du CCAS... Oui, le Centre communal d’action social. Les responsables du CCAS, dont le maire fait partie, ont eu l’idée lumineuse de financer l’achat d’un véhicule réfrigéré par de la publicité peinte ou collé dessus. Les personnes chez qui les repas sont livrés tous les jours apprécient-elles un tel tapage publicitaire et aussi peu de discrétion ? Il n’est pas certain qu’on leur ait demandé leur avis... Ce véhicule du CCAS livre également des repas dans les écoles. La pub fait ainsi une entrée de plus dans les espaces scolaires hennebontais. Merci donc au CCASP, Centre communal d’action sociale et publicitaire.

Hennebont est une ville dirigée depuis quelques décennies par des élus de gauche. Mais des élus de droite oseraient-ils aller aussi loin ? Pourquoi pas de la pub sur les remparts ou sur la basilique, pour en financer les travaux de restauration ? Ou sur l’église de Saint Caradec, fermée et dont on ne sait pas quand elle sera restaurée, si elle l’est un jour ? Mais je m’arrête là parce qu’on ne sait jamais, certains pourraient prendre ces idées au sérieux du côté de la municipalité hennebontaise...

Les déboulonneurs débarquent
La publicité envahit notre vie quotidienne. Elle pollue les paysages de nos villes et nos campagnes avec ses panneaux publicitaires énormes qui font tâche. Un collectif de citoyens vient de se créer pour organiser des actions contre ce type de publicité. Le “collectif des déboulonneurs”, c’est son nom, propose d’organiser des actions publiques de désobéissance civile en barbouillant ces panneaux publicitaires à des moments précis, en avertissant la presse et en assumant publiquement ses actes. C’est illégal, mais il s’agit de faire pression sur le gouvernement afin qu’il édicte des règles limitant la surface de ces panneaux publicitaires. Ce collectif ne veut pas interdire la publicité, mais en limiter les effets négatifs. Les renseignements peuvent être demandés au Collectif des déboulonneurs, 24 rue Louis Blanc, 75010 Paris (lire également la note du 2/11 où les déboulonneurs se présentent eux-mêmes).

Un peu moins de pub dans nos vies quotidiennes, cela ne nous ferait pas de mal, non ?

Christian Le Meut

Site : deboulonneurs.free.fr

02/11/2005

Ils font face à l'invasion publicitaire : le collectif des déboulonneurs

Voici la présentation d'un nouveau groupe, les Déboulonneurs, qui veulent résister à l'invasion des panneaux publicitaires par des actions non-violentes.

«La désobéissance civile est le droit imprescriptible de tout citoyen. Il ne saurait y renoncer sans cesser d'être un homme.» Gandhi (extrait de "Tous les hommes sont frères").

Un Collectif des déboulonneurs s’est créé en 2005, en région parisienne. Il invite les personnes de bonne volonté à en créer un dans leur propre ville, au plus vite, pour se lancer dans l’action non-violente qui est présentée dans cet écrit. Ce collectif se propose de déboulonner la publicité, c’est-à-dire de la faire tomber de son piédestal, de détruire son prestige. Non pas de la supprimer, mais de la mettre à sa place, pour qu'elle soit un outil d’information au service de toutes les activités humaines.

Notre objectif: 50x70 cm
Obtenir des pouvoirs publics une nouvelle loi et un décret d’application qui ramènent la taille maximale des affiches à celle pratiquée pour l’affichage associatif à Paris: 50 x 70 cm; limiter les dispositifs à 2 m2 maximum, avec une densité raisonnable, fonction du nombre d’habitants. Atteindre cet objectif précis et limité constituera une première brèche dans le système publicitaire.

Moyen utilisé: le barbouillage
Actions collectives mensuelles de désobéissance civile (barbouillages), partout en France au même moment, le 4e vendredi du mois, ou le samedi ou le dimanche suivants; notons dès maintenant, pour ne pas les manquer, les dates prévues dans nos agendas: 25 novembre, 23 décembre 2005, 27 janvier, 24 février, 24 mars, 28 avril, 26 mai, 23 juin, 28 juillet 2006…

Dégâts du système publicitaire
La publicité, légitime en tant qu’activité informative, s’est muée en un système de harcèlement en perpétuelle expansion, mettant en œuvre des procédés toujours plus contraignants et envahissants. Pour piéger les individus, la publicité fait fi de toute déontologie et n’hésite pas à bafouer les lois. Par exemple, un tiers des panneaux sont illégaux (Que Choisir, avril 2002). Sous couvert de liberté d’expression… d’une minorité d’annonceurs, elle impose à toute la population son idéologie antisociale (compétition, domination, accumulation).
a) Le système publicitaire monopolise toujours plus l’espace public : rues, transports, cinémas, stades, musées, universités, écoles. Il parasite les activités culturelles et pervertit les manifestations sportives. Antidémocratique, il favorise les annonceurs les plus puissants.
b) Les médias financés par la publicité sont condamnés à une course à l’audience, perdent leur liberté éditoriale et s’interdisent de critiquer les annonceurs, sous peine de voir se fermer le robinet à finance. Ainsi deviennent intouchables les industries qui font le plus de publicité (agro-alimentaire, automobile, nucléaire, pétrochimie, grande distribution, loisirs et tourisme, cosmétiques).
c) Le système publicitaire sacrifie la santé et l’écosystème au commerce. Il occulte les conséquences sanitaires (mauvaise alimentation, obésité, anorexie…) et se moque du principe de précaution (nucléaire, produits chimiques, organismes génétiquement modifiés [OGM], téléphones portables…).
d) Il incite à la surconsommation, au gaspillage, à la pollution et fait souvent l’apologie de comportements irresponsables et individualistes. En entretenant la convoitise et la frustration, il est source de surendettement, de délinquance, de violence pour les plus démunis.
e) Il déshabille femmes, hommes et enfants comme un proxénète, propage des modèles artificiels et uniformes, et entretient le culte d’une perfection physique et d’une éternelle jeunesse, engendrant – notamment chez les personnes handicapées, malades ou âgées – le sentiment d’être rejeté.
f) Il réduit l’existence à la consommation, les fêtes à des opérations commerciales, l’imaginaire et les idéaux à des arguments de vente.
g) C’est le consommateur qui paie la publicité (en moyenne 500 euros par an et par personne), car, tel un impôt caché, le coût des campagnes publicitaires est répercuté sur le prix des produits achetés.

Haro sur l’affichage !
En matière de publicité, l’affichage constitue l’agression majeure, la plus ancienne, celle à laquelle personne n’échappe. On est libre de regarder ou non la télévision, d’écouter ou non la radio, d’acheter ou non un journal, pas de circuler sans être confronté à un incessant défilé d’images et de slogans. Cette débauche graphique gêne la vue et la perception de la signalisation routière.
Elle salit notre cadre de vie, réduit notre liberté de penser et limite notre faculté de rêver. La confiscation de l’espace public et son exploitation mercantile sont d’autant plus inadmissibles que la loi elle-même qualifie les paysages de «bien commun de la nation» et que les dispositions régissant l’affichage publicitaire sont intégrées au livre V du Code de l’environnement, intitulé… «Prévention des pollutions, des risques et des nuisances»!
Par l’affichage, le système publicitaire s’immisce dans notre quotidien de la façon la plus évidente. Par l’action directe non-violente contre l’affichage, nous ouvrirons une brèche dans le système publicitaire et répondrons à son agression. Ce, d’autant plus facilement que les panneaux sont à portée de main !

Halte au gigantisme! changeons la loi
Qu’il s’agisse des « 4 x 3 » (12 m2) autorisés par la loi ou des monstrueuses bâches de 600 m2, aujourd’hui règne l’excès, le gigantisme. Mais aucun règne n’est éternel, et demain – si nous le voulons – peut voir le retour à l’harmonie. Vous êtes-vous souvent senti agressé par une affiche de 50 x 70 cm ? Et si l’on imposait ce format à toutes les affiches? Utopique? Pas tant que cela: à Paris, la municipalité impose ce format maximal aux affiches… d’opinion ou associatives, certes, mais pourquoi ce cas particulier en vigueur dans la capitale ne s’étendrait-il pas à TOUTES les affiches, commerciales et autres, sur TOUT le territoire ? Et en sous-sol aussi bien qu’en surface ?
Dans la foulée, pourrait être mis un terme à ces procédés vicieux et énergivores que constituent les dispositifs publicitaires lumineux, animés, voire sonores ou odorants.
Et tout cela dans le respect d’une densité raisonnable : par exemple limiter la taille des dispositifs (les supports) à 2 m2 maximum, et déterminer leur nombre en fonction du nombre d’habitants de la commune. Utopique ? Pas tant que cela: la loi le prévoit déjà pour l’affichage d’opinion.
L’adoption de telles mesures entraînerait : le repos de l’œil et de l’esprit ; une visibilité plus égalitaire pour les annonceurs ; des économies d'énergie et de ressources (papier, encre, plastique, électricité). Enfin, qu’il soit permis de mettre en doute deux fonctions supposées de l’affichage : le «supplément d’âme» apporté aux rues de nos villes et de nos villages, et l’«information» destinée à nos pauvres esprits désorientés. Nos paysages, urbains ou ruraux, ont-ils vraiment besoin de «4x3» pour «s’animer», et une information digne de ce nom a-t-elle besoin de 12m2 pour forcer la carapace de nos cerveaux ? Et, en outre, pourquoi ne pas imaginer des espaces (50 x 70) dédiés à l'art et à la vie associative?

Désobéissance civile et non-violence : un choix
(1) La non-violence n’est ni passivité ni résignation. Mais une force politique moralement acceptable et qui a fait ses preuves. En privilégiant l’action directe, en excluant l'atteinte à la dignité d'autrui par l'injure ou les coups, en imposant une attitude de respect à l'égard de l’adversaire, l’action non-violente permet de sensibiliser l’opinion publique.La logique de la non-violence exige que ses militants se portent responsables de leurs actes devant les tribunaux (par exemple, quand ils ont opté pour la dégradation volontaire et préméditée de panneaux d’affichage). Dans ce contexte, être arrêté par la police pour avoir barbouillé des dispositifs publicitaires puis avoir un procès ne sont pas vécus comme une honte mais déjà comme le signe d'une victoire, même si les prévenus sont ensuite condamnés à une peine de prison. L'opinion publique, n'acceptant pas que des personnes soient punies si elles n’ont commis aucune violence, se voit alors encore plus mobilisée.
(2) L'expression «désobéissance civile» est apparue en 1866 comme titre de l'œuvre posthume de Henry-David Thoreau. Cet écrivain nord-américain, pour protester contre la politique de son pays qui maintenait l'esclavage et menait une guerre impérialiste contre le Mexique, avait refusé de payer l'impôt, ce qui lui avait valu la prison. Ce livre a inspiré Tolstoï, Gandhi (libération de l'Inde du joug colonial britannique), Martin Luther King (reconnaissance des droits civiques des Noirs américains), Nelson Mandela et Desmond Tutu (contre l'apartheid en Afrique du Sud), les paysans du Larzac (contre l'extension d'un camp militaire) et, aujourd’hui, les faucheurs volontaires de maïs OGM. Au tour, maintenant, des «déboulonneurs» de neutraliser la publicité et son emprise sur les paysages et les esprits !
(3) Quand tout a déjà été dit sur une loi inique – celle, par exemple, qui autorise une poignée d'afficheurs à envahir l'espace public –, quand ont déjà été prises maintes initiatives (manifestations, pétitions, débats, notamment au Parlement), quand des ministres eux-mêmes, parlant de «catastrophe», ont appelé à une refonte de la loi, et que la loi n'est pas changée, il est du devoir des citoyens d'exercer sur les responsables politiques une pression plus importante, aussi longtemps que cette situation perdurera. Quitte à commettre en groupe des actes symboliques illégaux.
(4) La désobéissance civile n'a pas pour but de faire croire que l'on pourrait vivre dans une société sans lois ni règles. Elle se distingue de la désobéissance criminelle dans la mesure où les transgresseurs annoncent leur intervention, agissent en public, à visage découvert, et assument leurs actes, témoignant, par là même, d’un intérêt supérieur pour le droit et la justice.
(5) Face à l’agression publicitaire, face à l’inertie des autorités, la désobéissance civile est une «légitime réponse». Les barbouillages de panneaux de 4 x 3 m doivent apparaître dans les médias comme un événement récurrent. En se produisant partout en France le 4e vendredi du mois (ou le samedi/dimanche suivants), ces actions doivent défrayer la chronique. Barbouillons la publicité jusqu’à satisfaction de notre revendication! Nous verrons bien jusqu'où il faudra aller...
Cessons de commenter l’actualité, faisons-la !

Un barbouillage en action
Une bonne quarantaine de militants non-violents antipublicitaires et plusieurs journalistes ont un rendez-vous précis ce vendredi-là. L'action a été minutieusement préparée depuis quinze jours : repérage de quelques grands panneaux d'affichage en plein centre-ville, des volontaires pour barbouiller, des contacts avec des journalistes…

La chronologie qui suit est inspirée d'actions vécues.
16 h 50 : Le carrefour a son aspect habituel. Aucun signe d'un quelconque rassemblement imminent.
16 h 55 : Les quarante militants sortent de nulle part et se retrouvent discrètement au lieu du rendez-vous, à 50 mètres des panneaux.
16 h 59 : Le signal du début de l'action est donné par les barbouilleurs. Ils se lancent d'un pas décidé en direction des panneaux. Les autres les accompagnent. Les journalistes sortent de l'ombre avec leur matériel. Tout va maintenant très vite. Chaque militant a un rôle à tenir ; tous les rôles sont importants.
17 h 00 : Les barbouilleurs sortent leurs bombes et peignent lisiblement quelques mots sur les affiches : «Pollution visuelle», «Publicité = Violence»... Les autres s'attroupent pour soutenir l’action de leur présence. Ils ne gênent ni les piétons ni les voitures. Des tracts sont distribués. Afin de respecter la propreté des lieux, un militant ramasse ceux qui sont jetés au sol. Arrive un policier qui s'occupait de la circulation à 100 mètres de là. Stupéfait, il téléphone à son chef.
17 h 05 : Les affiches sont barbouillées. Aucune trace de peinture sur les surfaces environnantes (trottoir, mur…). Appareils photo et caméras continuent leurs prises de vue. L'atmosphère est sereine, ça chante. Les passants, ne se sentant pas agressés, s'arrêtent, discutent. Pour le cas où l’un d’eux ferait un scandale, braquant inutilement l'attention sur lui, trois militants formés à la résolution non-violente des conflits sont prêts à intervenir.
17 h 15 : Deux fourgons cellulaires déboulent, gyrophares en action et sirènes hurlantes, comme pour un braquage de banque! Que voient les policiers qui débarquent? Deux ou trois panneaux barbouillés, un attroupement joyeux autour d'une personne juchée sur un tabouret, en train d’expliquer les raisons de l’action.
17 h 20 : Les barbouilleurs se laissent découvrir par les policiers. Chacun leur tend sa carte d'identité : «C'est moi qui ai barbouillé cette affiche ; c'est un acte antipublicitaire de désobéissance civile ; je le revendique.» Tête ahurie des policiers. Les barbouilleurs finissent d'expliquer devant les journalistes que des actions semblables se déroulent partout en France au même moment, comme chaque 4e vendredi du mois (ou le samedi/dimanche suivants).
17 h 30 : Les barbouilleurs sont embarqués sous les applaudissements. L'action est terminée. Dispersion générale. Les barbouilleurs restent au commissariat une ou deux heures. Pour leur déposition, ils adoptent la tactique convenue, sans oublier de mentionner le comité de soutien (personnalités).
En soirée ou le lendemain : bilan de l'action par l'ensemble des militants, préparation de l'action du mois prochain. Les jours suivants : mentions de l’action dans la presse.

Contact national
Coordination nationale du Collectif des déboulonneurs, 24, rue Louis Blanc, 75010 Paris.
Courriel : deboulonneurs@no-log.org

Site : deboulonneurs.org
Ont participé à la rédaction du présent document : Alex Baret (humaniste engagé), Yvan Gradis (militant antipublicitaire), François Jourde, David Sterboul (militant associatif pour la protection de l'environnement), François Vaillant (membre du MAN – Mouvement pour une alternative non-violente).

31/10/2005

Septembre, le mois des cendres...

J’aime le mois de septembre. Le temps est souvent beau, la mer est encore chaude pour y nager; il y a de la place sur les plages et sur la côte pour se promener tranquille... Il y a deux ans, au mois de septembre, j’étais sur la route de Plouhinec, justement, aux environs de cinq heures... Il y avait, bizarrement, beaucoup de monde entre le bourg de Plouhinec et la plage du Magouero... Une douzaine de voitures en file indienne me précédaient, allant dans la même direction que moi, comme un cortège de mariage, mais sans crinolines ni coups de klaxon. Ces voitures se garèrent, comme moi, sur le parking et je vis alors des gens sortir en habit du dimanche, et pas des plagistes. Ils ont formé un cortège... funèbre. Une urne funéraire en tête, des couronnes de fleurs ensuite...

Ils ont fait comme s’ils allaient au cimetière, mais il n’y  avait pas de cimetière au bout, juste une plage et l’océan. Sur la plage, justement, d’autres personnes bronzaient, faisaient la sieste, jouaient ou nageaient dans l’eau. Le cortège funèbre est passé à côté des plagistes en slip, surpris, pour aller un peu plus loin, vers un blockhaus et des rochers, déposer la cendre et les couronnes. Je ne suis pas resté les regarder. J’étais venu nager alors j’ai nagé, un peu plus loin, hors de leur vue. Plus tard, je suis passé à l’endroit où les cendres avaient été déposées. Les vagues commençaient à démanteler les couronnes de fleurs...

Les cendres de tonton Nestor
Si vous avez les cendres de votre grand oncle Nestor à répandre quelque part, vous ne pouvez pas faire comme ce jour-là, à Plouhinec. La loi dit clairement que l’on ne peut répandre des cendres humaines sur des lieux publics. Et une plage, au mois de septembre, c’est un lieu public. Si la volonté du défunt, ou la vôtre, est de jeter les cendres dans la mer, il faudra prendre la mer sur un bateau, et aller au moins à 300 mètres au large pour lancer l’urne ou la cendre dans l’océan. 300 mètres, c’est un minimum car il faut penser aux nageurs et nageuses qui n’ont pas forcément envie d’avaler de la cendre humaine...

La loi vous autorise aussi à lancer la cendre depuis un avion, mais pas dans une rivière, qui est considérée comme un lieu public. Vous pouvez également répandre la cendre dans les bois ou à la campagne mais toujours dans des lieux privés. Vous pouvez également les mettre dans votre jardin, il paraît que c’est bon pour les plantes... Mais n’oubliez pas que vous mangez vos légumes ensuite ! Si, par contre, vous avez enterré l’urne de la grand tante Ursule dans votre jardin, il faudra la reprendre le jour où vous vendrez le jardin.

20 % des morts incinérés en 2004
Mieux vaut se renseigner, donc, auprès de professionnels des rites funéraires car la crémation se développe rapidement. En 2004 20 % des personnes décédées en France  ont été brûlées et réduites en cendre. Soit 120.000 personnes. Une petite partie place les urnes funéraires dans des murs prévus à cet effet dans les cimetières. D’autres les répandent dans des “jardins du souvenir” prévus également à cet effet dans certaines communes, mais il faut l’autorisation de la mairie... Mais 70% des familles gardent les cendres avec elles. Parfois ces cendres font l’objet de litige et de partage...

Je suis retourné nager à Plouhinec depuis cette cérémonie funéraire. Mais je ne vais plus à l’endroit exact où ces cendres humaines et ces couronnes de fleurs furent déversées... Je n’aime pas l’idée de nager là, ni de marcher sur ces cendres alors qu’elles ont dû être dispersées par l’océan depuis longtemps. Quel respect pour nos défunts, si nous ne respectons pas un minimum de rites envers eux ? Quel respect également pour les vivants, ces vacanciers par exemple, surpris, choqués peut-être, associés malgré eux à ce deuil qui ne les concernait pas alors qu’ils étaient sur un lieu de détente et de vacances ? La loi impose des normes car la crémation se développe mais ce n’est pas pour autant que nos plages, nos champs et nos bois doivent devenir des sites funéraires...


Amzer zo !
J’aime le mois de septembre. Celui de  2005 a été exceptionnellement beau. Un soir, alors que je nageais tout seul sur la plage du Magouero, un peu à l’écart de l’endroit des cendres, je vis arriver un couple de jeunes mariés, avec crinolines et fanfreluche, marchant maladroitement dans le sable, vêtus comme s’il allait voir le maire ou le curé. Mais il n’y avait pas de mairie, ni d’église, seulement l’océan et la plage... Ils étaient venus là avec un photographe professionnel pour faire des photos.

Le temps était beau, la lumière du soleil se reflétait sur les dunes de Plouhinec, en face de l’île de Groix. Je les observais tous les trois, la mariée, le marié, le photographe, tout en nageant. Poussière dans l’océan, poussière dans l’univers. Poussière mais pas encore cendre. Un jour, peut-être, qui sait, mais y’a le temps ! Amzer zo.
Christian Le Meut

30/10/2005

Miz Gwenholon, miz al ludu ?

Me vour Miz Gwenholon... Brav eo an amzer c’hoazh, klouar eo ar mor evit neuial e barzh, plas zo war an aod evit bourmen trankil ha sioul...

Daou vloaz zo, e miz Gwenholon, e oan war hent Pleheneg, evit monet da neuial, justawalc’h, trankil ha sioul. War dro pemp eur d’enderv oa hag e oan souezhet un tammig e wellet kement-se a dud war an hent etre bourc’h Pleheneg hag ar Magouero, e lec’h ma ez aen da neuial. War dro daouzek oto oa dirakzin unan ar lerc’h eben, evel ma vehe bet tud un eured, met hep taolioù klaxon na krinoline ebet... Hag ar re se a yae ivez d’ar Magouero... Lakaet o doa o otoioù er parklec’h, ha me ivez... Ha petra m’boa gwellet ? Tud gwisket kañv, gwisket begin, get bokedoù  hag e tougiñ ur pod, un “urne funéraire”, get ludu un den marv e barzh. Pemp eur d’enderv oa, en ul lec’h publik, un draezhenn, hag ar re se oa deuet d’ober ur sort obidoù... Graet o doa evel ma vehent bet war hent ar vered : un den get ar pod ludu  e penn kentañ, ar re e tougiñ ar bokedoù ar lec’h, hag ar re all ardren... Heuliet m’boa anezhe dre sell... Tud all oa war an draezhenn, hanter noazh, ec’h ober ur chouk, e rouziñ edan un heol ken braw, e c’hoari pe e neuial ! Souezhet bras oant e wellet ar pod ludu e tremen dirakze hag an dud ar e lerc’h...
Nag ul lec’h drol evit gober kement-se !

Me, m’boa komprenet ar pezh a faote d’an dud e begin gober : teurel al ludu hag ar bokedoù er mor, e tal rec’hier ha tost d’ur blockaus... Setu me, aet un tammig pelloc’h da neuial, hep chom da sellet doc’hte. Ar lerc’h, Ur wezh aet kuit ar re se, paseet m’boa e tall ar rehier hag ar blockaus e lec’h ma oa bet taolet gete al ludu hag ar bokedoù; ar re se a gomanse bout flastret get ar mor...


Ludu : pas e lec'hioù publik, mar plij !

Hiziv an deiz 20 % ag an dud marv a vez losket. 120.000 den er bloaz 2004. Ul lodenn a vez lakaet  e mangoerioù ispisial savet e beredoù zo. Kolombarium e vez graet ag ar mangoerioù se. Ar familhoù hag ar mignonned a c’hell monet ur wezh an amzer da wellet pod an tad kozh ha da lakaat bokedoù e tal dezhan... Bez zo ivez e parrezioù zo “liorzhoù ar souvenir” e lec’h ma c’heller teuler al ludu get aotre an ti ker... Met al lodenn vrasan ag ar podoù ludu a vez kemeret get ar familhoù : 70 % !  Petra vez graet ar lerc’h ?  Chom a reont  e tall ar siminal, e tall ar skinwell, pe er c’hav ?... Taolet vez al ludu el liorzh ? Un dra vat eo evit lakaat ho legumajoù da greskiñ met arabat disonjal e vo debret ganeoc’h ar lerc’h...

Me vour miz Gwenholon memestra... Ar bloaz man m’eus gwellet un dra all. Tud tost d’en em zimezeiñ, deuet d’ober skeudennoù get un tennour poltrejoù a vicher.  Gwisket sul ar re-se, get krinoline. Kaer oa livioù an heol war tevennoù Pleheneg, a dal d’an enez Groe... Ha me, barzh ar mor, e sellet doc’hte. N’on ket ludu c’hoazh. Dont a ray marteze, un deiz bennak. Met n’eus ket press warnon, me lâr deoc’h !

Christian Le Meut

26/09/2005

Lulu, 14 ans

Lulu, tu es née voici 14 ans, le 26 septembre 1991.

Depuis cette date plusieurs anciens de la famille sont partis. Du côté de ton père, la totalité de tes arrières grands-parents étaient bretonnants de langue maternelle. De ces bretonnants qui disaient “piar” pour quatre, un tï pour dire maison ou ur “c’hï” pour un chien. Ils parlaient ce breton vannetais de la côte, avec une accent bien particulier, que plus beaucoup de gens ne parlent désormais dans leur deux communes d’origine, Crac’h et Ploemel. Toi, Lulu, tu ne parles pas le breton, et tu as sûrement beaucoup plus de notion d’anglais, de latin et d’espagnol que de notions de la langue de tes ancêtres. Il paraît que c'est normal. La langue bretonne est, ici encore, en Bretagne, largement mise à l'écart du système scolaire (hormis les écoles bilingues qui se développent heureusement). Il est encore cependant, du côté de Crac’h, Ploemel et Auray quelques personnes qui font de la résistance, qui parlent encore le breton ou l’apprennent. 7.000 pour le pays d’Auray, d'après les chiffres. Mais on n'entend plus beaucoup parler breton dans les rues de Crac'h, alors que c'était la langue majoritaire il y a une soixantaine d'année encore...
Il y a quatorze ans, Lulu, je ne parlais pas breton, juste quelques bribes. J’ai appris depuis, j’en suis bien content, et je continue d’apprendre. Je n’aime pas qu’on ait cherché à me couper de la langue maternelle de mes quatre grands-parents.


Crac'h, Auray, Vannes, et après ?
Il y a quatorze ans , Lulu, tu es née à Auray. Tes grands-parents paternels sont nés à Crac’h juste avant la guerre. Ta grand mère au centre bourg, fille de commerçant, et ton grand-père à Kerchican, juste en bas du bourg, chez les moins riches. Kerchican, quel nom. En breton, “chikannal”, c’est se quereller, se disputer, se bagarrer. Les gens de ce village étaient-ils particulièrement querelleurs ? En aurions-nous hérité quelque chose ? Mystère.
Ton père puis toi, Lulu, êtes nés à Auray quelques décennies plus tard mais désormais les bébés de Crac’h ne naissent plus à Auray, mais à Vannes. Il faut regrouper les maternités pour faire des économies. Mais quelle est la prochaine étape ? Rennes, Nantes, Paris, la lune ?... Les mamans restent désormais le moins longtemps possible dans les maternités, aussi pour des raisons d’économie. J’ai même lu dans la presse qu’un projet est en cours pour n’accueillir les femmes enceintes qu’une journée en maternité. Elles seraient préparées avant puis raccompagnées à la maison tout de suite après l’accouchement. Tels qu’on est là, on va bientôt réhabiliter l’accouchement à la maison et la boucle sera bouclée... Pourquoi pas, après tout, si cela se fait dans les conditions maximum de sécurité, et pas pour des raisons vilement budgétaires. Car l’Etat ferme des plus en plus de petits hôpitaux qui étaient répartis sur tout le territoire, soi-disant pour faire des économies. Mais des économies, je trouve qu’il y a d’autres endroits ou en faire, notamment du côté des dépenses militaires. Là-dessus, je n’ai pas varié depuis 14 ans, ma Lulu...


Balkans : de la guerre à l'incertitude
Quand tu es née, je n’étais pas à Auray, ni en Bretagne, ni en France, pour t’accueillir. J’étais parti en reportage en Yougoslavie, ou une guerre commençait. En Slovénie et en Croatie, pour être précis. J’étais allé y rencontrer des gens et des associations qui essayaient encore de parler de paix. Position difficile, car la guerre n’est pas que l’ennemi de la paix, elle est aussi l’ennemi de la liberté d’opinion, de la liberté d’expression, l’ennemi de la démocratie et de l’intelligence. Quatorze ans plus tard, la Slovénie vient d’intégrer l’Union européenne. La Croatie y aspire... Mais quel avenir pour les autres Etats issus de la Yougoslavie, comme la Bosnie, la Serbie, le Monténégro, la Macédoine, le Kosovo ?... Des milliers de soldats européens y stationnent pour tenter de maintenir une paix fragile, mais ils risquent de devoir rester très longtemps car cette région demeure une poudrière, notamment le Kosovo. Que les militaires servent à maintenir le cessez-le-feu et une sorte de paix, très bien. Mais cela ne suffit pas pour construire un avenir de paix. Pour cela, il faut des accords politiques entre gouvernements, un développement économique, du temps. Le Kosovo, par exemple, fait toujours partie officiellement de la fédération Serbie-Monténégro, mais la majorité des Kosovards, albanais d’origine, veulent l’indépendance... Et pour nous, ici, en Europe de l’Ouest, quel avenir ? La construction européenne est stoppée depuis le vote négatif au texte de constitution européenne... Voter non était une chose, mais quel projet cela porte-t-il ? Les choses ne sont pas claires là non plus...

Game Boy : à la poubelle !
Il y a quatorze ans, ma Lulu, je n’avais jamais vu de ma vie une “game boy”, et ne m’en portait pas plus mal. Aujourd’hui ces petites boîtes sont devenues les jeux préférés de millions d’enfants et d’adolescents fascinés par ce qui se passe sur de minuscules écrans. Je n’ai jamais joué à la “game boy”. Mais quand je te parle, Lulu, et que tu ne lèves même pas la paupière pour me regarder et m’écouter tellement tu es fascinée par ton jeu, j’ai envie de la mettre à la poubelle, ta game-boy.
C’est pareil pour la télé. J’ai beaucoup regardé le petit écran durant mon enfance et je sais qu’on y perd beaucoup de temps à regarder des émissions trop souvent vides d’intérêt. La télé est une forme de drogue, une drogue dure. Bien sûr, il y a des émissions intéressantes, quelques-unes, sur des ghettos comme Arte, la Cinquième, voire sur le service public... Mais la tendance dominante est à une télé réalité qui prône la compétition à tout crin, l’allégeance à des modes artificielles, à des stéréotypes totalitaires, à la consommation à outrance, au divertissement permanent au détriment de la découverte de la vraie vie...
L’été dernier, Lulu, tu as été enthousiasmée par une série télévisée appelée Dolmen. Les dolmen y étaient plutôt des menhirs et l’histoire était du genre frelatée. Mais quand je t’ai proposé de venir voir de vrais menhirs, de vrais dolmen, cairns et tumulus à quelques kilomètres, à Locmariaquer, mademoiselle a préféré rester jouer avec sa game boy...
Je n’ai que quarante ans et des poussières, Lulu. Bon, c’est probablement déjà très vieux à tes yeux... Mais j’ai compris que les appareils, les games boys, télévision, ordinateurs et autres, ne sont que des morceaux de plastics avec un peu d’électronique dedans, et de l’électricité. Ils n’ont pas de cœurs, pas d’expérience de la vie, pas de mémoire familiale, pas d’humour ni de tendresse, ni aucun sentiment. Une machine reste une machine et nous, nous sommes des êtres humains. Nous, toi, moi, tes parents, ta soeurs, ta famille, tes amis, et même tes profs... Nulle machine ne peut nous remplacer. J’ai appris aussi qu’aucun écran, qu’il soit de télévision, d’ordinateur ou de cinéma ne te montrera mieux la beauté de la vie et du monde, que tes propres yeux. Alors ne vivons pas nos vies par procuration devant nos postes de télévision, comme dit le chanteur, Jean-Jacques Goldman, en l’occurence.


Une goal de 80 ans !
L’été passé, j’ai joué au football. Déjà, ce n’est pas fréquent mais là, en plus, j’avais comme goal dans mon équipe une mamie de 80 ans. Tu te rends compte ? 80 ans. Bon, elle ne courrait pas beaucoup, mais quelle énergie, quelle “begon”, quand même. J’espère, quand j’aurais 80 ans, être capable de jouer au foot comme ça, avec toi, qui sait... Et j’espère que toi aussi, arrivée à ce bel âge, tu pourras également tenir les buts. Je te le souhaite, ma Lulu.
Gros bisous, et bon anniversaire.
14 ans ! Bizkoazh kement all !

Christian

Photo (C.L.M.) : Lulu, quelques mois après sa naissance, en train de manger un pissenlit.

Lulu, 14 vloaz !

Lulu : te zo ganet pewarzek vloaz zo, an c’hwec’h arnugent a Viz Gwenholon 1991. Piarzeg vloaz, neuze. Me lâr “piar” peogwir e vez lâret mod-se koste Krac’h, parrez a orin da dad, ma breur, ha me. Piar ha pas pevar pe pouar evel ma vez lâret e lec’hioù all... Met bon, n’eus ket mui kalz a dud a gomz brezhoneg e Krac’h, get an doare bourrapl se da zistag. Razh ma zud kozh a gomze brezhoneg a vihan, ha galleg ivez met te, Lulu, gouzout a res un tammig saozneg, latineg ha spagnoleg met ne gomzes ket yezh da gourdadoù na yezh da donton karet, me. Un dra boutin, “normal” eo, sanset... Met muioc’h mui a vugale a zesk brezhoneg er skol, eurusamant.
Ganet out bet piarzeg vloaz zo neuze, ma Lulu. Abaoe ar bloaz se, ma mamm gozh ha ma zad kozh, brezhonegerioñ anezhe, zo aet kuit. Da dud kuñv. Ha traoù all 'deus chanjet. Tri ugent vloaz zo ar bouponned a zeue war an douar er ger, sikouret get ur medisinour pe un amiegez, pe get tud ar vro. Ma zud, da dud kozh, zo ganet e Krac’h. Ma mamm e kreiz ar vourc’h, ha ma zad e Kerchikan, ur geriadenn tost d’ar vourc’h... Kerchikan, nag un anv drol. Marteze, tud ar geriadenn se en em chikane alies... Hag e tennomp dezhe ?


Krac'h, An Alré, Gwened... hag al lerc'h ?
Goude an eil brezel bed ar mammoù oa bet kaset d’en ospital en Alre. Da dad zo ganet du hont ha te, Lulu ivez. Met echu eo, serret eo bet ar stal se ha, bremañ, emañ monet betek Gwened... Krac’h, An Alre, Gwened, hag ar lerc’h ? Roazhon, Naoned, Paris ?... Serret vez muioc’h mui a ospitalioù bihan evit nompass fondiñ re a argant get ar Stad... Ha paseet vez nebeutoc’h nebeut ag amzer get ar mammoù en ospitalioù. Hervez ar pezh m’eus lennet war ur gazetenn, ur raktres zo da lakaat ar mammoù da chom un devezh hepken en ospitalioù ! Ha donet en dro da gulvoudein er ger, evel ma veze graet gwezhall ? Perak pas, benn ar fin, mard eo aozet mat an traoù, get tud a vicher ec’h ober ar dro ar mammoù e toug ?

Me, ne oan ket en Alre pand out ganet. Pell e oan, e Yougoslavia e lec’h ma kroge ur brezel spontus. Bet oan du hont ec’h ober reportajoù a ziar benn tud a laboure evit ar peoc’h hag evit an demokratelezh du-hont, koste Kroatia ha Slovenia. Ar pezh oa diaes memestra. Enebour ar peoc’h eo ar brezel, met ivez enebour an demokratelezh hag ar frankiz. Bremañ, Slovenia zo deuet barzh an Unanviezh Europa, met peseurt dazont evit ar broioù all, evel Serbia, Kosovo, Bosnia, Makedonia ? Ur bochad soudarded ag Europa zo bet kaset enno da sioulat an traoù, ha chom a rint pell, d’am sonj. Ar C’Hosovo zo c’hoazh ur rannvro a Serbia, met an Albaned, al lodenn vrasan ag ar bobl, a faota dezhe sevel ur vro distag, digabestr... N’eo ket sklaer an dazont er Balkan. Nag evidomp ni. Ar Fransision o deus lâret nann d’ar referundum evit ar “gonstitution Europa”. Hag ar lerc’h ? Peseurt raktress a zo, get ar re deus votet “nann”? N’eo ket sklaer ivez...


Gamoù boy milliget...
Piarzeg vloaz zo, ma Lulu, n’am boa ket bizkoazh gwellet ur “game boy”. Ar vugale a c’hoari alies get ar voestoù bihan-se bremañ. M’eus ket komprenet c’hoazh penaos a rit c’hwi evit gwellout ar pezh a zo war ar skrammoù bihan se... A wezhoù, Lulu , te zo staget doc’h ar game boy milliget se ha n’eus ket tu da gomz genit, evel ma vehes hipnotised, saouzanet. Ne blij ket din an dra se, me lar dit, ha n’eo ket seven nompass selaou an dud a gomz dit, ma Lulu... N’out ket da unan evel se. Ur bochad bugale ‘vez hipnotised ivez eldout, met n’eo ket un digarez.
Ar miam tra eo get an tele, ar skinwell. Me, m’eus paseet re amzer dirak an tele pa oan yaouankoc’h; ha gouzout a ran penaos e vez kollet re amzer geti. Traou brav hag interesus a zo war ar skinwell, ne lâran ket. Met ivez ur bern konerioù a bep sort evel “Enezenn an temptassion”, “Fear faktor”, “An dachenn”, ha c’hoazh. Bamet oas dirak Dolmen, filmoù brein skignet war TFunan an hañv paseet. Menhir ha dolmen gwir zo er vro-mañ ha m’eus kanniet dit monet d’o gwellet e Lokmariaker. Met non, kavet peus bourraploc’h chom vreiñan war da welle, e c’hoari get da game boy...

Nemet daou ugent vloaz on met komprenet m’eus un dra bennak, memestra. Ar gammoù boy, ar postoù tele, an urzhiaterioù, ar skrammoù, n’int ket nemet tammoù plastik get un tammig elektronik e barzh. N’int ket met benvegi. N’o deus ket kalon, na karantez, na fent, na skiant prenet, na santimantoù, nag empenn... Ni zo tud. Te ha me, da dud, da dud kozh, da c’hoar vihan, da vignonned, da gelennerion... N’eus skramm ebet, nag urzhiataer ebet a c’hellehe kemer hor flas. Ha n’eus skramm ebet a c’hellehe diskouez dit ar vuhez, an dud hag an natur, gwelloc’h evit da daoulagad ha da galon.


An hañv paseet, c’hoariet m’eus football get ur vamm gozh, piar ugent vloaz anezhi. Ya, piar ugent vloaz. Ur vamm gozh a zo e chom e Bro Gerne, tost da Gemperle. Hoonezh zo chomet barzh ar but, ar palioù, hep redek kalz met bon, begon oa geti memestra ! Spi m’eus e c’helliñ-me c’hoari football genit Lulu, pa m’bo piar ugent vloaz ivez. Ha spi m’eus e c’hellay te ivez c’hoari football, pa po piar ugent vloaz !
Ale, deiz a bloaz laouen mat, ma Lulu ha pokoù bras.
Piarzeg vloaz : bizkoazh kement all !

Christian Le Meut

Skeudenn : Lulu, war-dro pewar miz goude bout ganet, e tebrin ur hwerizionen. Nag ur goantenn dija !

27/08/2005

Un jour férié en moins*

Ainsi donc le gouvernement a supprimé un jour férié pour, soi-disant, financer l’aide aux personnes âgées.
Le lundi de Pentecôte est ce pauvre jour férié devenu jour travaillé...
Et bien je vous le dis, je suis d’accord avec le gouvernement. Trop de jours fériés tue le jour férié ! Et puis beaucoup trop de ces jours ne signifient plus rien aujourd’hui pour la majorité de la population. Qui sait la signification de la Pentecôte ? Qui s’intéresse à l’Assomption, le 15 août, jour férié également. Et l’Ascension ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Le jour où le premier homme à marcher sur le sommet de l’Everest ? ou sur la lune ? Même pas.

Le gouvernement a raison, il y a trop de jours fériés qui ne signifient plus rien. Dehors, jours fériés insensés...
Mais, d’un autre côté, il faudrait peut-être en rajouter quelques-uns. La séparation de l’Eglise catholique et de l’Etat date d’un siècle, alors pourquoi ne pas établir comme jours fériés des fêtes d’autres religions présentes en France ? Une fête juive ? Une fête musulmane ? Des millions de Français sont musulmans aujourd’hui. Pourquoi ne pas instaurer l’Aet el Kebir, jour férié ? Cela serait aussi une façon de signifier aux membres de ces deux religions leur appartenance pleine et entière au peuple français, dans le respect de leur différence religieuse. Et aussi une manière d’honorer la mémoire aux personnes d’obédiences musulmanes et juives tombées pour libérer la France pendant la première et la seconde guerre mondiale...
Et puis il y a les millions d’athées, de non-croyants, d’agnostiques, d’indifférents, quel jour férié pour eux ?

Et on pourrait en imaginer d’autres, de jours fériés...
Savez-vous que le 21 septembre est la “Journée internationale de la paix” , selon une décision de l’ONU ? Pourquoi ne pas s’arrêter de travailler ce jour-là pour se poser un peu et réfléchir aux conflits dans notre vie quotidienne, notre travail, voire aux conflits sociaux, environnementaux, internationaux. Comment tenter de les faire évoluer en mieux ?
Et puis pourquoi ne pas instaurer des jours fériés régionaux ?
Ainsi, en Bretagne, on pourrait ne pas travailler le jour de la naissance d’Anne de Bretagne, par exemple, le 25 janvier. Ce jour là pourrait être consacré, mettons, à l’étude de l’histoire de la Bretagne, une matière bien trop oubliée dans nos écoles qu’elles soient privées ou publiques... Le hasard veut aussi que cette date soit déjà fériée au États-Unis, puisque c’est celle de la naissance de Martin Luther King... On pourrait lui donner une dimension sur les respect du droit des minorités, et sur l’antiracisme.

Mais bon, si le gouvernement supprime un jour férié et en rajoute trois ou quatre, la mesure risque d’être contre-productive, me direz-vous. Mais dans un pays où le chômage augmente, et la pauvreté aussi, ne serait-il pas plus judicieux de partager le travail plutôt que de faire travailler plus ceux et plus longtemps celles et ceux qui ont déjà un emploi ?

Christian Le Meut

* Chronique écrite en 2003

Paour kaezh Lun ar Pentekost...*

Ar gouarnamant a zo e klask lakaat an dud da labourat e pad un deiz dilabour evit, sanset, “sikouriñ” ar re gozh... Ha Lun ar Pentekost vo ar paour kaezh deiz-se ! Ha me, me lavar deoc’h, me zo a-du get ar gouarnamant. Re a deizioù dilabour zo ha ne dalvent ket mui netra evit an tud. Piv a ouia ar pezh a dalv, hiriv an deiz, ar Pentekost ? Hag an “Assomption”, ar 15 a viz Eost ? Ankoueit eo bet an dra-se, ivez, met an deiz dilabour eo, memestra !
Hag an “Ascension” ? Petra eo ? An deiz kentan m’ema bet an den war lein an Everest, pe war al loar ? Ankoueit eo ivez ister an deizh dilabour se... A-du on, an deizioù dilabour se ne dalvont mui netra...

An Aet el Kebir, dilabour ?
Met, d’am sonj, mat vehe lakaat deizhioù dilabour all. Chanchet en deus an amzer : dispartiet eo bet an Iliz katolik doc’h ar Stad. Ouzhpenn-e, milionoù a dud e France a zo hep relijion, pe musulmaned. Ur bern dud ag Afrika zo marv evit ar Frans e pad ar daoù vrezel bed : lakomp un deiz dilabour evit ar re-se, an Aet el Kebir, da skouer; hag an deiz dilabour all evit ar re yudev... un doare vehe da lâvar d’ar re-se, Mulsulmaned, Yudevion ha c'hoazh, int ul lodenn ag ar bobl e respetiñ o relijionoù.


Hag an 21 a Viz Gwenholon ?
Ha perak nompass sevel iez deizioù dilabour all ? An 21 a viz Gwenholon zo an “deiz etrebroadel evit ar peoc’h” hervez an ONU. Get piv vez lidet an deiz se ? Mat vehe nompass labourat an deiz-se evit lakaat an tud da sonjal, da brederian war ar peoc’h; peoc’h er ger, er bed, en darempredoù etre an dud... Ha penaos gwellaad an traoù ?
Hag un deiz dilabour evit pep rannvro ?... Lakoomp, e Breizh, un deiz dilabour evit lidañ ganedigezh Anna Breizh, ar 25 a Viz Genver. Pal an deiz se vehe deskiñ istor Breizh, ar pezh ne vez ket graet er skol... Ar 25 a Viz Genver zo dija un deiz dilabour er Stadoù Unanet, pas a gaos d’Anna Breizh, met a gaos da vMartin Luther King, ganet an deizh-se. Moian vehe neuze, an deiz dilabour se, sevel traoù ivez a enep ar “racisme” hag evit gwirioù mad den...


Marteze ne vo ket posupl lakaat an deizhoù se ouzhpenn : pall ar gouarnament zo lakaat an dud da labourat muioc’h. Met perak labourat muioc’h, pa z’eus kement se a dud dilabour ? Gwelloc’h vehe, d’am sonj, lodenniñ al labour e-lec’h forsiñ an dud a laboura dija da labourat muioc’h.

Christian Le Meut

* Skrivet e 2003

20/08/2005

Histoire d'été : le 4-4

Il y a une justice, je vous le dis. Je ne sais pas si elle est imannente, divine, naturelle, surnaturelle, ou autre, mais il y a une justice, comme le montre l’histoire que je vais vous conter. Voici quelques années j’ai fait le tour (ou presque) de Belle-île à pied avec une bande d’amis. Ce n’était pas forcément facile, avec nos gros sacs à dos, et il faisait trop chaud pour marcher au soleil mais bon, tout allait bien. Nous soignions nos coups de soleil et nos courbatures par force siestes prolongées.

Un matin nous avons entamé la côte sauvage. La côte sud de belle-Ile, est un émerveillement, mais avec très peu d’ombre. Pendant une journée nous avons eu vue sur le grand phare de Belle île, qui ne paraissait pas s’approcher bien vite car nous faisions des tours et détours en longeant la côte. Une journée de rêve quoi, sauf que... Un quidam n’avait rien trouvé de mieux que de garer sa voiture en haut d’une falaise, comme une verrue au milieu du nez. Et nous voila, marcheurs émerites, avec un paysage splendide pollué visuellement par quelqu’un qui n’aimait pas marcher quelques mètres au point de stationner son auto au bord de la falaise, comme s’il s’agissait d’un parking... Un pêcheur “proche” de la nature, peut-être ?

Mais il y a une justice, je vous le dis, même si, parfois, il faut attendre un peu longtemps. Elle s’est manifestée deux ans plus tard, au mois d’août à travers un petit article de presse intitulé “Belle-Ile : la voiture tombe de trente mètre”. Et pas n’importe quelle voiture : un 4x4. Vous savez, ces grosses voitures avec de grosses roues, certes pratiques en campagne mais achetées habituellement par des gens des villes. Et là, le 4-4 a tout pour plaire : il pollue plus que les autres, encombre l’espace, bouffe une place et demie de parking et fait peur avec ses allure de tank... Alors quand certains possesseurs de 4-4 s’aventurent en campagne, ils y saccagent courageusement, et naturellement, les chemins... Ou ils polluent la vue...

Alors, pour bien montrer son 4x4, et se servir des grosses roues le monsieur, immatriculé à Paris, est venu stationner au bord de la falaise et puis il est parti se promener. Il n’a pas compris assez vite les cris des témoins. Il n’a pas couru assez vite derrière son véhicule dont il avait oublié de serrer le frein à main et qui s’approchait dangereusement du précipice au point d’y arriver et de tomber trente mètres plus bas, sous ses yeux...

Stationné cent mètres en deça, dans un parking prévu pour, rien ne serait arrivé... Mais voila. Il y a donc une justice. Les paysages gachés depuis des décennies par les voitures garées n’importe comment sont vengées ! Personne n’a été blessé. Il y a un 4x4 en moins sur cette terre mais cette espèce là n’est pas en voie de disparition... Hélas.

Christian Le Meut

Photo : Aspect de la randonnée à Belle-Ile, une île magnifique aux paysages très variés mais parfois gâchés par des voitures garées n'importe comment...

Ar "pevar-pevar"

Bez ez eus ur justis, me lavar deoc’h. N’ouion ket piv a ra ar justis se, pe un Doue, pe an natur, pe un dra all, met ur justis zo, a wezhoù, evel a ziskouez deomp an istor ez an da gontiñ deoc’h. Bleadeù zo m’boa graet ur valeadenn koste Enez Guerveur. Ni oa ur strollad baleourion e kerzhit e pad ur sizhun evit gober tro an enez-se, ken brav, brav spontus. Stard oa un tammig peogwir oa tomm an amzer, re domm evit kerzhit get sehier war hor c’hein...
Taolioù heol krenv m’boa tapet, met bourrapl oa memestra...
Un deiz, ni oa e vale koste kreizteiz Enez Guerveur, a-hed an aod, a-hed an tevenneù. Ret oa deomp krapiñ, diskenn, krapiñ, diskenn ha c’hoazh. Skuizhus oa met bourrapl. Brav oa an amzer, kaer an natur. Ni a welle tour tann bras Enez Guerveur, e Kervilaouen.

Ur wenaenn war ur fri
Met un dra oa a dreuz : un den en doa lakaet e gar just e lein un devenn, evel ma vehe ur parklec’h. Ur metrad ouzhpenn, hag ar c’harr se vehe kouezhet er mor, tregont metrad izeloc’h...Ar ch’arr-se oa un tammeg evel ur wenaenn war ur fri. Moian oa da lakaat an oto brein-se un tammig pelloc’h, kuzhet evit nompass louziñ un wel ken gaer... Neuze, e kerzhet, e pad euriadoù hag euriadoù, gwellet ‘neus ar c’har divalav-se, lakaet ase get ur paotr ne vourre ket dezhan kerzhed kant metr...
Daou vloazh al lerc’h m’boa sonjet ag an dra-se e lennet ur pennad skrid war ur gazetenn. En Enez Guerveur un den n’doa lakaet e gar, e “pevar-pevar”, war an devenn, a hed an aod, evel ma vehe ur parklec’h. Ar “pevar-pevar”, e galleg e larer 4-4, zo un oto get rodoù bras, savet evit moned ha doned er maezioù, met prenet e vez alies-tre get tud ag ar c’herioù bras e lec’h ma ne servijont ket da netra, nemet da lousiñ an aergelc’h ha tapout re a-blas er parklec’hioù... Neuze, pa an tud “Pevar-pevar” a ya da vakansiñ er maezioù, pe koste ar mor, monet a reont er vinojennoù (da zistruj anezhe) pe war en tevennoù (idem)...

Ur pevar-pevar n'eo ket ur vag
Met ar wezh se, ar paour kaezh paotr ‘doa ankoueit e starderez ! Hag ar pevar-pevar da vonet goustadig trema ar mor. Ar paotr oa e redek ar-e lerc’h met re ziwezhat oa, ha kouezhet ar bevar-pevar en traon ag an aod, diskarret da vat. Den ebet oa bet gloazet, eurasamant. Ar pevar-pevar-se oa bet distrujet da vat met chom a rae ur bochad loened-fall evel-se war an hentoù c’hoazh!
Ya, ur justis a zo, a wezhoù. Roet get Doue, pe get an natur, pe get n’eus forzh piv, n’ouion ket. Met trugarez dezhi. Razh al lec’hioù kaer louset ha saotret get kirri-tan divalav oa bet venjet an deiz se !

17/08/2005

Livre : Pratiques d’éducation non-violente

Cet ouvrage paru fin 2004 est une compilation d'environ 50 articles publiés dans la revue Non-violence actualité sur les pratiques en matière d’éducation non-violente en France. La première partie est consacrée à l’école : programmes pour apprendre à mieux vivre ensemble, développement de la médiation scolaire (formation d’enfants médiateurs pour intervenir dans les conflits entre élèves...), démocratie scolaire... La seconde partie présente des initiatives hors de l’école (jeux coopératifs, théâtre, échanges de savoirs, négociation...). La troisième partie aborde les questions pédagogiques : éduquer à la responsabilité, pédagogie Freinet, relations familles-écoles... Enfin la quatrième partie est intitulée “Une éducation à la non-violence pour mieux vivre ensemble”.

En fin d’ouvrage, des textes de références, notamment sur la Coordination internationale pour une culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde (2001-2010).
Pratiques d’éducation non-violente a été coordonné par Bernadette Bayada et Guy Boubault. Il reprend une dizaine d’articles que j’ai écrits lorsque je travaillais à Non-Violence Actualité (1988-2000).

Pratiques d'éducation non-violente, 14 € (+ port) :
diffusion par Non-Violence Actualité, BP 241, 45202 Montargis cedex.
Mail : nonviolence.actualité@wanadoo.fr
site : www.nonviolence-actualite.org

11/06/2005

C'est impôt dur !

Récemment, il fallait rendre sa feuille de déclaration de revenus dûment complétée, et sans erreurs. C'est pourquoi je suis allé au centre des impôts de Lorient afin d’avoir quelques renseignements qui me manquaient. A l'accueil du rez-de-chaussée, une personne me demande où j’habite et m’oriente vers le troisième étage. Là, une autre personne me donne un ticket, blanc avec un liseré bleu, sur lequel est écrit le signe dollar, $ puis 303, et plus haut, 49... Que viennent faire des dollars dans cette histoire alors que nous sommes passés à l'euro ? L'on parle beaucoup d'hégémonie étasunienne actuellement, mais faudrait pas anticiper trop...
Bon, ce mystère n’étant pas résolu, je me dirige, ticket en main, vers le couloir que l’on m’indique et là, je trouve le bureau 303, comme il est écrit sur mon ticket. Je me plante devant debout, car il n'y a pas trop de chaises... Pas assez pour les personnes âgées présentes : il faudrait peut-être aviser le Ministère du budget, qu'il débloque des crédits ! Mais la porte du bureau 303 reste désespérément fermée pendant une dizaine de minutes. D'autres s'ouvrent et, tendant l’oreille, j’entends une conseillère appeler la série 302, alors qu'elle est dans le bureau 304 ! Tiens donc, les numéros sur les tickets ne correspondent pas à ceux des bureaux ! Bizkoah kemend all, me dis-je (“jamais autant”). Panique dans les files... Et les 303 de se placer devant le bureau 301 tandis qu'un afflux de 306 se précipite vers la porte 302, etc ! “C'est où la file 306 ?” demande une dame. “C'est ici répond une autre dame, un peu pincée, mais il y a du monde avant”...
Et le numéro 49, en haut du ticket, à quoi sert-il ? Et bien voilà, les personnes sont sensées avoir un numéro dans leur file d'attente, mais comme elles se mélangent les pieds dans les files, que les conseillers ne demandent pas leurs tickets aux “clients”, ces numéros n’ont plus aucun intérêt : c’est le bordel ! En plus, certains conseillers appellent bien leur série et leur “numéro de série”, mais d'autres se contentent d'appeler “au suivant”, ce qui fait plutôt règner la loi du plus vite comprenant et du plus rapide (et là, les personnes âgées sont un peu désavantagées)... Voilà, après vingt minutes d'attente, j’ai fini par comprendre le système et obtenir les renseignements attendus en cinq minutes avec une charmante conseillère. Ouf ! Il paraît que le gouvernement légifère actuellement sur la simplification des démarches administratives : il y a du boulot, en commençant par l’achat de quelques chaises de plus et une meilleure organisation des files d’attentes !
Christian Le Meut (2004)