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31/07/2008

Union Européenne : "reconnaissance officielle" pour la langue galloise

Ar brezhoneg hag ar c'hembraeg a zo yezhoù kar, c'hoarezed : unan a zo bet anavet evel "patrimoine" get Bro C'hall une nebeut dezhioù 'zo; egile a zo yezh ofisiel un rannvro emrenn, Bro Gembre. Ha bremañ komz kembraeg a vo asantet get an Europa unanvet...

Setu ar pezh a lenner barzh Ouest-France (30/07), barzh beg ministr kentañ Bro Gembre, Rhodri Morgan ("travailliste") :

Le breton et le gallois sont langues soeurs : l'une vient d'être reconnue comme "patrimoine" par la France il y a quelques jours; l'autre est la langue officielle d'une région autonome, le pays de Galles... Et désormais, il sera possible de parler gallois devant les instances européennes ! 

Voici ce que l'on peut lire dans Ouest-France d'hier (30/07), dans la bouche du premier ministre gallois, Rhodri Morgan (travailliste) :

"Le nombre de locuteurs gallois s'est stabilisé après un siècle de déclin. Mais inévitablement la pression sur le gallois en tant que langue minoritaire reste très puissante. La semaine dernière, le conseil des ministres européen a décidé qu'à l'avenir, les ministres seront en mesure de parler en gallois et leurs propos seront traduits simultanément lorsqu'ils représentent le Royaume-Uni au conseil des ministres. Avec la reconnaissance européenne, nous avons fait un pas de géant. Les citoyens auront la possibilité d'écrire en gallois aux représentants du Conseil. C'est un événement historique pour la langue galloise" (propos recueillis par Christian Gouérou).

25/07/2008

Conseil culturel de Bretagne : un "premier pas"

Kemenadenn a-berzh Kuzul sevenadurel Breizh/Communiqué du Conseil culturel de Bretagne : 

"La réforme constitutionnelle adoptée par le Congrès ce lundi 21 juillet, comporte une disposition, à l'article 75-1 qui  mentionne pour la première fois les langues régionales dans la Constitution. Depuis juin 1992, date à laquelle la langue française a été déclarée langue de la République, en refusant de faire référence aux autres langues du territoire français, une reconnaissance des langues régionales était demandée de façon constante.  Maintenant, selon la Constitution, les langues dites régionales "appartiennent au patrimoine de la France". La France a donc en charge leur protection et leur avenir.

Le Conseil Culturel de Bretagne remercie  l'ensemble des députés et sénateurs (en particulier les Bretons) qui se sont investis depuis de longues années et avec beaucoup de détermination et de ténacité pour aboutir à ce premier résultat.

Mais rien n'est encore acquis. Après cette reconnaissance préalable, le Conseil culturel est conscient qu'il faut plus que jamais maintenir la mobilisation pour obtenir les moyens qui doivent permettre la vie sociale de nos langues, c'est à dire un patrimoine vivant et non des langues de musées, en les développant dans l'enseignement, dans les medias, dans la vie publique, en soutenant la transmission familiale. Nos langues sont un atout pour le développement intellectuel et affectif des jeunes générations, pour le polylinguisme, pour les sciences, pour la compréhension du monde.

Après ce premier pas, la France, qui préside l'Union européenne, doit maintenant se mettre réellement au niveau des démocraties européennes qui appliquent démocratiquement la diversité linguistique. La République française doit en particulier donner aux collectivités, Régions, départements et collectivités locales les moyens nécessaires à la gestion de cette diversité dont elles ont la responsabilité avec l'Etat."

http://www.kuzul.info/ 

24/07/2008

Langues régionales : un point de vue européen

"Le Bureau européen des langues moins répandues se félicite de la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution et attend des mesures concrètes.

 

EBLUL, Bureau européen des langues moins répandues, se félicite de l'adoption par la France le 21 juillet d'une modification constitutionnelle qui prend enfin en compte les langues régionales dans la Constitution française en affirmant que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France" dans le titre 12 relatif aux collectivités territoriales. Mais EBLUL ne peut que souligner que les langues régionales de la France appartiennent aussi au patrimoine européen et au patrimoine de l'Humanité. Il espère que cette reconnaissance va conforter la politique européenne en faveur de la diversité linguistique du Continent. En ce sens, EBLUL attend également  que la France, qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne, ratifie la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires qui donnerait à ses langues un cadre européen, concret et pragmatique pour leur développement.EBLUL considère qu'il est grand temps que la France mette fin à une politique archaïque de destruction linguistique qui a entraîné une perte de crédibilité sur la scène européenne et internationale, et que des mesures concrètes soient rapidement prises pour traduire cette reconnaissance dans les réalités.

 La présidente d'EBLUL
Neasa Ni Chinnéide

An Biúró Eorpach do Theangacha Neamhforleathana
Bureau Européen pour les langues moins répandues

European Bureau for Lesser Used Languages

46 Kildare St /46 Sráid Chill Dara, Baile Atha Cliath 2 /Dublin 2, Éire/Ireland

www.eblul.org

www.eurolang.net

eblul-fr@orange.fr

08/07/2008

Langues régionales : un point de vue allemand

E-mesk lizhiri lennerion lec'hienn internet Le Télégramme m'eus kavet an destenn-se, skrivet get ur gazetennerez a Vro-Alamagn. Talvoudus.

Parmi les courriers de lecteurs publiés sur le site internet  du Télégramme, j'ai trouvé ce témoignage d'une journaliste allemande. Intéressant.

http://courrierdeslecteurs.blogs.letelegramme.com/archive...

19/06/2008

"Mais pourquoi auriez-vous une autre langue ?"

A l'occasion des débats sur les langues régionales, je réédite ce texte publié en avril 2007 sur Rezore :

"Il y a une dizaine d’années j’essayais d’expliquer à une amie habitant le Loiret, la situation de la langue bretonne. J’habitais ce département. Je ne me souviens plus du détail de la conversation mais, à un moment, elle me regarda et me dit : “Mais pourquoi auriez-vous une autre langue ?”... Un autre ami, habitant Saint-Etienne (dans la Loire), m’a dit à plusieurs reprises avoir du mal à comprendre l’importance que j’attache (moi et d’autres) à la langue bretonne... Alors je vais tenter de lui expliquer, à cet ami qui vient chaque été goûter aux charmes de la Bretagne.

Pourquoi aurions-nous une autre langue, nous, Bretons ? L’ennui, dans cette question, c’est le temps employé parce qu’en fait, nous avons une autre langue, ce n’est pas une hypothèse, une éventualité mais une réalité. Que nous la parlions ou pas, la langue bretonne existe. Elle existe, comme la langue française existe, même si le breton est moins parlé. Elle existe parce que 250.000 personnes la parlent et parce qu’il y a soixante ans, elles devaient être autour d’un million. Elle existe parce qu’elle est parlée sur ce bout du continent eurasiatique depuis 1.500 ans et plus. Elle fut parlée. Elle est parlée. Elle sera parlée...

Et nous, qui habitons cette pointe du continent eurasiatique que l'on appelle  la Bretagne, que nous parlions cette langue ou pas, nous avons un lien avec elle. Parce qu’elle fait partie de notre environnement culturel à travers la musique et la littérature, les noms de lieux; de notre environnement personnel à travers les noms de familles et une façon de parler français encore influencée par le breton : même les personnes qui croient ne pas parler breton utilisent parfois des  tournures de phrase ou des termes bretons passés en français.

Ne plus comprendre les anciens
J’ai rencontré, dans les années 80 une grand-mère qui ne parlait “que” breton, comme on disait. Ce “que” restrictif, je l’ai rarement entendu pour désigner des gens qui ne parlent “que” français”. Mais ses petits-enfants, eux, ne parlaient “que” français. Difficile alors d’établir un lien... Un de mes amis me racontait que sa mère, dans ses derniers jours, voulait lui parler en breton, langue que lui parlait, mais pas les petits enfants... Beaucoup de Bretons ont vécu ce type de situation.  J’ai chez moi des cassettes de mon arrière-grand-père Pierre Thomas (1884-1971), de Ploemel, près d’Auray, enregistrées il y a environ 40 ans. Il connaissait beaucoup de chansons, Pierre Thomas, mais surtout en breton, sa langue maternelle. Aujourd’hui ces chants sont incompréhensibles pour la quasi-totalité de ses petits enfants et arrières petits-enfants qui, pourtant, sont restés vivre là où mon arrière grand père vivait... Est-ce normal ?

Mes quatre grands-parents nés au début du XXe siècle dans le pays d’Auray étaient bilingues. Ils parlaient, lisaient et écrivaient le français, ils parlaient le breton, et certains savaient aussi l’écrire et le lire pour l'avoir appris au catéchisme (et pas à l'école). Pourquoi leur avoir mis dans la tête de ne pas transmettre ces savoirs à leurs enfants ? Au nom de quoi leur a-t-on inoculé le mépris de leur langue maternelle ? Et de quel droit ? De quel droit a-t-on exclu de l’école, de l’administration, de la vie sociale (et finalement économique), leur langue et leur culture?

Je suis allé l'année dernière à Batz sur mer (Loire-Atlantique) pour découvrir une expo sur le breton que des habitants de cette commune de Loire-Atlantique pratiquaient encore au début du XXe siècle. Aujourd’hui, il n’en reste plus que des traces. Plus personne ne parle le breton tel qu’il s’est parlé à Batz-sur-Mer pendant au moins quinze siècles. Dans quelques décennies il en sera peut-être ainsi pour le breton tel qu’il se parle encore à Crac’h ou Ploemel, près d’Auray, mes communes d’origine. La langue bretonne a quasiment disparu de zone comme Quiberon, Sarzeau, Belle-Île... Devons-nous nous résigner à cette situation ?

Assignés à l'ignorance
Oui, nous avons donc deux langues. L’une est devenue notre langue maternelle, la langue française. L’autre reste et demeure la langue d’origine d’un grand nombre d’entre nous, en Bretagne et ailleurs. Notre langue “grand-maternelle”. Mais pour celle-ci, nous avons été assignés à l’ignorance. La politique officielle telle qu’elle est façonnée par l’Etat républicain a écarté de l'école la langue bretonne et d’autres langues régionales. Ouvertement tout d’abord. Des ministres et des présidents de la République française  ont eu des déclarations claires là-dessus. Depuis 30 ans, ce discours là ne tient plus. Nous sommes passés à une phase  d’étouffement tranquille, par l’indifférence, la négation, voire encore des formes de stigmatisation et de mépris... On nous accorde des miettes par-ci par-là, et nous devrions être contents.

Content, non, je ne le suis pas. Mais nous sommes tous responsables de nos identités collectives et personnelles. Personnellement, je me sens bien mieux depuis que j’arrive à comprendre, même imparfaitement, les chants que chantait mon arrière grand-père. Depuis que j’arrive à comprendre, même imparfaitement, le breton que les anciens parlent encore en Bretagne. Les autres Bretons feront comme ils pourront, comme ils voudront; ils apprendront ou pas. Mais l’avenir de la langue bretonne dépend aussi d’eux. Certains se mettent à l’anglais ou au chinois, libre à eux : mais l’avenir de ces langues-là ne dépend pas des Bretons. L’avenir du breton, oui.

J'ai appris, j'apprends, j'apprendrai
“J’ai deux amours”, chantait  Joséphine Baker. Moi, j’ai deux langues qui me nourrissent aujourd’hui. Pourquoi devrais-je renoncer à l’une pour l’autre ? Ici, la République aurait pu faire vivre un bilinguisme respectueux de la langue bretonne et de la langue française. Elle a préféré une politique d'éradication linguistique qui a été efficace. Mais aucun Etat, aucune République, aucune démocratie n’a le droit de nous couper de notre langue maternelle, que ce soit le breton ici, ou le français ailleurs (*). C’est une question toute simple de droits de l’Homme et de refus de l’arbitraire étatique.

C'est une des raisons pour laquelle j’ai appris, j’apprends, et j’apprendrai le breton. Voilà pourquoi j’agis, avec d’autres, pour que cette langue continue d’exister. Si c’est contre la volonté profonde de l’Etat, tant pis. En Bretagne, il a outrepassé ses droits. Et un Etat qui ne respecte pas ses minorités linguistiques est-il réellement démocratique et respectueux des droits de l’Homme ? Dans ces domaines-là, la République française a des progrès à faire. Bretonnant, je le constate chaque jour. Le combat pour les langues régionales est aussi un combat pour l’approfondissement de la démocratie française.

Christian Le Meut

* Le français, langue régionale en Louisiane, par exemple, n'y est plus parlé que par 200.000 personnes et est menacé d'extinction suite à une politique d'interdiction menée au XXe siècle par les autorités des cet Etat. Parle-t-on encore français dans la ville de Nouvelle-Orléans ?

An destenn-se e brezhoneg/Ce texte en breton :

http://rezore.blogspirit.com/archive/2007/03/31/perak-e-v... 

08/06/2008

Livre : La Bretagne, entre histoire et identité

b387e37cd989c9f3a1d7b2c45519c9b7.jpgLe 526e ouvrage de la collection Découvertes Gallimard est consacré à la Bretagne, son histoire et son actualité (ils ont mis le temps, quand même, chez Gallimard...). Comme d'habitude avec cette collection, l'iconographie et la présentation sont soignées et l'ouvrage est très agréable à parcourir. Le texte, lui, a été confié à l'historien et universitaire Alain Croix. Excercice difficile que de synthétiser en quelques 127 pages, plus une vingtaine de pages "Témoignages et documents", une histoire et une actualité riches. Les choix fait par l'auteur seront forcément contestés, et d'ailleurs ils sont contestables, de mon point de vue.

Il est clair que ce livre sur la Bretagne n'est pas un livre sur la langue bretonne. Il y est consacré deux pages en fin d'ouvrage (130-131) et quelques mentions qui ne permettent pas, à mon avis, de se faire une idée de la question linguistique en Bretagne. Ainsi, l'auteur écrit : "Mais la France n'a aucune politique de préservation des langues..." Joli euphémisme : la France a même eu une politique d'éradication des langues régionales mais l'on n'en saura rien dans ce livre. Comme si les Bretons avaient abandonné leur langue maternelle par leur seul choix.

L'interdiction de la langue maternelle 

Le fait d'avoir interdit la langue bretonne à l'école, dans les administrations, par exemple, est un choix politique de marginalisation décidé par la République française. Quand on marginalise des langues, on ne doit pas s'étonner que les populations ainsi marginalisées se tournent vers la langue officielle, la langue de la promotion sociale, la langue unique qui ouvrira les clés d'un avenir meilleur. Et quels parents ne rêvent pas d'un avenir meilleur pour leurs enfants ? Mais, pendant ce temps, on interdit à des millions de personnes d'être scolarisés dans leurs langues maternelles, en Bretagne, Pays-Basque, Catalogne, Occitanie, Alsace, etc. De quel droit ?

Aujourd'hui, les textes internationaux sur les droits de l'Homme affirment le droit d'être scolarisé dans sa langue maternelle. La France s'est bien gardée de le faire mais les conséquences, pour les populations, ont été et sont encore profondes en terme d'acculturation, de mépris de sa culture et de sa langue d'origine, d'incommunicabilité entre les générations, de pertes culturelles, et j'en passe...

c8ccee3521e47f3bace5e93331359759.jpg

Une affiche est reproduite dans ce livre. Elle présente un enfant puni pour avoir parlé breton. Cette situation, des générations de Bretons (et de Catalans, et d'Occitans et de...) l'ont vécue. Aujourd'hui encore, des personnes de 60 ans, 70 ans, 80 ans, témoignent qu'elles ne parlaient pas un mot de français en arrivant à l'école. Mais l'Education nationale n'avait pas prévu d'utiliser ces langues pour l'apprentissage du français, ce qui aurait pu, peut-être, simplifier la vie de certains enfants et leur donner une image un peu plus positive de leur langue d'origine. Dans la légende, Alain Croix présente cette affiche comme étant de "propagande nationaliste"... Peut-être, mais est-elle fausse pour autant ? Non, elle illustre le fait qu'il était interdit de parler breton dans beaucoup de cours d'école et de classes, et que très souvent des enfants étaient punis pour cela, même si ce n'était pas le cas partout. 

Douceur, vous avez dit "douceur" ? Comme c'est bizarre...  

Concernant l'annexion de la Bretagne par la France, le résumé de l'historien me paraît un peu court. Concernant les quatres années de guerre (1487-1491), qui ont amené la duchesse Anne de Bretagne à accepter d'épouser le roi de France (alors qu'elle avait tout fait pour l'éviter), on saura qu'il y avait des seigneurs français dans les deux armées qui se sont opposées à la bataille de Saint Aubin du Cormier (1488), mais on ne saura pas combien de morts fit cette bataille (entre 6.500 et 7.500 selon différentes sources que j'ai pu trouver), ni combien d'hommes elle engagea : 11.000 dans l'armée du duc de Bretagne, 15.000 pour celle du roi de France. 26.000 hommes ! On n'est pas dans une petite embuscade, mais dans une vraie guerre, ce qui n'empêche pas Alain Croix d'écrire, concernant le processus de rattachement-annexion de la Bretagne à la France : "Le plus remarquable est évidemment que la monarchie française ait choisi en définitive la voie de la douceur, dans un processus qui a duré soixante ans". "Douceur", vous avez dit "Douceur"?

Quelques rappels 
Le lecteur ne saura pas non plus combien de morts fit la répression de la révolte des Bonnets rouges, sous Louis XIV. Il ne saura rien du fait qu'une armée bretonne fut levée en 1871 pour combattre l'invasion prussienne, mais que des milliers de volontaires bretons restèrent croupirent près du Mans, au camp de Conlie, sans combattre, car la République naissante ne leur faisait pas confiance. Il ne saura pas qu'en 2004, le Conseil régional vota, à l'unanimité, un voeu pour que le breton et le gallo soient reconnus officiellement comme langues de la Bretagne à côté du français. Il ne saura pas qu'en mars 2003, 15 à 20.000 personnes manifestèrent dans les rues de Rennes pour demander un statut pour la langue bretonne. 15.000 à 20.000 personnes pour 5 départements !

Par contre il saura qu'Eric Tabarly a gagné la première Transatlantique en 1964.

Quand l'historien se fait devin 
Il apprendra aussi que la "la division administrative de la Bretagne historique ne provoque pas non plus de mouvement d'opinion important. (...) le retour de la Loire-Atlantique dans une région de Bretagne relève aujourd'hui peut-être plus du rêve que d'un avenir prévisible". Là, l'historien se fait devin. Mais c'est quoi, un "mouvement d'opinion important", selon Alain Croix ?

Christian Le Meut 

Levr : La Bretagne entre histoire et identité

41a2d9e168e067967b41e804dcae9d53.jpgDécouvertes Gallimard a zo un dastumadeg brudet bras a ginnig levrioù brav, stumm chakod, get ur bochad skeudennoù e-barzh hag un nebeut testennoù, war un tem resis. Hag an niverenn 526 a zo war Breizh, en amzer a-gent ha bremañ. Hirgotozet eo bet, al levr-se, memestra. Ur bochad temoù a zo paseet araok evel "La légion d'Honneur", "Ambroise Vollard" (piv eo hennezh ?), "L'aluminium", "Gengis Khan" ha me oar me. Gortoz pell, gortoz gwell, evel ma vez lâret...

An Istorour Alain Croix a zo bet dibabet get pennoù bras Gallimard evit skrivañ al levr. Un den barrek tre war danvez Breizh eo met, evit lâr ar wirionez, kavet m'eus berr awalc'h al levr e keñver an istor hag an amzer a-vremañ. Anat eo, al levr a zo bet graet kentoc'h evit tud ha ne ouiont ket netra, pe pas kalz a dra, war an danvez. Evito e vo kentelius, marteze.Ar skeudennoù a zo brav, hag ur bern a zo oc'hpenn.

"Douceur", vous avez dit douceur ? Comme c'est bizarre...
Traoù souezhus a zo memestra, evel ar pezh a skriv Alain Croix a ziar-benn "stagadur" (penaos treiñ "rattachement" ?) Breizh da Vro-Frans : "Le plus remarquable est évidemment que la monarchie française ait choisi en définitive la voie de la douceur, dans un processus qui a duré soixante ans". "Douceur" ? Ur wezh bout bet trec'het he arme e Saint-Aubin du Cormier (1488), Anne, dukez Breizh, n'he doa ket choaz ebet geti, nemet d'en em zimeziñ get roue Bro c'hall, Charlez an 8et... Ped a dud a zo marv e-pad ar brezelioù-se (1487-1491) ? Etre 6.500 ha 7.500 en emgann Saint-Aubin du Cormier, hervez sifroù m'eus kavet barzh ul levrioù all (1)... Sifr ebet barzh levr Alain Croix. Ped a dud a zo bet krouget da vare Loeiz ar 14et hag emsav ar "papier timbré" ? Sifr ebet ivez...

Plas dister ar brezhoneg 
Souezushoc'h c'hoazh a zo plas dister ar brezhoneg barzh al levr. Div bajenn er fin (130-131). Istorour eo Alain Croix, yezhoniour  n'eo ket. Hervezañ ar gallaoueg a zo ur "forme locale" du français (ar yezhoniourion m'us lennet ne lâront ket an dra-se). Pelloc'h : "Mais la France n'a aucune politique de préservation des langues..." eme Alain Croix. Gwir eo (nemet evit mirout ar galleg !). Nag ul "litote", evel ma vez graet a droiennoù sort-se e galleg : ur politikerezh evit skarzhiñ lazhiñ ar yezhoù rannvroel a zo bet get Republik Bro C'Hall, da vat. Met ne lenner ket an dra-se barzh levr Alain Croix. Evel ma vehe bet dilesket ar brezhoneg mod-se : ar Vretoned o doa mezh get o yezh ha setu perak o deus chomet a sav geti. Ha penaos e oa bet hadet, plantet, ar mezh-se barzh o fennoù ? Gete o unan, evel rezon ! Pas get ar mistri skol, pas get ar Stad, pas get ar melestradurezh, pas get pennoù bras Bro C'Hall o doa divizet skarzhiñ ar yezhoù "rannvroel" da skolioù ar Republik.

Berr int, displegadennoù Alain Croix e keñver ar brezhoneg, a gav din. Sifr ebet war niver an dud a gomze gwezhall, hag a gomz c'hoazh. Ger evet war ar pezh a oa bet votet get kuzul rannvroel Breizh e miz An Avent (Kerzu) 2004 a unvouezh evit ma vehe anavezet evel ofisiel ar brezhoneg hag ar gallaoueg. Ha perak nompas merchiñ ar C'Hatolikon, kentañ geriadur moulet e Breizh (hag e Bro Frans), e fin an XVet kantved ? Ar geriadur kentañ embannet e Bro Frans a oa teiryezhek, latineg, galleg, brezhoneg. Plas ebet evit traoù sort-se, talvoudus memestra, barzh al levr. Domaj.

Liger Atlantel : distaget da vat ?
Danvez a zo da dabutal get ar pezh a skriv Alain Croix a ziar-benn Liger-Atlantel : "le retour de la Loire-Atlantique dans une région de Bretagne relève aujourd'hui plus du rêve que d'un avenir prévisible". Istorour a-vicher eo, Alain Croix. Ha divinour ivez ?

Christian Le Meut 

La Bretagne entre histoire et identité, Alain Croix, Découvertes Gallimard, 2008. 

(1) "Cinq à six mille Bretons et leurs alliés, et 1.500 Français restèrent sur le champ de bataille", barzh "L'union de la Bretagne à la France", Dominique Le Page, Michel Nassiet, p. 91, Ed. Skol Vreizh, 2003.

27/05/2008

Langues régionales : le cercle Sten Kidna approuve le projet de modification de la Constitution

"L'association du pays d'Auray (56) Kerlenn Sten Kidna se réjouit du vote, jeudi dernier, par l'Assemblée nationale, d'un amendement visant à modifier la Constitution française : "Les langues régionales appartiennent au patrimoine" de la Nation, indique cet amendement qui devrait compléter l'article 1 de la Constitution. Il a été approuvé par l'ensemble des partis politiques représentés à l'Assemblée (UMP, Nouveau Centre, MoDem, PS, Verts, PC), ce qui est également un signe important de prise en compte des langues régionales.

Cet amendement doit maintenant passer au Sénat, puis être présenté au Congrès (réunion du Sénat et de l'Assemblée) qui se réunira début juillet à Versailles pour voter les modifications de la Constitution actuellement en discussion.
C'est la première fois qu'un tel vote a lieu. Il était attendu depuis longtemps. Certes, il n'implique pas la ratification de la charte européenne de langues minoritaires, ce qui est dommage, mais il s'agit d'une reconnaissance qui renforce la légitimité des langues régionales et des actions menées pour leur survie et leur développement. Nous espérons que cette reconnaissance facilitera l'enseignement et la pratique de ces langues qui sont un "patrimoine" vivant et en devenir. Notre association travaille en ce sens dans le pays d'Auray pour la langue bretonne. Nous approuvons donc la démarche des députés et souhaitons qu'elle soit suivie par les sénateurs."

Kerlenn Sten Kidna/Cercle Sten Kidna,
8 rue Joseph Rollo, 56400 An Alré/Auray

26/05/2008

Nations Unies : "La France sévèrement rappelée au respect du droits des langues et cultures régionales"

Kemenadenn/Communiqué : "EBLUL-France, comité français du Bureau européen des langues moins répandues, qui est intervenu au cours de l'examen du troisième rapport périodique de la France au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies, entre le 28 avril et le 16 mai, se félicite des observations finales et des recommandations qui ont été faites à la France par le Comité des dix-huit experts indépendants des Nations Unies.

Le Comité déplore à nouveau « l'absence de reconnaissance officielle des minorités à l'intérieur du territoire ».« le droit d'utiliser une langue minoritaire, qui ne peut être exercé qu'en commun avec les autres membres du groupe minoritaire » ne sont pas respectés en France. 

Le Comité déplore aussi que « l'absence de reconnaissance officielle des langues régionales et minoritaires a contribué au déclin constant du nombre de locuteurs de ces langues. »

Le Comité rappelle à la France que « l'égalité devant la loi et l'interdiction de discrimination ne permettent pas toujours d'assurer l'égalité et l'effectivité de la jouissance des droits de l'homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, par les personnes qui font partie de groupes minoritaires ».

Le Comité des Nations Unies appelle la France à réviser sa Constitution afin « qu'elle reconnaisse officiellement la nécessité de protéger la diversité culturelle et tous les groupes minoritaires sous la juridiction de l'État partie ».

Le Comité réitère et confirme ses demandes à la France pour qu'elle lève ses réserves sur les articles 27 du Pacte international sur les droits civils et politiques et sur l'article 30 de la Convention des droits de l'enfant (droit des personnes faisant partie de groupes minoritaires), et qu'elle ratifie la Convention cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des minorités nationales, aussi bien que la Charte européenne pour les langues régionales ou minoritaires et le protocole n° 12 de la Convention européenne des droits de l'homme contre toutes les formes de discrimination.

Le comité demande à la France d'accroître ses  efforts pour préserver et promouvoir les langues et cultures régionales, notamment dans l'enseignement public, à la télévision et à la radio et demande la reconnaissance officielle de ces langues dans la Constitution.

EBLUL, se réjouit du premier pas important du Gouvernement et de l'Assemblée nationale de la France qui viennent de prévoir une reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. Mais il constate aussi que beaucoup d'autres étapes sont à franchir pour que la France rattrape son retard considérable par rapport aux autres pays européens et par rapport aux principes qu'elle a ratifiés dans le traité de Lisbonne notamment, avant que tous ses citoyens puissent jouir de leurs droits culturels fondamentaux, étroitement liés à leurs droits économiques et sociaux."

Source : Kuzul sevenadurel Breizh/Conseil culturel de Bretagne  http://www;kuzul.info/

13/05/2008

Breton à l'école : des parents d'élèves inquiets

Setu ur gemenadenn all a-berzh Div Yezh/Voici un autre communiqué de l'association Div Yezh (parents d'élèves de l'enseignement public bilingue) : "De la carte scolaire et d’un projet de loi"

Div Yezh association de parents pour l’enseignement du breton à l’école publique tient à faire part de son mécontentement sur les résultats des cartes scolaires de l’enseignement bilingue public et son inquiétude à la suite du débat du 7 mai à l’Assemblée nationale.

Première constatation : La faiblesse des moyens se fait sentir pour tous. Une ponction des moyens s’est effectuée en maternelle. Les effectifs peuvent être lourds en classes bilingues qui sont souvent des classes à cours multiples. On ne constate aucune accélération de la création de classes bilingues publiques depuis une dizaine d’années. Les efforts du Finistère contrastent avec les résultats mitigés du Morbihan et des Côtes d’Armor et le blocage en Ille et Vilaine et Loire-Atlantique.

Deuxième constatation : 4 projets d’ouvertures de nouveaux sites bilingues qui présentaient un nombre suffisant d’enfants, 15 ou plus, sont refusés : Guichen, St Etienne de Montluc, Bannalec et Pleyben. Seuls Pleyber-Christ et Ploeren (56) ouvriront.
De plus, le ministère de l’Education Nationale avait depuis 2002 mis 24 postes au concours de professeurs des écoles publiques bilingues. 15 postes seulement ont été ouverts pour le concours de mai 2008.

Ces refus d’ouverture de nouveaux sites bilingues posent de multiples questions, en particulier celle du respect de la demande populaire. La France se défend auprès des instances internationales comme l’ONU en prétendant que la non reconnaissance des langues comme le breton ne l’empêche pas d’accéder aux demandes des parents qui souhaitent un enseignement du breton pour leurs enfants. Force est de constater que ce n’est pas le cas.

Dans ce contexte, le gouvernement nous promet une loi sans modification constitutionnelle, sans charte européenne des langues. Une loi au rabais comme le fut en son temps la loi Deixonne ? Pourtant dans un premier temps, la proposition de loi prévoyait la généralisation progressive de l’enseignement bilingue dans toutes les régions de France. Nous étions en 1951. Plus de 50 ans plus tard, la France traine toujours les pieds. Une loi sur les langues régionales sans modification de la constitution sera censurée et vidée de son intérêt par le Conseil constitutionnel. Pourtant, comment ne pas lier les mauvais résultats en langues des élèves français avec le fait qu’ils sont monolingues et que dans leur milieu familial et environnemental il n’existe désormais plus qu’une seul langue : le français ?

Un autre exemple de la mauvaise volonté du gouvernement : le volet enseignement bilingue du contrat de projets n’est toujours pas signé. Nous soutenons donc la proposition du Président Le Drian de voir confier, dans le cadre de l’expérimentation, l’enseignement de la langue bretonne à la Région Bretagne. Nos langues sont autant de richesses culturelles, elles font partie de notre patrimoine et il faut mettre en œuvre une politique ambitieuse pour les conserver et les transmettre aux générations futures". (13/05/2008)

07/05/2008

Et nous avons couru !

Et nous avons couru ! Nuits et jours. De Nantes à Carhaix, soit 600 km sous le soleil, la lune, la pluie, le vent, dans le brouillard, dans la chaleur ou dans le froid. Avec entrain, énergie, et douleur parfois. Sur le plat, dans les montées, les descentes; sur des routes étroires ou de larges avenues, et pour finir, dans un champs, nous avons couru.

Des centaines de personnes se sont passées le relais, des milliers ont couru derrière elles. D'autres milliers les attendaient sur le bord des routes pour les encourager. Enfants, adolescents, adultes, et parfois grand-parents. Elèves ou parents des écoles Diwan (immersion), des écoles bilingues publiques ou bilingues privées, membres d'associations ou de clubs sportifs, d'entreprises, de communes, de toutes professions; bretonnants ou non, apprenants, sympathisants. Avec parfois des élus.

Aucun accident à déplorer sur les 600 km, grâce aux bénévoles qui couraient eux aussi, pour bloquer la circulation, assurer l'animation, conduire les véhicules accompagnateurs, donner de l'eau aux coureurs, assurer la sécurité. 

Plus de 600 km vendus...
La première Redadeg, course pour la langue bretonne, du 1er au 3 mai, a donc été un succès. Tous les km ont été vendus, à 100 euros le km, au profit des écoles Diwan, cette année. La prochaine Redadeg devrait se faire pour le compte d'une autre association oeuvrant pour la langue bretonne. Des associations, particuliers, entreprises, communes, ont acheté ces kilomètres. Au final, plus de 600 km.  C'est donc environ 60.000 euros qui ont été, ou sont en cours d'être collectés pour Diwan. Association qui court, elle aussi, et tout le temps, pour boucler ses budgets.

L'écho de la course n'a, semble-t-il, pas trop atteint les médias parisiens. A part quelques flashs sur RTL, France Info, France Inter (mais peut-être en avez-vous entendu d'autres ?). Des reportages sur France 3 "Ouest". Ils sont un peu bloqués, du côté de Paris, par rapport aux langues "régionales"... Les radios bretonnantes étaient présentes, notamment Radio Bro Gwened avec Andrea Le Gall sur une moto, venant interviewer les porteurs de relais.

Ensemble
C'était émouvant de voir tellement de gens impliqués, courant pour montrer leur volonté, leur détermination, leur bonne humeur, leur "begon" (prononcer "beudjon", en breton vannetais, leur pêche, leur énergie); se passant le relais de main en main, de kilomètre en kilomètre, de commune en commune, de département en département. Bien-sûr, beaucoup d'entre nous, militants, bénévoles, parents d'élèves, enseignants, courons déjà toute l'année pour la langue bretonne mais là, nous l'avons fait ensemble, et pas chacun de son côté. 

Merci aux organisateurs, et félicitations à eux (à nous !).

Y-aura-t-il une autre Redadeg, une autre course pour la langue bretonne dans deux ans ? Ce serait "fiskal", "dreist", super. 

Et quoiqu'il arrive, ne perdons pas ce souffle, ce rythme, ni cet état d'esprit.

Christian Le Meut

http://arredadeg.free.fr/ 

05/05/2008

Ha redet hon eus !

Ha redet hon eus ! A Naoned da gKaraez. Noz ha deiz. Edan an amzer brav, edan an amzer fall, edan an heol, al loar, ar glav, an avel, al latar, ar yenijenn... Get tud all, ur bochad d'ar peurliesan, pe un nebeut a wezhoù. Get plijadur ha poan. Get startijenn ha skuizder ivez. Miliadoù a dud a oa war bord an hent evit reiñ kalon deomp; miliadoù o deus redet ivez : 2.000 ? 3.000 ? Bugale (a Ziwan, hag ar skolioù publik ha privez ivez), oadurion, gwazed, merc'hed; tud a bep sort micher; ha dilennidi ivez. N'eus ket bet gall zarvout ebet a-hed ar 600 km a drugarez d'an aozourion hag a oa e redek e pep lec'h, e komz barzh ar mikro, e reiñ dour d'ar rederion, ec'h ober ar dro ar surentez.

Berzh 'deus graet ar Redadeg. Dastumet eo bet geti argant : 60.000 €, ha marteze muioc'h. Euroioù a zo bet roet get tud, kevredigezhioù, embreregezhioù met ivez kumunioù. Pennadoù skrid a zo bet embannet barzh ar c'hazetennoù rannvroel, un nebeut abadennoù er skinwell (F3) hag er skingomz (France Info, France inter, RTL... ha Radio Bro Gwened a oa daet get ur moto !). Met dasson ar redadeg n'eo ket aet betek Paris. Bouzard awalc'h int, du-hont, e-keñver ar yezhoù rannvroel.

Fromus eo bet, gwelout kement-se a dud e redek evit ar brezhoneg, e tiskouezh ho youl, ho begon (distaget "beudjon" : "startijenn" e gwenedeg); e reiñ ar vazh test a zorn da zorn, a gilometr da gilometr. Anat eo, redet e vez geneomp a-hed ar bloaz evit ar brezhoneg, n'eo ket bet gortozet geneomp ar Redadeg evit redek da vat. Met ar wezh mañ, redet hon eus asambles, ha pas pep hini d'e du, pep hini barzh e vro, ar pezh a zo bet kalonekus bras. Trugarez d'an aozourion. Ha gourc'hemennoù dezhe.

Hag e vo ur redadeg all evit ar brezhoneg a-benn daou vloaz ? Fiskal vehe.

Ho leskel a ran bremañ, mont a ran da redek.

Christian Le Meut